Le Théâtre Aux Écuries a lancé hier sa deuxième saison. Voici le message des directeurs artistiques et leur résumé de la saison :
L’actualité récente nous a fourni autant l’occasion de se réjouir que de s’accabler. Depuis les manifestations du printemps dernier, la vie démocratique semble avoir repris un sens qu’elle avait perdu alors que la démagogie et le populisme sont devenus notre pain de tous les jours. Chose certaine, le Québec semble être sorti des tons de beige et de gris pour revêtir des couleurs plus franches, donnant à tout ce qui nous tire vers le haut comme à ce qui nous tire vers le bas plus d’éclat et de vigueur, pour le meilleur et pour le pire. Fixé pour l’éternité en état d’apesanteur, un saut de joie peut ressembler à s’y méprendre à une chute dans le vide. Les épines ne nous laissent que peu d’illusions quant à savoir dans quel sens le corps se dirige. Cependant, une ambiguïté demeure, ambiguïté qui, pour celui qui observe la scène, appelle un choix. Se réjouir ou s’accabler ? Agir ou observer ? Entrer dans la marche ou la regarder passer ?
Même s’il frôle la catastrophe il y a, dans cet élan, quelque chose de totalement jubilatoire, d’abord parce qu’il vient saisir une dualité, un combat.
C’est à ce tiraillement grinçant mais euphorisant, à cette lutte joyeusement douloureuse que nous vous convions cette année. Sous des formes et des modes de représentation divers, avec, de manière directe ou détournée, de fortes résonances politiques, cinq spectacles et trois résidences prendront d’assaut les trois espaces de répétition ainsi que le studio et la grande salle des Écuries, que nous avons d’ailleurs baptisés le Ring et l’Arène. Le choc des générations traverse sans contredit les créations de 2012-2013, qui s’apparentent souvent à des combats à mener et à des guerres à terminer.
Une chose que les manifestations nous auront montrée, c’est qu’il est possible de marcher dans une rue du centre-ville dans un autre but que de se diriger vers un lieu de travail, un bar ou une boutique de souliers. Soudainement, nos réflexes de consommateurs se trouvent court-circuités. Nous cessons d’aller du point A au point B. Nous sommes des citoyens qui habitons la ville.
Le Québec est à l’heure des choix. Pour la direction des Écuries, cela n’a strictement rien à voir avec le fait de choisir son camp. Pour nous, choisir, c’est engager sa liberté.
Cher spectateur, en terminant, nous voulons te demander ceci :
Que fais-tu là ?
Qu’es-tu venu voir ?
Qu’est-ce que ta présence va changer ?
Sylvain Bélanger, Olivier Choinière, Marcelle Dubois, Olivier Ducas, Francis Monty, Marilyn Perreault, Annie Ranger, directeurs artistiques Aux Écuries.
À L’AFFICHE :
Le Théâtre de la Pacotille viendra nous rappeler que nous sommes bel et bien au théâtre, dans Hamlet est mort. Gravité zéro, où chacun des personnages tente de cacher la part de royaume pourri qu’il cache en lui. Gaétan Paré met en scène ici le texte de l’Autrichien Ewald Palmetshofer, traduit par Éric Noël, qui pose la question du mensonge et de la responsabilité à l’heure où la vieillesse tarde à mourir et la jeunesse peine à prendre sa place.
Lorsque nous avons lu Ce samedi il pleuvait, nous avions l’impression d’être la jolie assistante du lanceur de couteaux, qui tente de garder le sourire malgré les objets coupants dirigés contre elle (le plus souvent des haches). Le texte d’Annick Lefebvre est sans contredit le coup-de-deux-par-quatre-sua-yeule qu’on attendait depuis la création des Écuries, d’autant plus attendu que Marc Beaupré en fera la mise en scène. Beaupré fait en ce moment un travail admirable avec le répertoire. On a juste trop hâte de voir ce qu’il va faire avec un auteur qui respire encore.
« Mommy, mommy. » Et si la plainte lancinante et distopique de Pauline Julien prenait chair et se réincarnait en une pauvre vieille qui, après être décédée dans l’indifférence généralisée, revenait à la vie pour revendiquer son droit à vivre dans le passé décomposé, et ce, en rappant ? Dans cette pièce à mi-chemin entre le film de morts-vivants et le spectacle de rap, ce n’est pas RUN-D.M.C. qui effectue un comeback, mais Maurice Duplessis. Olivier Choinière et L’ACTIVITÉ posent la question : Nos Temps Nouveaux sont-ils condamnés à être un éternel retour vers le futur ?
Bliss est la production canadienne rêvée. L’auteur est francophone, le metteur en scène est bilingue et réunit des acteurs francophones et anglophones de Montréal comme de Toronto. Une occasion en or qui a glissé entre les doigts de René Angélil et que nous avons saisie sans hésiter. Voici la chance de voir Félicité (d’Olivier Choinière) dans sa version anglaise, traduite par la dramaturge britannique Caryl Churchill sous le titre de Bliss, mise en scène par Steven McCarthy et sa compagnie Candles are Burning. To be or not to be Céline Dion?
Pour une première fois également cette année, nous accueillerons des compagnies étrangères. Soulignons d’abord la présence du Bob Théâtre avec Nosferatu et de l’artiste Yaël Rasooly avec Paper Cut qui viendront nous présenter du théâtre d’objets cruel et insolite, en collaboration avec Casteliers. Vous étiez fous de L’Évangile en papier ? Restez chez vous et regardez les DVD.
Nous aimerions lever nos verres aux Deux Mondes qui célèbrent cette année 40 ans de création et de tournées et qui présentent Carnets de voyages et Gold Mountain. Messieurs, chapeaux bas.
Est-ce que le théâtre se vit ou se consomme ? Nous profiterons de la venue de la compagnie française L’unijambiste et de leur hurlante et rockeuse interprétation de Richard III pour vous proposer une expérience. Elle ressemblera à une sortie au théâtre. On pourra, comme à l’habitude, réserver sa place, mais il n’y aura pas de billet à acheter, ni de prix associé à celui-ci. Il n’y aura pas de grille tarifaire ni de prix réduits. Avant de passer les portes de la salle, vous aurez à décider seul du montant que vous voulez donner, en réponse à l’épineuse question : Que vaut ta présence ?
Le Théâtre Aux Écuries a lancé hier sa deuxième saison. Voici le message des directeurs artistiques et leur résumé de la saison :