Nathalie Fillion est l’auteure d’une quinzaine de pièces, d’un livret d’opéra, Lady Godiva, Opéra pour un flipper, joué à l’Opéra Bastille, d’une traduction de L’Oiseau Vert, de Carlo Gozzi et de courtes pièces écrites pour diverses compagnies. Elle a mis en plusieurs de ses textes, parmi lesquels Alex Legrand, joué plus de cent fois à Paris et en tournée. En 2010, elle était invitée par le CEAD pour Dramaturgies en dialogue, et c’est Martin Faucher qui faisait la mise en lecture de son texte À l’ouest, au Théâtre de Quat’Sous. En 2014, elle participait à la fameuse soirée des manifestes du Festival du Jamais Lu.
Spirit, comédie occulte et psychédélique du siècle 21 met en scène trois sœurs qui emménagent dans l’appartement parisien, situé dans le 14e arrondissement, où Lénine a vécu de 1909 à 1912. L’appartement a d’abord été conservé, faisant office de Musée Lénine, mais il a été fermé en 2007. Même la plaque commémorative du séjour de Lénine a disparu. Curieuse coïncidence (?), Nathalie Fillion habite aussi dans le 14e. Sur la façade de l’immeuble à côté de chez elle, est accroché un portrait de Lénine.
« Pour cette pièce, dit Nathalie Fillion depuis Paris, j’ai mis ensemble des éléments hétérogènes et fait en sorte qu’ils se rencontrent… Et j’ai eu des surprises incroyables ! Elle met en présence des trentenaires qui se demande que faire dans ce monde et des figures du passé, Lénine, sa femme et son amour caché, que j’ai découvert par hasard en écrivant cette histoire.
Elle s’appelait Inès Armand, elle était française, elle a travaillé pour l’UNICEF, elle fut une des initiatrices de la Journée de la femme. Une grande révolutionnaire complètement ignorée, un véritable secret d’état soviétique. La sérendipité (anglicisme que l’Office de la langue française conseille de remplacer par fortuité) est un concept à la mode : j’ai trouvé ce que je ne cherchais pas ! Je savais quelle était ma quête, mais la vie s’est chargée de faire se croiser les hasards et la réalité. Découvrir ce secret m’a permis de réfléchir à la place qu’occupent les femmes, en particulier à celles qui sont derrière les grands hommes.
La pièce évoque aussi le 20e siècle, avec ses catastrophes humaines et politiques énormes. En 1909, on ne sait pas encore qu’il y aura la Première Guerre mondiale, la révolution russe. Je me suis attachée à la domesticité, je voulais montrer Lénine à la maison, c’est l’homme qui m’a intéressée, pas le mythe. De toutes façons, en tant que femme, je me méfie de l’autorité, des mythes révolutionnaires, du messianisme… Pourquoi attendre un sauveur ? Je n’y crois pas, mais la figure du sauveur m’interroge. »
Depuis cinq ans, Nathalie Fillion vient régulièrement au Québec. Du Jamais Lu, dont elle a eu un avant-goût l’année dernière, elle dit : « J’ai beaucoup aimé l’atmosphère du festival, et l’énergie qui s’en dégage. Il est important que les textes traversent les frontières, on ne l’imagine pas quand on écrit. »
Et elle ajoute : « Je suis très attachée à la francophonie. Être relié par la langue avec des gens partout dans le monde, c’est merveilleux. Dans la dramaturgie québécoise, les niveaux de langage sont très différents, mais on sent une grande force, une vivacité certainement due au statut de minoritaires, pour qui la création par la langue est vitale. En France, on oublie trop vite qu’on doit la défendre, notre langue. Enfin, pas la défendre, mais continuer à l’inventer…»
Spirit, comédie occulte et psychédélique du siècle 21
Texte de Nathalie Fillion. Mise en lecture de Jean-Simon Traversy. Au Théâtre Aux Écuries, vendredi 8 mai à 20 h. Suivi de Soir de scotch n° 7 : Voilà où nous sommes, par les auteurs de la délégation française.
Bonjour: Tout le monde parle d’Inessa Armand et personne d’une autre femme a la quelle Lenine a eté attaché pendant neuf ans. Je vous laisse ce livre sortit en Octobre 2016.
http://fussioneditorial.com/index.php/un-seductor-llamado-lenin.html