Je trouve que nous ne donnons pas suffisamment la parole aux scénographes. Vous savez, un scénographe? Celui qui a le privilège d’exercer l’art fabuleux de la création, avec toutes ses étapes de recherches et ses réalisations complexes et variées. Un scénographe, moi, en l’occurrence, qui réalise depuis 1985 un nombre considérable de dessins, de maquettes 2D et 3D, et de dossiers de production.
Me traiteriez-vous de fou si je vous disais que j’ai tout conservé, que je n’ai rien jeté de ce que j’ai fait ces 30 dernières années? Votre politesse et votre réserve vous en empêcheraient sûrement, je le sais. Mais vous me demanderiez certainement pourquoi avoir tout gardé. Je vous répondrais: par attachement et sentimentalité, d’une part, mais surtout par devoir de mémoire pour ceux qui nous côtoient et ceux qui nous suivront. Je me trouve encore chanceux d’avoir pu préserver mes propres archives, mais je crains pour celles de mes pairs qui n’ont pas cette possibilité. Que deviendront les traces de ces créations? Des cendres ou du patrimoine?
Nous n’abordons que trop rarement la question de la conservation des archives générées par les concepteurs de décors, de costumes, d’éclairages, d’environnements sonores, de maquillages, de coiffures, d’accessoires et de marionnettes. Que faire des archives de ceux qui, comme moi, ont à coeur la transmission de notre histoire scénographique? Où les entreposer, à quoi pourront-elles servir et à qui? À titre de président de la Fondation Jean-Paul Mousseau, cette réalité est au centre de mes préoccupations. Il y a un peu partout au Québec d’excellents fonds d’archives du théâtre. Ces fonds doivent cependant être mieux connus pour que les artistes prennent la peine d’y déposer leurs traces, pour que les chercheurs puissent s’y intéresser et, surtout, pour que le public demande d’y avoir accès.
Diverses manifestations culturelles me poussent à croire que le public est particulièrement intéressé par les archives scénographiques. Des événements comme la Quadriennale de Prague attirent des foules des quatre coins du monde. Plus près de nous, l’exposition de l’Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ) et de la Fondation Jean-Paul Mousseau consacrée au créateur de costumes François Barbeau s’est conclue en décembre 2014 après avoir connu un achalandage exceptionnel. Pourtant, malgré l’engouement qu’ils suscitent, les processus de création scénographique souffrent d’un manque flagrant de diffusion au Québec. À mon avis, il serait simple de les rendre accessibles par des publications, par des reproductions disponibles en guise de souvenirs ou par des expositions dans nos propres théâtres et même dans nos musées nationaux.
Afin d’attirer l’attention sur cette problématique, j’ai entrepris de faire un coup d’éclat dans le cadre de ma maîtrise à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM. Avec l’installation-performance Autodafé – Traces – Burning. Plaidoyer pour une préservation de la mémoire de la création scénographique québécoise, je comptais éveiller les consciences à la perte irrévocable d’une partie de notre patrimoine culturel en brûlant une vingtaine de maquettes de décor sur la place publique et en diffusant des images de l’événement.
Mon souhait est notamment que l’on mette à l’abri de l’oubli et de la disparition notre patrimoine scénographique grâce à la technologie numérique. Avec Autodafé – Traces – Burning, je désirais sensibiliser les créateurs à l’importance de déposer leurs archives à l’Entrepôt numérique d’œuvres artistiques contemporaines (ENOAC), une base de données participative réunissant un corpus de la création contemporaine québécoise incluant les arts visuels, les arts de la scène, l’illustration et les métiers d’art.
Malheureusement, trop peu de concepteurs ont pris la peine d’y collaborer. Est-ce par manque de temps et de ressources, parce qu’ils n’accordent pas suffisamment d’intérêt à la diffusion de leurs traces ou parce qu’ils ont déjà leur propre site Internet? Qui sait…
Ai-je atteint mon but de vous sensibiliser avec Autodafé – Traces – Burning? Il est encore tôt pour le dire. Pourtant, mon exposition présentant les cendres résiduelles des maquettes à la Quadriennale de Prague en juin 2015 a suscité de nombreuses réactions. Tant et si bien que l’Institut canadien des technologies scénographiques m’a récemment décerné un prix à Vancouver. Je ne sais pas si cette exposition sera présentée au Québec un jour. Chose certaine, je travaillerai dans les prochains mois à développer un guide destiné aux professionnels des arts de la scène pour la préservation de leurs traces et de leurs processus de création scénographique.
Voilà, j’ai gueulé. Allez-vous joindre votre voix à la mienne?
Je trouve que nous ne donnons pas suffisamment la parole aux scénographes. Vous savez, un scénographe? Celui qui a le privilège d’exercer l’art fabuleux de la création, avec toutes ses étapes de recherches et ses réalisations complexes et variées. Un scénographe, moi, en l’occurrence, qui réalise depuis 1985 un nombre considérable de dessins, de maquettes 2D et 3D, et de dossiers de production.
Me traiteriez-vous de fou si je vous disais que j’ai tout conservé, que je n’ai rien jeté de ce que j’ai fait ces 30 dernières années? Votre politesse et votre réserve vous en empêcheraient sûrement, je le sais. Mais vous me demanderiez certainement pourquoi avoir tout gardé. Je vous répondrais: par attachement et sentimentalité, d’une part, mais surtout par devoir de mémoire pour ceux qui nous côtoient et ceux qui nous suivront. Je me trouve encore chanceux d’avoir pu préserver mes propres archives, mais je crains pour celles de mes pairs qui n’ont pas cette possibilité. Que deviendront les traces de ces créations? Des cendres ou du patrimoine?
Nous n’abordons que trop rarement la question de la conservation des archives générées par les concepteurs de décors, de costumes, d’éclairages, d’environnements sonores, de maquillages, de coiffures, d’accessoires et de marionnettes. Que faire des archives de ceux qui, comme moi, ont à coeur la transmission de notre histoire scénographique? Où les entreposer, à quoi pourront-elles servir et à qui? À titre de président de la Fondation Jean-Paul Mousseau, cette réalité est au centre de mes préoccupations. Il y a un peu partout au Québec d’excellents fonds d’archives du théâtre. Ces fonds doivent cependant être mieux connus pour que les artistes prennent la peine d’y déposer leurs traces, pour que les chercheurs puissent s’y intéresser et, surtout, pour que le public demande d’y avoir accès.
Diverses manifestations culturelles me poussent à croire que le public est particulièrement intéressé par les archives scénographiques. Des événements comme la Quadriennale de Prague attirent des foules des quatre coins du monde. Plus près de nous, l’exposition de l’Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ) et de la Fondation Jean-Paul Mousseau consacrée au créateur de costumes François Barbeau s’est conclue en décembre 2014 après avoir connu un achalandage exceptionnel. Pourtant, malgré l’engouement qu’ils suscitent, les processus de création scénographique souffrent d’un manque flagrant de diffusion au Québec. À mon avis, il serait simple de les rendre accessibles par des publications, par des reproductions disponibles en guise de souvenirs ou par des expositions dans nos propres théâtres et même dans nos musées nationaux.
Afin d’attirer l’attention sur cette problématique, j’ai entrepris de faire un coup d’éclat dans le cadre de ma maîtrise à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM. Avec l’installation-performance Autodafé – Traces – Burning. Plaidoyer pour une préservation de la mémoire de la création scénographique québécoise, je comptais éveiller les consciences à la perte irrévocable d’une partie de notre patrimoine culturel en brûlant une vingtaine de maquettes de décor sur la place publique et en diffusant des images de l’événement.
Mon souhait est notamment que l’on mette à l’abri de l’oubli et de la disparition notre patrimoine scénographique grâce à la technologie numérique. Avec Autodafé – Traces – Burning, je désirais sensibiliser les créateurs à l’importance de déposer leurs archives à l’Entrepôt numérique d’œuvres artistiques contemporaines (ENOAC), une base de données participative réunissant un corpus de la création contemporaine québécoise incluant les arts visuels, les arts de la scène, l’illustration et les métiers d’art.
Malheureusement, trop peu de concepteurs ont pris la peine d’y collaborer. Est-ce par manque de temps et de ressources, parce qu’ils n’accordent pas suffisamment d’intérêt à la diffusion de leurs traces ou parce qu’ils ont déjà leur propre site Internet? Qui sait…
Ai-je atteint mon but de vous sensibiliser avec Autodafé – Traces – Burning? Il est encore tôt pour le dire. Pourtant, mon exposition présentant les cendres résiduelles des maquettes à la Quadriennale de Prague en juin 2015 a suscité de nombreuses réactions. Tant et si bien que l’Institut canadien des technologies scénographiques m’a récemment décerné un prix à Vancouver. Je ne sais pas si cette exposition sera présentée au Québec un jour. Chose certaine, je travaillerai dans les prochains mois à développer un guide destiné aux professionnels des arts de la scène pour la préservation de leurs traces et de leurs processus de création scénographique.
Voilà, j’ai gueulé. Allez-vous joindre votre voix à la mienne?