On dit que le théâtre est, par définition, un art collectif. Ça semble une évidence. Dans les arts de la scène, il n’est effectivement pas simple de mener un projet à terme sans apprendre à collaborer avec ses collègues, qu’ils soient artistes, artisans ou administrateurs. À bien y penser, il s’agit probablement de l’un des fondements de notre art. Mais il m’arrive tout de même de douter que le théâtre québécois contemporain soit encore une « création collective ».
Ça ne se passe évidemment plus comme dans les années 1960 ou 1970; mais est-ce que les valeurs de coopération, de collaboration, d’équité, de partage et de transmission sont toujours au cœur de la pratique théâtrale québécoise? Disons que la question se pose. Est-ce que les chevronnés font vraiment de la place aux débutants? Les hommes aux femmes? Les Québécois « de souche » aux immigrants? Les Blancs aux personnes racisées? Les francophones aux anglophones et aux allophones? Les praticiens d’une discipline à ceux des autres? Est-ce que les créateurs-vedettes partagent le projecteur avec ceux qui sont dans l’ombre ou la pénombre?
Il y a certes maintes raisons de se désoler, mais l’éternel optimiste que je suis voit aussi beaucoup d’initiatives réjouissantes. Je sens, dans les théâtres comme dans la société, un retour de la solidarité, de la rencontre, du dialogue, de la mise en commun des idées et des ressources. Comme si les bourgeons du Printemps érable étaient sur le point d’éclore. Je pense à la manière dont ont été accueillis et parrainés des réfugiés syriens. Je pense aux 163 assemblées de cuisine et aux 19 consultations publiques du mouvement Faut qu’on se parle. Je pense à l’espoir que fait naître chez de nombreux citoyens le tandem que pourraient bien former Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois à la tête de Québec solidaire. Sans solidarité, sans mobilisation, rien ne peut changer, rien ne peut naître ou renaître. Injustices et inégalités ne seront renversées que lorsque que la majorité cessera d’être silencieuse.
Ces enjeux d’inclusion et de collaboration, vous les retrouverez partout dans ce numéro. On sent cette soif de collectivité, on reconnaît ces gestes qui font en sorte que l’expression «vivre ensemble» ait un sens véritable, profond. Il est notamment question de ce que la danse pourrait offrir au théâtre; des nombreuses organisations qui réinventent les manières de s’adresser aux publics, donnent accès aux arts, font la part belle à la relève et croisent allègrement les disciplines; d’un directeur artistique qui veut célébrer l’Autre dans toute sa diversité; d’un chorégraphe qui rêve qu’on s’intéresse davantage à ses interprètes qu’à lui, et d’interprètes qui ont beaucoup à exprimer par les mots aussi bien que par le corps. N’est-ce pas qu’il y a, pour paraphraser Peter Brook dans Le Devoir du 18 mars dernier, de quoi « renouveler le courage »?
On dit que le théâtre est, par définition, un art collectif. Ça semble une évidence. Dans les arts de la scène, il n’est effectivement pas simple de mener un projet à terme sans apprendre à collaborer avec ses collègues, qu’ils soient artistes, artisans ou administrateurs. À bien y penser, il s’agit probablement de l’un des fondements de notre art. Mais il m’arrive tout de même de douter que le théâtre québécois contemporain soit encore une « création collective ».
Ça ne se passe évidemment plus comme dans les années 1960 ou 1970; mais est-ce que les valeurs de coopération, de collaboration, d’équité, de partage et de transmission sont toujours au cœur de la pratique théâtrale québécoise? Disons que la question se pose. Est-ce que les chevronnés font vraiment de la place aux débutants? Les hommes aux femmes? Les Québécois « de souche » aux immigrants? Les Blancs aux personnes racisées? Les francophones aux anglophones et aux allophones? Les praticiens d’une discipline à ceux des autres? Est-ce que les créateurs-vedettes partagent le projecteur avec ceux qui sont dans l’ombre ou la pénombre?
Il y a certes maintes raisons de se désoler, mais l’éternel optimiste que je suis voit aussi beaucoup d’initiatives réjouissantes. Je sens, dans les théâtres comme dans la société, un retour de la solidarité, de la rencontre, du dialogue, de la mise en commun des idées et des ressources. Comme si les bourgeons du Printemps érable étaient sur le point d’éclore. Je pense à la manière dont ont été accueillis et parrainés des réfugiés syriens. Je pense aux 163 assemblées de cuisine et aux 19 consultations publiques du mouvement Faut qu’on se parle. Je pense à l’espoir que fait naître chez de nombreux citoyens le tandem que pourraient bien former Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois à la tête de Québec solidaire. Sans solidarité, sans mobilisation, rien ne peut changer, rien ne peut naître ou renaître. Injustices et inégalités ne seront renversées que lorsque que la majorité cessera d’être silencieuse.
Ces enjeux d’inclusion et de collaboration, vous les retrouverez partout dans ce numéro. On sent cette soif de collectivité, on reconnaît ces gestes qui font en sorte que l’expression «vivre ensemble» ait un sens véritable, profond. Il est notamment question de ce que la danse pourrait offrir au théâtre; des nombreuses organisations qui réinventent les manières de s’adresser aux publics, donnent accès aux arts, font la part belle à la relève et croisent allègrement les disciplines; d’un directeur artistique qui veut célébrer l’Autre dans toute sa diversité; d’un chorégraphe qui rêve qu’on s’intéresse davantage à ses interprètes qu’à lui, et d’interprètes qui ont beaucoup à exprimer par les mots aussi bien que par le corps. N’est-ce pas qu’il y a, pour paraphraser Peter Brook dans Le Devoir du 18 mars dernier, de quoi « renouveler le courage »?