L’idée de consacrer un dossier à la question des publics me trottait dans la tête depuis quelques années. Même après plus de 30 ans de fréquentation, je suis toujours fasciné, quand j’assiste à une représentation, soir après soir, d’une salle à l’autre, peu importe dans quelle ville, de voir le public au rendez-vous. Je me suis souvent dit que sans les gens dans la salle, malgré toutes les bonnes intentions du monde, il ne se passerait rien sur la scène. Vérité qui tient de l’évidence, j’en conviens. N’empêche qu’on peut avoir tendance à l’oublier et à tenir le public pour acquis. L’expérience montre que c’est une erreur.
La question se fait particulièrement criante dans les régions éloignées des grands centres. Bien sûr, Montréal, Québec et Ottawa sont des villes de création et de bouillonnement culturel, dont les populations assurent une assistance minimale et diversifiée aux différentes propositions qui leur sont faites. J’avais piloté un dossier intitulé «Hors de Montréal, point de salut?» en 2013, où il était notamment question de la création théâtrale en région, de la circulation des œuvres et de la présence, ou non, de publics aptes à apprécier des oeuvres de qualité ailleurs qu’à Montréal.
Le présent dossier s’inscrit dans la même optique, celle de l’importance pour l’écologie de la création théâtrale de conquérir de nouveaux publics, de convaincre, de séduire, de fidéliser des adeptes plus nombreux des arts du spectacle vivant. Qui en convaincront d’autres à leur tour. Le défi toujours renouvelé, qu’on soit artiste ou programmateur, consiste à retenir les amateurs habitués, les abonnés passionnés, à maintenir leur intérêt grâce à la qualité des réalisations qu’on leur propose, tout en allant vers les autres: ceux et celles qui n’ont rien contre, mais qui n’ont pas tendance naturellement à s’intéresser au théâtre ou à la danse, qui n’attendent peut-être qu’une incitation persuasive pour faire le saut: s’informer, acheter ses billets, se rendre en salle…
Publics de qualité
En 2011, nous avions aussi fait paraître un dossier intitulé «Le théâtre m’ennuie», sous la direction de Marie-Andrée Brault, qui nous avait bien amusés et qui avait connu un beau succès auprès du lectorat de Jeu, au sens de l’humour aiguisé. Je souhaitais voir naître une antithèse à ce cliché encore trop souvent émis par des gens qui, on s’en doute, ne vont pas si souvent au théâtre… En lever de rideau, nous vous présentons les portraits de quatre superspectateurs, deux femmes et deux hommes, des passionnés que les arts du spectacle vivant n’ennuient jamais!
Théâtres, compagnies de création, festivals et autres institutions ont largement contribué, au cours des deux dernières décennies, à transformer leurs rapports avec les publics. Dans un article éclairant, Véronique Hudon relate cette évolution de la notion de public, de l’assemblée uniforme et consensuelle au spectateur considéré dans son individualité d’être libre, différent et critique, dont le rôle est actif devant ou dans l’oeuvre. Anne-Marie Cousineau, qui a longtemps enseigné au niveau collégial, rend compte de ce passage crucial où l’on peut encore, avec passion et détermination, susciter l’intérêt des jeunes adultes pour le théâtre. Michelle Chanonat s’est pour sa part intéressée à l’accueil personnalisé que les placeurs de la Maison Théâtre ont développé avec les clientèles de ce lieu à choyer, des tout-petits aux adolescents.
Dans un texte militant, Sara Dion pose de nécessaires questions sur l’absence de diversité dans la plupart de nos salles et sur ce qu’il faudrait faire, qui qu’on soit, pour que les choses changent pour le mieux. Comme pour répondre à ces interrogations, Pascale Rafie fait le récit d’une expérience de médiation culturelle avec des femmes immigrantes de l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal, où la parole a trouvé son chemin. Quant à Mélanie Carpentier, elle souligne les avancées réalisées par les créateurs de danse pour renouveler leur rapport aux publics. Petit à petit, de grands pas sont faits par plusieurs intervenants pour développer les publics en quantité, mais aussi pour contribuer à l’accroissement de publics de qualité; c’est ce que j’ai voulu souligner pour clore ce dossier.
L’idée de consacrer un dossier à la question des publics me trottait dans la tête depuis quelques années. Même après plus de 30 ans de fréquentation, je suis toujours fasciné, quand j’assiste à une représentation, soir après soir, d’une salle à l’autre, peu importe dans quelle ville, de voir le public au rendez-vous. Je me suis souvent dit que sans les gens dans la salle, malgré toutes les bonnes intentions du monde, il ne se passerait rien sur la scène. Vérité qui tient de l’évidence, j’en conviens. N’empêche qu’on peut avoir tendance à l’oublier et à tenir le public pour acquis. L’expérience montre que c’est une erreur.
La question se fait particulièrement criante dans les régions éloignées des grands centres. Bien sûr, Montréal, Québec et Ottawa sont des villes de création et de bouillonnement culturel, dont les populations assurent une assistance minimale et diversifiée aux différentes propositions qui leur sont faites. J’avais piloté un dossier intitulé «Hors de Montréal, point de salut?» en 2013, où il était notamment question de la création théâtrale en région, de la circulation des œuvres et de la présence, ou non, de publics aptes à apprécier des oeuvres de qualité ailleurs qu’à Montréal.
Le présent dossier s’inscrit dans la même optique, celle de l’importance pour l’écologie de la création théâtrale de conquérir de nouveaux publics, de convaincre, de séduire, de fidéliser des adeptes plus nombreux des arts du spectacle vivant. Qui en convaincront d’autres à leur tour. Le défi toujours renouvelé, qu’on soit artiste ou programmateur, consiste à retenir les amateurs habitués, les abonnés passionnés, à maintenir leur intérêt grâce à la qualité des réalisations qu’on leur propose, tout en allant vers les autres: ceux et celles qui n’ont rien contre, mais qui n’ont pas tendance naturellement à s’intéresser au théâtre ou à la danse, qui n’attendent peut-être qu’une incitation persuasive pour faire le saut: s’informer, acheter ses billets, se rendre en salle…
Publics de qualité
En 2011, nous avions aussi fait paraître un dossier intitulé «Le théâtre m’ennuie», sous la direction de Marie-Andrée Brault, qui nous avait bien amusés et qui avait connu un beau succès auprès du lectorat de Jeu, au sens de l’humour aiguisé. Je souhaitais voir naître une antithèse à ce cliché encore trop souvent émis par des gens qui, on s’en doute, ne vont pas si souvent au théâtre… En lever de rideau, nous vous présentons les portraits de quatre superspectateurs, deux femmes et deux hommes, des passionnés que les arts du spectacle vivant n’ennuient jamais!
Théâtres, compagnies de création, festivals et autres institutions ont largement contribué, au cours des deux dernières décennies, à transformer leurs rapports avec les publics. Dans un article éclairant, Véronique Hudon relate cette évolution de la notion de public, de l’assemblée uniforme et consensuelle au spectateur considéré dans son individualité d’être libre, différent et critique, dont le rôle est actif devant ou dans l’oeuvre. Anne-Marie Cousineau, qui a longtemps enseigné au niveau collégial, rend compte de ce passage crucial où l’on peut encore, avec passion et détermination, susciter l’intérêt des jeunes adultes pour le théâtre. Michelle Chanonat s’est pour sa part intéressée à l’accueil personnalisé que les placeurs de la Maison Théâtre ont développé avec les clientèles de ce lieu à choyer, des tout-petits aux adolescents.
Dans un texte militant, Sara Dion pose de nécessaires questions sur l’absence de diversité dans la plupart de nos salles et sur ce qu’il faudrait faire, qui qu’on soit, pour que les choses changent pour le mieux. Comme pour répondre à ces interrogations, Pascale Rafie fait le récit d’une expérience de médiation culturelle avec des femmes immigrantes de l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal, où la parole a trouvé son chemin. Quant à Mélanie Carpentier, elle souligne les avancées réalisées par les créateurs de danse pour renouveler leur rapport aux publics. Petit à petit, de grands pas sont faits par plusieurs intervenants pour développer les publics en quantité, mais aussi pour contribuer à l’accroissement de publics de qualité; c’est ce que j’ai voulu souligner pour clore ce dossier.