De la vacuité de truquer un match nul, ou de quelle façon la pièce Comment je suis devenu musulman de Simon Boudreault nous renseigne sur un point aveugle de notre conception de la diversité.
La Licorne présentait, en avril dernier, la pièce de Simon Boudreault Comment je suis devenu musulman. Deux heures de théâtre voguant entre la tolérance et le tolérable sur la mer incertaine des aléas de la vie d’un couple qui attend un bébé. Nœud du problème: le couple est formé d’un «catholique non pratiquant et athée» et d’une «musulmane peu ou pas pratiquante, d’origine marocaine». Réel nœud du problème: les belles-familles. Ultime nœud du problème: quand l’hypocrisie sert de collagène au tissu familial – et, par extension, au tissu social.
La pièce de Boudreault brillait par la justesse d’un élément: ses dialogues. Oublions la mise en scène trop convenue dans sa forme et le dénouement nous présentant un match nul comme règlement aux escarmouches de deux familles opposées par des contradictions d’une similarité engourdissante. Pas tellement le sens, donc, mais les mots. Le matériau. Il avait mis le doigt sur quelque chose. Pas comme dramaturge, mais comme oreille attentive, comme témoin.
C’est que sa précision laisse transparaître une expérience de la situation. Je les ai connus et côtoyés, ses personnages. Le père immigré qui endure une McJob, sa femme qui tient à bout de bras une garderie en milieu familial, leur fierté par rapport aux traditions du bled et leur suffisance devant une culture d’accueil pas nécessairement plus accueillante qu’une autre. Précisément ce dont Pierre Foglia parlait dans La Presse, en 1994, dans une chronique abordant la culture de l’immigrant, «culture qui bouleverse l’être profondément, culture de survie, de résistance, de repli, de défiance, culture que je pourrais résumer dans cette petite phrase: vous ne m’aurez pas mes tabarnaks».
C’est cependant surtout le repli qui a retenu mon attention. Parce que, dans le prolongement de la remarque de Foglia, je pourrais affirmer ceci: Boudreault a compris ce que c’est d’être Marocain, au Québec. D’être immigrant, c’est autre chose… et c’est très bien ainsi, puisque ce n’était pas l’ambition de sa pièce.
Vous connaissez ça, le repli? C’est ce qui fait dire à l’ouvrier qui vote Le Pen: «Moi, au moins, je suis Français, monsieur.» C’est aussi ce qui fait que certains regardent les Québécois de haut en les jugeant comme une version moins évoluée des Français, moins ambitieuse des Américains et moins polie des Canadiens. Bref, le cousin trisomique du colonisateur. Ce n’est pas tout le temps faux, mais c’est tout le temps con.
C’est quoi, «notre» culture?
Au téléphone, Simon Boudreault m’explique que l’histoire qu’il a mise en scène prend racine dans son propre vécu: «Quand ma copine est tombée enceinte, ça a soulevé plein de questions. Elle ne voulait pas me présenter à sa famille, même si celle-ci est musulmane soft. Ni ma copine ni moi ne sommes pratiquants. Je suis humaniste. Je prône l’ouverture, mais la situation posait des questions identitaires, comme: “C’est quoi notre culture?”» De là l’idée d’une comédie dramatique abordant le poids des traditions religieuses et de l’identité, à travers un mariage obligé et une conversion «pour arranger la famille».
La recherche religieuse anime Boudreault depuis longtemps. Ce qui vient poser une autre question: comment reçoit-on des pièces qui traitent de la foi sans viser directement à entrer en combat avec l’image de Dieu ou avec les croyants? Comment se sert-on de ce matériau dans un environnement qui se dit laïc, où tirer sur la religion devrait revenir à tirer sur une ambulance? «À mon avis, tout est représentable, mais c’est l’angle qui doit être considéré. Lorsque j’ai monté D pour Dieu? (2012), mes vieux collègues ont dit: “Ah non, pas une pièce sur Dieu… on s’en était débarrassé”», souligne Boudreault.
Dans la continuité de l’expression du sacré, le dramaturge a présenté Sauce brune en 2009. Une pièce dont les dialogues sont une courtepointe de sacres: «Souvent, on me disait: “Tu veux choquer.” Mais ce n’est pas le cas, c’est le langage qui m’intéresse.» Selon lui, au Québec, pratiquement tout pourrait être dit par rapport à la religion, mais les sacres posent encore un problème au théâtre: «En fait, tu pourrais tuer Jésus sur scène et ce serait moins grave. Quand a été présenté As Is (tel quel) chez Duceppe, en 2015, on a soupesé le poids de chacun des sacres. On s’est plaint que ce n’était pas un langage noble. Quand on met des sacres, c’est justement pour traduire une réalité chez le personnage. Ce n’est pas un sacrilège.»
Qu’est-ce que ça dit de nous, ça, au juste, Simon? Le repli, mon vieux, ça s’exprime de tant de façons…
La pièce de Boudreault s’intéressait collatéralement à l’idée suivante: comment parler de l’Autre au théâtre et comment le faire parler? Plus précisément: quand et pourquoi est-on réellement en présence d’un autre? Des gants blancs de quelle teinte doit-on enfiler pour en parler, en 2018? Enfin: comment éviter d’être surplombant; donc, pas tellement comment parler de l’autre que comment parler d’un autre qui sait aussi parler, sans dire la même chose de manière moins convaincante? Bref, comment la dimension artistique peut-elle en bénéficier?
Néanmoins, Comment je suis devenu musulman, par ses lieux de rapprochement, qui s’avèrent finalement la mort et la bêtise humaine, nous donne plutôt à voir la pointe de l’iceberg de la diversité. Parce que la diversité de pensée, on ne la retrouve pas réellement au sortir de cette œuvre. Il est là, le match nul. Au-delà de la question de la représentativité sur la scène, les angles d’attaque sont identiques. On choisira le beurre ou l’huile d’olive, sans vraiment se demander si l’on a besoin d’un corps gras pour la recette. Ça permet de faire glisser hors champ le sujet sensible…
La diversité de pensée
Interrogé à propos des sujets sensibles au théâtre, Olivier Choinière, qui s’est intéressé aux identités à travers des pièces comme Polyglotte, croit qu’il faut absolument s’attaquer à ceux-ci: «Cela ne veut pas dire de tomber inévitablement dans la provocation. Trop de spectacles épargnent le public. Il y a là quelque chose de méprisant: ce qui est bon pour moi – artiste, directeur artistique – n’est pas bon pour les autres, pour le public. Mais avant toute chose, le théâtre et l’art en général ne sont pas là pour éduquer.»
Selon lui, il existe une grande confusion entre art et éducation au Québec. Un art véritable, pour Choinière, en est un débarrassé de tout rôle éducatif et donc de morale. «Ce n’est pas qu’il n’y a plus de questions éthiques, mais elles se posent de manière différente: le public n’a pas à apprendre. Face à l’œuvre, il doit au contraire penser par lui-même et faire des choix.»
Parce que l’idée est sans doute la suivante: éviter autant une condescendance risible qu’un moralisme improductif ou une censure soi-disant vertueuse. Non pas avoir peur de «parler de l’autre», mais savoir d’où l’on parle, ce qu’on peut apporter et, surtout, que l’autre aussi sait parler. C’est la notion de méritocratie mise à l’œuvre à travers la diversité: «Passe-moi la puck et je vais en compter des buts.» Rien à voir avec les atermoiements, le politiquement correct ou la police des privilèges, qui sait si facilement revêtir la casquette d’entrepreneur moral.
La notion de diversité est une tapisserie en vogue ces jours-ci. Tellement qu’on en vient à croire qu’être à l’intersection de la minorisation rend la vie plus facile. C’est la perversion marketing. Essayez, pour voir, d’être à la fois femme, trans, noire, lesbienne, handicapée et octogénaire; le seul endroit où vous serez confortable, c’est dans la case d’une demande de subvention (ou dans un souper de militant.e.s). En culture, on sait ce que ça fait, (sur)vivre pour la subvention.
J’étais à une conférence de l’événement C2 Montréal, il y a peu de temps. Une panelliste du cabinet d’audit Deloitte donnait l’improbable exemple d’Enron pour parler de diversité. Au-delà des scandales (je vous renvoie au documentaire d’Alex Gibney, The Smartest Guys in the Room, 2005), Enron était, selon elle, une compagnie exemplaire en ce qui a trait à la diversité. Des femmes, des gens de minorités visibles, etc. La diversité de pensée, elle? Non, ça, ça manquait. Un peu comme il en manque généralement lorsqu’on monte les échelons des entreprises. En se basant sur les études du professeur américain Scott E. Page, Deloitte a conclu qu’il est nécessaire d’avoir recours à entre cinq et huit «modes de pensée» (styles of thinking) lorsqu’on tente de régler un problème en entreprise. La diversité de pensée proviendrait de la présence de tous ces styles autour de la table.
Toutefois, la diversité n’est pas une affaire de ressources humaines. C’est une affaire de culture et de changement de bas en haut. Pourquoi les pratiques référentielles, en entreprise, ne favorisent-elles pas, généralement, les femmes et les minorités? Parce qu’on s’entoure le plus souvent de gens qui nous ressemblent. Ce faisant, on nivelle par le bas, en pensant faire le contraire. On s’assure d’un match nul. Il serait temps de bonifier notre idée de la diversité en l’envisageant notamment sous deux angles nouveaux: la méritocratie et la diversité de pensée.
La question n’est donc pas tant comment parle-t-on de l’autre, que comment s’assure-t-on qu’on sait que l’autre, lui aussi, parle, et surtout que l’autre ne parle pas tout le temps de la même chose de la même façon. C’est la tache invisible que nous révèle Comment je suis devenu musulman: non pas une crise de la conversion, mais une crise de la reconduction d’un mode de pensée monolithique qui limite tout le monde, à commencer par les deux familles sur scène.
De la vacuité de truquer un match nul, ou de quelle façon la pièce Comment je suis devenu musulman de Simon Boudreault nous renseigne sur un point aveugle de notre conception de la diversité.
La Licorne présentait, en avril dernier, la pièce de Simon Boudreault Comment je suis devenu musulman. Deux heures de théâtre voguant entre la tolérance et le tolérable sur la mer incertaine des aléas de la vie d’un couple qui attend un bébé. Nœud du problème: le couple est formé d’un «catholique non pratiquant et athée» et d’une «musulmane peu ou pas pratiquante, d’origine marocaine». Réel nœud du problème: les belles-familles. Ultime nœud du problème: quand l’hypocrisie sert de collagène au tissu familial – et, par extension, au tissu social.
La pièce de Boudreault brillait par la justesse d’un élément: ses dialogues. Oublions la mise en scène trop convenue dans sa forme et le dénouement nous présentant un match nul comme règlement aux escarmouches de deux familles opposées par des contradictions d’une similarité engourdissante. Pas tellement le sens, donc, mais les mots. Le matériau. Il avait mis le doigt sur quelque chose. Pas comme dramaturge, mais comme oreille attentive, comme témoin.
C’est que sa précision laisse transparaître une expérience de la situation. Je les ai connus et côtoyés, ses personnages. Le père immigré qui endure une McJob, sa femme qui tient à bout de bras une garderie en milieu familial, leur fierté par rapport aux traditions du bled et leur suffisance devant une culture d’accueil pas nécessairement plus accueillante qu’une autre. Précisément ce dont Pierre Foglia parlait dans La Presse, en 1994, dans une chronique abordant la culture de l’immigrant, «culture qui bouleverse l’être profondément, culture de survie, de résistance, de repli, de défiance, culture que je pourrais résumer dans cette petite phrase: vous ne m’aurez pas mes tabarnaks».
C’est cependant surtout le repli qui a retenu mon attention. Parce que, dans le prolongement de la remarque de Foglia, je pourrais affirmer ceci: Boudreault a compris ce que c’est d’être Marocain, au Québec. D’être immigrant, c’est autre chose… et c’est très bien ainsi, puisque ce n’était pas l’ambition de sa pièce.
Vous connaissez ça, le repli? C’est ce qui fait dire à l’ouvrier qui vote Le Pen: «Moi, au moins, je suis Français, monsieur.» C’est aussi ce qui fait que certains regardent les Québécois de haut en les jugeant comme une version moins évoluée des Français, moins ambitieuse des Américains et moins polie des Canadiens. Bref, le cousin trisomique du colonisateur. Ce n’est pas tout le temps faux, mais c’est tout le temps con.
C’est quoi, «notre» culture?
Au téléphone, Simon Boudreault m’explique que l’histoire qu’il a mise en scène prend racine dans son propre vécu: «Quand ma copine est tombée enceinte, ça a soulevé plein de questions. Elle ne voulait pas me présenter à sa famille, même si celle-ci est musulmane soft. Ni ma copine ni moi ne sommes pratiquants. Je suis humaniste. Je prône l’ouverture, mais la situation posait des questions identitaires, comme: “C’est quoi notre culture?”» De là l’idée d’une comédie dramatique abordant le poids des traditions religieuses et de l’identité, à travers un mariage obligé et une conversion «pour arranger la famille».
La recherche religieuse anime Boudreault depuis longtemps. Ce qui vient poser une autre question: comment reçoit-on des pièces qui traitent de la foi sans viser directement à entrer en combat avec l’image de Dieu ou avec les croyants? Comment se sert-on de ce matériau dans un environnement qui se dit laïc, où tirer sur la religion devrait revenir à tirer sur une ambulance? «À mon avis, tout est représentable, mais c’est l’angle qui doit être considéré. Lorsque j’ai monté D pour Dieu? (2012), mes vieux collègues ont dit: “Ah non, pas une pièce sur Dieu… on s’en était débarrassé”», souligne Boudreault.
Dans la continuité de l’expression du sacré, le dramaturge a présenté Sauce brune en 2009. Une pièce dont les dialogues sont une courtepointe de sacres: «Souvent, on me disait: “Tu veux choquer.” Mais ce n’est pas le cas, c’est le langage qui m’intéresse.» Selon lui, au Québec, pratiquement tout pourrait être dit par rapport à la religion, mais les sacres posent encore un problème au théâtre: «En fait, tu pourrais tuer Jésus sur scène et ce serait moins grave. Quand a été présenté As Is (tel quel) chez Duceppe, en 2015, on a soupesé le poids de chacun des sacres. On s’est plaint que ce n’était pas un langage noble. Quand on met des sacres, c’est justement pour traduire une réalité chez le personnage. Ce n’est pas un sacrilège.»
Qu’est-ce que ça dit de nous, ça, au juste, Simon? Le repli, mon vieux, ça s’exprime de tant de façons…
La pièce de Boudreault s’intéressait collatéralement à l’idée suivante: comment parler de l’Autre au théâtre et comment le faire parler? Plus précisément: quand et pourquoi est-on réellement en présence d’un autre? Des gants blancs de quelle teinte doit-on enfiler pour en parler, en 2018? Enfin: comment éviter d’être surplombant; donc, pas tellement comment parler de l’autre que comment parler d’un autre qui sait aussi parler, sans dire la même chose de manière moins convaincante? Bref, comment la dimension artistique peut-elle en bénéficier?
Néanmoins, Comment je suis devenu musulman, par ses lieux de rapprochement, qui s’avèrent finalement la mort et la bêtise humaine, nous donne plutôt à voir la pointe de l’iceberg de la diversité. Parce que la diversité de pensée, on ne la retrouve pas réellement au sortir de cette œuvre. Il est là, le match nul. Au-delà de la question de la représentativité sur la scène, les angles d’attaque sont identiques. On choisira le beurre ou l’huile d’olive, sans vraiment se demander si l’on a besoin d’un corps gras pour la recette. Ça permet de faire glisser hors champ le sujet sensible…
La diversité de pensée
Interrogé à propos des sujets sensibles au théâtre, Olivier Choinière, qui s’est intéressé aux identités à travers des pièces comme Polyglotte, croit qu’il faut absolument s’attaquer à ceux-ci: «Cela ne veut pas dire de tomber inévitablement dans la provocation. Trop de spectacles épargnent le public. Il y a là quelque chose de méprisant: ce qui est bon pour moi – artiste, directeur artistique – n’est pas bon pour les autres, pour le public. Mais avant toute chose, le théâtre et l’art en général ne sont pas là pour éduquer.»
Selon lui, il existe une grande confusion entre art et éducation au Québec. Un art véritable, pour Choinière, en est un débarrassé de tout rôle éducatif et donc de morale. «Ce n’est pas qu’il n’y a plus de questions éthiques, mais elles se posent de manière différente: le public n’a pas à apprendre. Face à l’œuvre, il doit au contraire penser par lui-même et faire des choix.»
Parce que l’idée est sans doute la suivante: éviter autant une condescendance risible qu’un moralisme improductif ou une censure soi-disant vertueuse. Non pas avoir peur de «parler de l’autre», mais savoir d’où l’on parle, ce qu’on peut apporter et, surtout, que l’autre aussi sait parler. C’est la notion de méritocratie mise à l’œuvre à travers la diversité: «Passe-moi la puck et je vais en compter des buts.» Rien à voir avec les atermoiements, le politiquement correct ou la police des privilèges, qui sait si facilement revêtir la casquette d’entrepreneur moral.
La notion de diversité est une tapisserie en vogue ces jours-ci. Tellement qu’on en vient à croire qu’être à l’intersection de la minorisation rend la vie plus facile. C’est la perversion marketing. Essayez, pour voir, d’être à la fois femme, trans, noire, lesbienne, handicapée et octogénaire; le seul endroit où vous serez confortable, c’est dans la case d’une demande de subvention (ou dans un souper de militant.e.s). En culture, on sait ce que ça fait, (sur)vivre pour la subvention.
J’étais à une conférence de l’événement C2 Montréal, il y a peu de temps. Une panelliste du cabinet d’audit Deloitte donnait l’improbable exemple d’Enron pour parler de diversité. Au-delà des scandales (je vous renvoie au documentaire d’Alex Gibney, The Smartest Guys in the Room, 2005), Enron était, selon elle, une compagnie exemplaire en ce qui a trait à la diversité. Des femmes, des gens de minorités visibles, etc. La diversité de pensée, elle? Non, ça, ça manquait. Un peu comme il en manque généralement lorsqu’on monte les échelons des entreprises. En se basant sur les études du professeur américain Scott E. Page, Deloitte a conclu qu’il est nécessaire d’avoir recours à entre cinq et huit «modes de pensée» (styles of thinking) lorsqu’on tente de régler un problème en entreprise. La diversité de pensée proviendrait de la présence de tous ces styles autour de la table.
Toutefois, la diversité n’est pas une affaire de ressources humaines. C’est une affaire de culture et de changement de bas en haut. Pourquoi les pratiques référentielles, en entreprise, ne favorisent-elles pas, généralement, les femmes et les minorités? Parce qu’on s’entoure le plus souvent de gens qui nous ressemblent. Ce faisant, on nivelle par le bas, en pensant faire le contraire. On s’assure d’un match nul. Il serait temps de bonifier notre idée de la diversité en l’envisageant notamment sous deux angles nouveaux: la méritocratie et la diversité de pensée.
La question n’est donc pas tant comment parle-t-on de l’autre, que comment s’assure-t-on qu’on sait que l’autre, lui aussi, parle, et surtout que l’autre ne parle pas tout le temps de la même chose de la même façon. C’est la tache invisible que nous révèle Comment je suis devenu musulman: non pas une crise de la conversion, mais une crise de la reconduction d’un mode de pensée monolithique qui limite tout le monde, à commencer par les deux familles sur scène.