La musique et le théâtre se lient, s’accompagnent, s’influencent et se répondent depuis toujours. La scène appelle le son comme elle appelle la lumière, et présenter une pièce sans univers sonore est presque aussi impensable que la présenter sans éclairage. Pourtant, si la pratique fait une belle part à la musique et au chant, la réflexion sur la relation entre le théâtre et la musique s’avère relativement timide. Constatant que l’état actuel des lieux ouvrait plus largement et plus volontiers les théâtres à des collaborations musicales marquées, nous avons voulu nous pencher sur la place de la musique et du chant sur nos scènes.
Par-delà l’hybridation des formes scéniques et l’intermédialité des langages, le théâtre poursuit un dialogue parfois animé et parfois distant avec les autres arts, selon les époques et les artistes. Quelquefois, le théâtre recourt à ces autres disciplines comme soutien et en fait un usage pratique, comme on va chercher une technique, un métier, un outil ; mais, à d’autres moments, le théâtre donne lieu à une véritable rencontre de deux ou plusieurs formes d’art, avec tout ce que cela suppose d’entrechoquements, d’incertitudes, de découvertes et de complémentarité.
De Starmania à l’opéra Nelligan, en passant par Amsterdam, œuvre basée sur les chansons de Brel, il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous annonce la présentation d’une nouvelle création ou d’une reprise, parfois des années après, d’un spectacle de théâtre musical ayant connu le succès à sa création. Par exemple, le théâtre anglais du Centre national des Arts remettait à l’affiche cet automne la comédie musicale Old Stock: A Refugee Love Story, un texte d’Hannah Moscovitch et des chansons de Ben Caplan et Christian Barry. Et puis, il y a tous ces spectacles où l’on joue et chante, de Parce que la nuit de Sibyllines au Kitchen Chicken de L’orchestre d’hommes-orchestres, sans oublier les hommages à des compositeurs (André Gagnon), à des auteurs (Luc Plamondon), à des interprètes (Pauline Julien) qui ont marqué leur époque. Le filon ne semble pas près de s’épuiser.
Nous sommes donc allés sur le terrain pour sonder ce qui se fait et ceux et celles qui le font. Patrice Bonneau s’est demandé comment les comédien·nes qui chantent se situent entre théâtre et musique, en rencontrant pour ce faire Kathleen Fortin, Dominique Quesnel, Jean Maheux et Émile Proulx-Cloutier. Mario Cloutier, quant à lui, s’est entretenu avec les compositrices et compositeurs Mikalle Bielinski, Ludovic Bonnier, Philippe Brault et Catherine Gadouas pour tenter de cerner ce qui distingue la musique de scène des autres formes musicales, la part collective du théâtre s’avèrant une expérience toute différente de celle de la composition dans la solitude. Pour sa part, Gilbert Turp réfléchit aux divers rôles que la musique tient sur scène en évoquant la musicalité de Brecht et la théâtralité de Mozart.
La directrice du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine, a accordé un entretien à Marie Labrecque à propos de la production brésilienne de Belles-Sœurs (As Comadres), un énorme succès signé Michel Tremblay, Daniel Bélanger et René Richard Cyr. Côté opéra, Normand Baillargeon évoque son travail de philosophe-dramaturg auprès de Dominic Champagne lors de la création d’Another Brick in the Wall, version lyrique de Julien Bilodeau de l’œuvre culte de Pink Floyd, et Raymond Bertin nous entraîne dans les coulisses de la création de Written on Skin à l’Opéra de Montréal cet hiver. Enfin, Ghyslain Fillion aborde la spécificité de la formation en théâtre musical offerte au Collège Lionel-Groulx et Hélène Beauchamp survole la scène actuelle du théâtre musical au Canada.
Nous sommes conscients que rendre compte des expériences actuelles pourrait occuper de nombreux chercheurs et chercheuses, aussi bien en théâtre qu’en musique, et nous espérons que cette incursion dans quelques zones de la pratique qui se fait à la croisée du théâtre et de la musique puisse soulever autant de désirs de création que de questionnements renouvelés.
Bonne lecture, et bonne écoute!
La musique et le théâtre se lient, s’accompagnent, s’influencent et se répondent depuis toujours. La scène appelle le son comme elle appelle la lumière, et présenter une pièce sans univers sonore est presque aussi impensable que la présenter sans éclairage. Pourtant, si la pratique fait une belle part à la musique et au chant, la réflexion sur la relation entre le théâtre et la musique s’avère relativement timide. Constatant que l’état actuel des lieux ouvrait plus largement et plus volontiers les théâtres à des collaborations musicales marquées, nous avons voulu nous pencher sur la place de la musique et du chant sur nos scènes.
Par-delà l’hybridation des formes scéniques et l’intermédialité des langages, le théâtre poursuit un dialogue parfois animé et parfois distant avec les autres arts, selon les époques et les artistes. Quelquefois, le théâtre recourt à ces autres disciplines comme soutien et en fait un usage pratique, comme on va chercher une technique, un métier, un outil ; mais, à d’autres moments, le théâtre donne lieu à une véritable rencontre de deux ou plusieurs formes d’art, avec tout ce que cela suppose d’entrechoquements, d’incertitudes, de découvertes et de complémentarité.
De Starmania à l’opéra Nelligan, en passant par Amsterdam, œuvre basée sur les chansons de Brel, il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous annonce la présentation d’une nouvelle création ou d’une reprise, parfois des années après, d’un spectacle de théâtre musical ayant connu le succès à sa création. Par exemple, le théâtre anglais du Centre national des Arts remettait à l’affiche cet automne la comédie musicale Old Stock: A Refugee Love Story, un texte d’Hannah Moscovitch et des chansons de Ben Caplan et Christian Barry. Et puis, il y a tous ces spectacles où l’on joue et chante, de Parce que la nuit de Sibyllines au Kitchen Chicken de L’orchestre d’hommes-orchestres, sans oublier les hommages à des compositeurs (André Gagnon), à des auteurs (Luc Plamondon), à des interprètes (Pauline Julien) qui ont marqué leur époque. Le filon ne semble pas près de s’épuiser.
Nous sommes donc allés sur le terrain pour sonder ce qui se fait et ceux et celles qui le font. Patrice Bonneau s’est demandé comment les comédien·nes qui chantent se situent entre théâtre et musique, en rencontrant pour ce faire Kathleen Fortin, Dominique Quesnel, Jean Maheux et Émile Proulx-Cloutier. Mario Cloutier, quant à lui, s’est entretenu avec les compositrices et compositeurs Mikalle Bielinski, Ludovic Bonnier, Philippe Brault et Catherine Gadouas pour tenter de cerner ce qui distingue la musique de scène des autres formes musicales, la part collective du théâtre s’avèrant une expérience toute différente de celle de la composition dans la solitude. Pour sa part, Gilbert Turp réfléchit aux divers rôles que la musique tient sur scène en évoquant la musicalité de Brecht et la théâtralité de Mozart.
La directrice du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine, a accordé un entretien à Marie Labrecque à propos de la production brésilienne de Belles-Sœurs (As Comadres), un énorme succès signé Michel Tremblay, Daniel Bélanger et René Richard Cyr. Côté opéra, Normand Baillargeon évoque son travail de philosophe-dramaturg auprès de Dominic Champagne lors de la création d’Another Brick in the Wall, version lyrique de Julien Bilodeau de l’œuvre culte de Pink Floyd, et Raymond Bertin nous entraîne dans les coulisses de la création de Written on Skin à l’Opéra de Montréal cet hiver. Enfin, Ghyslain Fillion aborde la spécificité de la formation en théâtre musical offerte au Collège Lionel-Groulx et Hélène Beauchamp survole la scène actuelle du théâtre musical au Canada.
Nous sommes conscients que rendre compte des expériences actuelles pourrait occuper de nombreux chercheurs et chercheuses, aussi bien en théâtre qu’en musique, et nous espérons que cette incursion dans quelques zones de la pratique qui se fait à la croisée du théâtre et de la musique puisse soulever autant de désirs de création que de questionnements renouvelés.
Bonne lecture, et bonne écoute!