Déjà décembre, fin d’une année pas comme les autres. À rayer de l’histoire ? Pour le monde du spectacle vivant, année-catastrophe qu’on n’est pas près d’oublier ! Et la pandémie n’a pas dit son dernier mot, hélas ! Que nous réserve 2021 ? Qui peut le dire ? Le secteur du théâtre et des autres disciplines scéniques, forcé à l’arrêt, n’a pas cessé de s’interroger, de se refaire, de se battre, de revendiquer son rôle essentiel dans la société… sans recevoir une grande écoute de celle-ci, durablement désorientée, obsédée par sa survie économique. Une société sans artistes tourne un peu à vide… Chacun·e dans son isoloir, nous avons connu le désarroi, l’incertitude, la perte des repères, la déprime, le sentiment d’abandon, la rage, l’angoisse, l’apaisement… De grands moments de tristesse, de voir tant de gens partir avant leur temps. Nous avons réappris la marche quotidienne, la lecture, la méditation, l’empathie et la solidarité… entre télétravail, visioconférences, enseignement à distance…
L’instabilité des conditions de travail dans un contexte sociopolitique, économique et environnemental perturbé a pesé sur notre santé mentale. La mise sur pause a sans doute eu du bon sur certains plans : frein momentané à la croissance, intenable à long terme, quelque répit pour la nature. Mais dans l’ensemble, avec toutes ces faillites anticipées, les disparitions d’entreprises et de services qui n’auront pas survécu à la crise, nous prenons peu à peu conscience du déficit qui s’installe dans la variété de choix qui nous sont offerts, dans notre abondance de société favorisée et, on peut le craindre, dans l’offre artistique aussi.
Quelques artistes, ces derniers mois, ont exprimé leur colère contre les incohérences de certaines décisions gouvernementales, comme celle, plus politique que sanitaire peut-on penser, de refermer les théâtres après un mois de reprise bienfaisante en septembre. Les mesures de distanciation, les précautions à l’entrée et à la sortie, les assistances limitées au quart de la capacité des salles, les adaptations aussi dans le travail de répétition n’ont pas suffi : malgré l’absence d’éclosions déclarées de COVID-19 dans les lieux de diffusion, voilà de nouveau créatrices et créateurs réduits au silence. Un silence lourd, comme celui régnant dans un centre-ville déserté. On promet des aides financières, on favorise le passage au numérique, mais quand pourrons-nous nous retrouver ensemble, en communion avec des interprètes sur une scène ? Quand retrouverons-nous cet échange vital ? Dans les théâtres et les studios de danse, on a pourtant continué à s’activer, plusieurs de ces lieux ayant été transformés en résidences d’exploration et de création (lire à cet effet les pertinents articles de Mario Cloutier et de Josianne Desloges, parus en octobre sur le site de Jeu). Il faut une grande détermination, fouettée peut-être par la peur de disparaître, pour, à plusieurs reprises, élaborer un spectacle, une programmation, en faire la promotion, voir les billets s’envoler (oui, le public, lui, répond présent) et devoir tout annuler du jour au lendemain.
* * *
De la détermination, il en fallait aussi aux collaboratrices et collaborateurs de ce numéro 176 de Jeu, conçu en période de confinement, alors que l’inquiétude était à son comble. Je les remercie chaleureusement. Avec ce dossier « Engagement et éc(h)o », nous tournons résolument notre regard vers l’avant, vers l’avenir. Saluons les choix écoresponsables de notre milieu et l’apport indispensable des artistes, qui se font l’écho, dans leurs œuvres, de préoccupations écologiques et citoyennes largement partagées. Nous continuerons de suivre l’évolution d’une situation qui semble vouloir perdurer, en gardant notre attention sur celles et ceux qui maintiennent coûte que coûte leur engagement pour leur art ; en offrant cette tribune, notamment, aux voix qui ne se sentent pas ou peu entendues. Merci, enfin, à Christine Beaulieu (en couverture), pour l’entretien qu’elle m’a accordé et pour les vœux de courage qu’elle adresse à ses collègues artistes. Que l’année 2021 en soit une de renouveau et d’ouverture !
Déjà décembre, fin d’une année pas comme les autres. À rayer de l’histoire ? Pour le monde du spectacle vivant, année-catastrophe qu’on n’est pas près d’oublier ! Et la pandémie n’a pas dit son dernier mot, hélas ! Que nous réserve 2021 ? Qui peut le dire ? Le secteur du théâtre et des autres disciplines scéniques, forcé à l’arrêt, n’a pas cessé de s’interroger, de se refaire, de se battre, de revendiquer son rôle essentiel dans la société… sans recevoir une grande écoute de celle-ci, durablement désorientée, obsédée par sa survie économique. Une société sans artistes tourne un peu à vide… Chacun·e dans son isoloir, nous avons connu le désarroi, l’incertitude, la perte des repères, la déprime, le sentiment d’abandon, la rage, l’angoisse, l’apaisement… De grands moments de tristesse, de voir tant de gens partir avant leur temps. Nous avons réappris la marche quotidienne, la lecture, la méditation, l’empathie et la solidarité… entre télétravail, visioconférences, enseignement à distance…
L’instabilité des conditions de travail dans un contexte sociopolitique, économique et environnemental perturbé a pesé sur notre santé mentale. La mise sur pause a sans doute eu du bon sur certains plans : frein momentané à la croissance, intenable à long terme, quelque répit pour la nature. Mais dans l’ensemble, avec toutes ces faillites anticipées, les disparitions d’entreprises et de services qui n’auront pas survécu à la crise, nous prenons peu à peu conscience du déficit qui s’installe dans la variété de choix qui nous sont offerts, dans notre abondance de société favorisée et, on peut le craindre, dans l’offre artistique aussi.
Quelques artistes, ces derniers mois, ont exprimé leur colère contre les incohérences de certaines décisions gouvernementales, comme celle, plus politique que sanitaire peut-on penser, de refermer les théâtres après un mois de reprise bienfaisante en septembre. Les mesures de distanciation, les précautions à l’entrée et à la sortie, les assistances limitées au quart de la capacité des salles, les adaptations aussi dans le travail de répétition n’ont pas suffi : malgré l’absence d’éclosions déclarées de COVID-19 dans les lieux de diffusion, voilà de nouveau créatrices et créateurs réduits au silence. Un silence lourd, comme celui régnant dans un centre-ville déserté. On promet des aides financières, on favorise le passage au numérique, mais quand pourrons-nous nous retrouver ensemble, en communion avec des interprètes sur une scène ? Quand retrouverons-nous cet échange vital ? Dans les théâtres et les studios de danse, on a pourtant continué à s’activer, plusieurs de ces lieux ayant été transformés en résidences d’exploration et de création (lire à cet effet les pertinents articles de Mario Cloutier et de Josianne Desloges, parus en octobre sur le site de Jeu). Il faut une grande détermination, fouettée peut-être par la peur de disparaître, pour, à plusieurs reprises, élaborer un spectacle, une programmation, en faire la promotion, voir les billets s’envoler (oui, le public, lui, répond présent) et devoir tout annuler du jour au lendemain.
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De la détermination, il en fallait aussi aux collaboratrices et collaborateurs de ce numéro 176 de Jeu, conçu en période de confinement, alors que l’inquiétude était à son comble. Je les remercie chaleureusement. Avec ce dossier « Engagement et éc(h)o », nous tournons résolument notre regard vers l’avant, vers l’avenir. Saluons les choix écoresponsables de notre milieu et l’apport indispensable des artistes, qui se font l’écho, dans leurs œuvres, de préoccupations écologiques et citoyennes largement partagées. Nous continuerons de suivre l’évolution d’une situation qui semble vouloir perdurer, en gardant notre attention sur celles et ceux qui maintiennent coûte que coûte leur engagement pour leur art ; en offrant cette tribune, notamment, aux voix qui ne se sentent pas ou peu entendues. Merci, enfin, à Christine Beaulieu (en couverture), pour l’entretien qu’elle m’a accordé et pour les vœux de courage qu’elle adresse à ses collègues artistes. Que l’année 2021 en soit une de renouveau et d’ouverture !