Quelle joie, quel bonheur, pour les amatrices et amateurs de spectacle vivant, d’avoir pu revenir dans les salles cet automne, malgré les exigences de passeport vaccinal et de port du masque ! Si ces mesures peuvent paraître comme des contraintes dont on se passerait bien, elles ne sont que peu de choses en comparaison aux mois de disette culturelle que nous avons traversés. Bien que les milieux du théâtre et de la danse n’aient pas retrouvé entièrement leur vitesse de croisière, la qualité des œuvres présentées et le plaisir de se revoir ensemble dans un lieu d’expression artistique sont remplis de promesses pour les mois et les années à venir.
Si nous avons intitulé « Renaissance » le dossier de ce 180e numéro de Jeu, c’est que bien des gens ont cette impression forte d’enfin revenir à la vie, après que la mort, sous diverses formes, a envahi nos esprits et nos cœurs de façon imprévisible et imparable à partir de la mi-mars 2020. Plusieurs œuvres en ont d’ailleurs rendu compte ces derniers temps. Au fur et à mesure que les morts s’accumulaient – et pas juste de la COVID : toutes ces morts ordinaires qui, tout à coup, prenaient un aspect plus déchirant dans l’absence, la solitude, l’impossibilité de se réunir –, c’est notre rapport à notre propre finalité qui a changé. La fragilité de la vie s’est imposée, notamment pour les personnes plus âgées, stigmatisées par la pandémie ; certaines confirment leur sentiment d’avoir pris « un coup de vieux » durant ces mois.
Avec ce numéro, nous rendons hommage à la résilience d’artistes de la scène qui durent et ne baissent pas les bras, comme l’admirable comédienne Louise Laprade, qui apparaît en couverture aux côtés du créateur François Grisé, dont les dernières années furent consacrées à l’étude de la situation des aîné·es, parqué·es dans des « lieux de vie » fort questionnables ; quant à l’autrice Lydie Dubuisson, qui complète le trio, elle fait partie de la génération montante, par qui vient le renouveau de l’art théâtral. Devant les menaces de rupture générationnelle qui guettent notre monde, plusieurs font le pari de la transmission et de la guérison des traumatismes individuels et collectifs par le recours à la mémoire, par l’union des forces et le dialogue.
En marge du dossier, la dramaturge Rébecca Déraspe s’interroge sur les limites et les dangers que fait peser notre époque sur l’écriture de fiction ; une chercheuse, Sarah-Louise Pelletier-Morin, rend compte, dans la section Enjeux, de ses recherches sur les origines du Théâtre du Nouveau Monde et dévoile, en carte blanche, des extraits d’un carnet retrouvé de Jean-Louis Roux ; nous vous proposons aussi deux profils de jeunes créatrices en vue, Tatiana Zinga Botao et Elen Ewing, et, comme pour boucler la boucle, une lettre-hommage de l’écrivaine France Vézina au scénographe Germain Perron, disparu en septembre 2020. Le retour au vivant nous fait mesurer la valeur démultipliée de l’apport des artistes à notre société, à notre moral, à notre santé mentale ; quelques témoignages dans ces pages sont éloquents à ce propos. Bonne lecture et bonne rentrée d’hiver !
Quelle joie, quel bonheur, pour les amatrices et amateurs de spectacle vivant, d’avoir pu revenir dans les salles cet automne, malgré les exigences de passeport vaccinal et de port du masque ! Si ces mesures peuvent paraître comme des contraintes dont on se passerait bien, elles ne sont que peu de choses en comparaison aux mois de disette culturelle que nous avons traversés. Bien que les milieux du théâtre et de la danse n’aient pas retrouvé entièrement leur vitesse de croisière, la qualité des œuvres présentées et le plaisir de se revoir ensemble dans un lieu d’expression artistique sont remplis de promesses pour les mois et les années à venir.
Si nous avons intitulé « Renaissance » le dossier de ce 180e numéro de Jeu, c’est que bien des gens ont cette impression forte d’enfin revenir à la vie, après que la mort, sous diverses formes, a envahi nos esprits et nos cœurs de façon imprévisible et imparable à partir de la mi-mars 2020. Plusieurs œuvres en ont d’ailleurs rendu compte ces derniers temps. Au fur et à mesure que les morts s’accumulaient – et pas juste de la COVID : toutes ces morts ordinaires qui, tout à coup, prenaient un aspect plus déchirant dans l’absence, la solitude, l’impossibilité de se réunir –, c’est notre rapport à notre propre finalité qui a changé. La fragilité de la vie s’est imposée, notamment pour les personnes plus âgées, stigmatisées par la pandémie ; certaines confirment leur sentiment d’avoir pris « un coup de vieux » durant ces mois.
Avec ce numéro, nous rendons hommage à la résilience d’artistes de la scène qui durent et ne baissent pas les bras, comme l’admirable comédienne Louise Laprade, qui apparaît en couverture aux côtés du créateur François Grisé, dont les dernières années furent consacrées à l’étude de la situation des aîné·es, parqué·es dans des « lieux de vie » fort questionnables ; quant à l’autrice Lydie Dubuisson, qui complète le trio, elle fait partie de la génération montante, par qui vient le renouveau de l’art théâtral. Devant les menaces de rupture générationnelle qui guettent notre monde, plusieurs font le pari de la transmission et de la guérison des traumatismes individuels et collectifs par le recours à la mémoire, par l’union des forces et le dialogue.
En marge du dossier, la dramaturge Rébecca Déraspe s’interroge sur les limites et les dangers que fait peser notre époque sur l’écriture de fiction ; une chercheuse, Sarah-Louise Pelletier-Morin, rend compte, dans la section Enjeux, de ses recherches sur les origines du Théâtre du Nouveau Monde et dévoile, en carte blanche, des extraits d’un carnet retrouvé de Jean-Louis Roux ; nous vous proposons aussi deux profils de jeunes créatrices en vue, Tatiana Zinga Botao et Elen Ewing, et, comme pour boucler la boucle, une lettre-hommage de l’écrivaine France Vézina au scénographe Germain Perron, disparu en septembre 2020. Le retour au vivant nous fait mesurer la valeur démultipliée de l’apport des artistes à notre société, à notre moral, à notre santé mentale ; quelques témoignages dans ces pages sont éloquents à ce propos. Bonne lecture et bonne rentrée d’hiver !