Le cas Joé Ferguson est né d’une question: comment réagiraient les gens si on exposait, parmi leurs morts, un véritable criminel? Si le texte d’Isabelle Hubert, créé au Théâtre du Bic à l’été 2016, pose la question des conséquences d’un crime à l’intérieur d’une petite communauté, il est avant tout exploration des racines plus profondes et complexes du passage à l’acte et de ses responsabilités.
Camille est une étudiante en criminologie qui débarque dans un petit village, où un jeune homme, Joé, vient de tuer une vieille religieuse, avant de se donner la mort. Dans le cadre de ses études sur l’impact des crimes en milieu rural, Camille veut soumettre les villageois à un questionnaire. Mais elle va rencontrer de nombreuses résistances.
La mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette est un écrin à l’écriture d’Isabelle Hubert en même temps qu’elle propose une formidable boîte à images scéniques, autour d’un dispositif ingénieux, sorte de boîte ouverte munie de panneaux coulissants, basculants, qui vont servir à toutes les évocations; un peu comme chez Robert Lepage. On change de lieux par simple glissement d’un panneau ou changement d’éclairage, qui révèlent une autre partie du dispositif, ou par déplacement à vue des accessoires alors que la scène suivante est déjà commencée. Les acteurs sont au service du plateau, dans un beau partage d’imaginaire, et souvent ils restent très proches des autres interprètes, les installant, leur retirant un costume ou un accessoire, présence discrète.
L’écriture multifocale de l’auteure, par l’enquête et les rencontres de Camille, mais aussi par des adresses directes des interprètes au public, permet de faire entendre la polyphonie des points de vue des villageois et de remonter progressivement les fils de l’enquête. Les interprètes sont précis et capables de belles ruptures, particulièrement Sylvie Drapeau, en directrice d’un centre funéraire tout à la fois sensible et un peu hautaine, et Steven-Lee Potvin, incarnant Derek, un jeune gars du village tour à tour candide et acteur de cette haine ordinaire qui a sévi dans ce village où «l’autre est une menace parce qu’il est différent», explique le metteur en scène en pointant la portée universelle du texte.
Valérie Laroche passe avec aisance d’un personnage à l’autre, incarnant diverses femmes du village, dont la mère du jeune Joé, effacée mais incandescente. Joëlle Bond apporte de la légèreté et de l’humour au personnage de Camille, tant dans ses maladresses que dans ses relations téléphoniques à sa mère (et à son chat!), ou dans son approche du jeune Derek: le drame est traversé de moments comiques.
La musique d’Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet accompagne de près le propos scénique, elle l’enveloppe de douceur ou de tension, et sait s’effacer aussi pour de beaux moments de silence. L’ensemble offre donc un très bel équilibre permettant d’entendre pleinement ce texte dans une proposition scénique qui l’accomplit. Nous nous laissons embarquer.
Texte: Isabelle Hubert. Mise en scène: Jean-Sébastien Ouellette. Scénographie: Dominic Thibault. Éclairages: André Rioux. Costumes: Dominique Giguère. Musique: Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet. Avec Joëlle Bond, Sylvie Drapeau, Valérie Laroche et Steven Lee Potvin. Une coproduction du Théâtre du Trident, du Théâtre les gens d’en bas et de la Compagnie dramatique du Québec. Au Grand Théâtre de Québec jusqu’au 25 novembre 2017.
Le cas Joé Ferguson est né d’une question: comment réagiraient les gens si on exposait, parmi leurs morts, un véritable criminel? Si le texte d’Isabelle Hubert, créé au Théâtre du Bic à l’été 2016, pose la question des conséquences d’un crime à l’intérieur d’une petite communauté, il est avant tout exploration des racines plus profondes et complexes du passage à l’acte et de ses responsabilités.
Camille est une étudiante en criminologie qui débarque dans un petit village, où un jeune homme, Joé, vient de tuer une vieille religieuse, avant de se donner la mort. Dans le cadre de ses études sur l’impact des crimes en milieu rural, Camille veut soumettre les villageois à un questionnaire. Mais elle va rencontrer de nombreuses résistances.
La mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette est un écrin à l’écriture d’Isabelle Hubert en même temps qu’elle propose une formidable boîte à images scéniques, autour d’un dispositif ingénieux, sorte de boîte ouverte munie de panneaux coulissants, basculants, qui vont servir à toutes les évocations; un peu comme chez Robert Lepage. On change de lieux par simple glissement d’un panneau ou changement d’éclairage, qui révèlent une autre partie du dispositif, ou par déplacement à vue des accessoires alors que la scène suivante est déjà commencée. Les acteurs sont au service du plateau, dans un beau partage d’imaginaire, et souvent ils restent très proches des autres interprètes, les installant, leur retirant un costume ou un accessoire, présence discrète.
L’écriture multifocale de l’auteure, par l’enquête et les rencontres de Camille, mais aussi par des adresses directes des interprètes au public, permet de faire entendre la polyphonie des points de vue des villageois et de remonter progressivement les fils de l’enquête. Les interprètes sont précis et capables de belles ruptures, particulièrement Sylvie Drapeau, en directrice d’un centre funéraire tout à la fois sensible et un peu hautaine, et Steven-Lee Potvin, incarnant Derek, un jeune gars du village tour à tour candide et acteur de cette haine ordinaire qui a sévi dans ce village où «l’autre est une menace parce qu’il est différent», explique le metteur en scène en pointant la portée universelle du texte.
Valérie Laroche passe avec aisance d’un personnage à l’autre, incarnant diverses femmes du village, dont la mère du jeune Joé, effacée mais incandescente. Joëlle Bond apporte de la légèreté et de l’humour au personnage de Camille, tant dans ses maladresses que dans ses relations téléphoniques à sa mère (et à son chat!), ou dans son approche du jeune Derek: le drame est traversé de moments comiques.
La musique d’Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet accompagne de près le propos scénique, elle l’enveloppe de douceur ou de tension, et sait s’effacer aussi pour de beaux moments de silence. L’ensemble offre donc un très bel équilibre permettant d’entendre pleinement ce texte dans une proposition scénique qui l’accomplit. Nous nous laissons embarquer.
Le cas Joé Ferguson
Texte: Isabelle Hubert. Mise en scène: Jean-Sébastien Ouellette. Scénographie: Dominic Thibault. Éclairages: André Rioux. Costumes: Dominique Giguère. Musique: Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet. Avec Joëlle Bond, Sylvie Drapeau, Valérie Laroche et Steven Lee Potvin. Une coproduction du Théâtre du Trident, du Théâtre les gens d’en bas et de la Compagnie dramatique du Québec. Au Grand Théâtre de Québec jusqu’au 25 novembre 2017.