La nouvelle création du Théâtre Bluff, compagnie qui s’adresse aux adolescents, recèle tous les atouts pour plaire à son public cible: la réponse enthousiaste spontanée des jeunes lors de la représentation scolaire de mercredi dernier était sans équivoque. La mise en scène de Martin Faucher, sans tomber dans le piège facile de la séduction, en misant avant tout sur le jeu des interprètes, a su intégrer des clins d’œil à l’univers des ados pour amener ceux-ci à adhérer à une proposition exigeante. La pièce de Sarah Berthiaume, bien construite, aborde des sujets chauds.
À travers la relation conflictuelle entre une mère immigrante et sa fille, où s’exprime tout le ras-le-bol d’une jeune fille en colère contre le monde, l’auteure s’intéresse aux tiraillements de l’âge ingrat, à la révolte inhérente au passage de l’enfance à l’âge adulte. On y voit Jade se cantonner dans ses convictions, sûre de son point de vue sur la vie, cherchant une sortie à l’avenir tout tracé que la société semble vouloir lui réserver. Dans sa révolte, elle trouve une complice de fort calibre: Antigone, héroïne issue d’une tragédie ancienne, emmurée vivante il y a 2 500 ans pour avoir exprimé sa propre rébellion contre sa société… et qui n’a rien perdu de son intransigeance.
Cette métaphore de l’emmurée vivante s’appliquera à chacune des trois héroïnes à tour de rôle, quelle que soit l’époque. Car, ici, le temps «s’ouvre»: passé, présent et futur se chevauchent, s’entrechoquent, s’interpellent. Dans une scène au dialogue puissant, la mère, Inès, et Jade se retrouvent à Antioche, en Turquie, toutes deux âgées de 16 ans, à confronter leurs espoirs, leurs déceptions, leurs certitudes. La mère réussira-t-elle à extirper sa fille du rêve radical dans lequel un correspondant virtuel l’a entraînée, jusqu’aux frontières de la Syrie? Les arguments de l’une et de l’autre, aussi forts, opposent l’instinct de survie à la conscience rationnelle, dans un duel senti.
Les comédiennes portent l’œuvre, où les niveaux de langue se côtoient, de celle des ados d’aujourd’hui aux classiques tirades des héroïnes de Sophocle et de Jean Anouilh, avec précision et rythme. Sarah Laurendeau campe une Antigone particulièrement solide, mêlant rage et légèreté, car il y a aussi de l’humour, qui s’exprime notamment à travers sa relation avec Jade, jouée par Mounia Zahzam, qui y met toute la passion voulue. Dans le rôle de la mère, Sharon Ibgui montre une fois de plus tout le chien qu’elle peut déployer sur une scène. Les élèves venus en groupes ne s’y sont pas trompés: leur ovation avait la force d’une clameur.
Texte: Sarah Berthiaume. Mise en scène: Martin Faucher. Scénographie et accessoires: Max-Otto Fauteux. Éclairages: Alexandre Pilon-Guay. Son: Michel F. Côté. Vidéo: Pierre Laniel. Costumes: Denis Lavoie. Coiffures et maquillages: Angelo Barsetti. Avec Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau et Mounia Zahzam. Une production du Théâtre Bluff. À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 25 novembre 2017. À la Maison des arts de Laval, à l’occasion de la Rencontre Théâtre Ados, le 19 avril 2018, puis, toujours à la Maison des arts de Laval, le 2 mai 2018. En tournée pendant la saison 2018-2019.
La nouvelle création du Théâtre Bluff, compagnie qui s’adresse aux adolescents, recèle tous les atouts pour plaire à son public cible: la réponse enthousiaste spontanée des jeunes lors de la représentation scolaire de mercredi dernier était sans équivoque. La mise en scène de Martin Faucher, sans tomber dans le piège facile de la séduction, en misant avant tout sur le jeu des interprètes, a su intégrer des clins d’œil à l’univers des ados pour amener ceux-ci à adhérer à une proposition exigeante. La pièce de Sarah Berthiaume, bien construite, aborde des sujets chauds.
À travers la relation conflictuelle entre une mère immigrante et sa fille, où s’exprime tout le ras-le-bol d’une jeune fille en colère contre le monde, l’auteure s’intéresse aux tiraillements de l’âge ingrat, à la révolte inhérente au passage de l’enfance à l’âge adulte. On y voit Jade se cantonner dans ses convictions, sûre de son point de vue sur la vie, cherchant une sortie à l’avenir tout tracé que la société semble vouloir lui réserver. Dans sa révolte, elle trouve une complice de fort calibre: Antigone, héroïne issue d’une tragédie ancienne, emmurée vivante il y a 2 500 ans pour avoir exprimé sa propre rébellion contre sa société… et qui n’a rien perdu de son intransigeance.
Cette métaphore de l’emmurée vivante s’appliquera à chacune des trois héroïnes à tour de rôle, quelle que soit l’époque. Car, ici, le temps «s’ouvre»: passé, présent et futur se chevauchent, s’entrechoquent, s’interpellent. Dans une scène au dialogue puissant, la mère, Inès, et Jade se retrouvent à Antioche, en Turquie, toutes deux âgées de 16 ans, à confronter leurs espoirs, leurs déceptions, leurs certitudes. La mère réussira-t-elle à extirper sa fille du rêve radical dans lequel un correspondant virtuel l’a entraînée, jusqu’aux frontières de la Syrie? Les arguments de l’une et de l’autre, aussi forts, opposent l’instinct de survie à la conscience rationnelle, dans un duel senti.
Les comédiennes portent l’œuvre, où les niveaux de langue se côtoient, de celle des ados d’aujourd’hui aux classiques tirades des héroïnes de Sophocle et de Jean Anouilh, avec précision et rythme. Sarah Laurendeau campe une Antigone particulièrement solide, mêlant rage et légèreté, car il y a aussi de l’humour, qui s’exprime notamment à travers sa relation avec Jade, jouée par Mounia Zahzam, qui y met toute la passion voulue. Dans le rôle de la mère, Sharon Ibgui montre une fois de plus tout le chien qu’elle peut déployer sur une scène. Les élèves venus en groupes ne s’y sont pas trompés: leur ovation avait la force d’une clameur.
Antioche
Texte: Sarah Berthiaume. Mise en scène: Martin Faucher. Scénographie et accessoires: Max-Otto Fauteux. Éclairages: Alexandre Pilon-Guay. Son: Michel F. Côté. Vidéo: Pierre Laniel. Costumes: Denis Lavoie. Coiffures et maquillages: Angelo Barsetti. Avec Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau et Mounia Zahzam. Une production du Théâtre Bluff. À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 25 novembre 2017. À la Maison des arts de Laval, à l’occasion de la Rencontre Théâtre Ados, le 19 avril 2018, puis, toujours à la Maison des arts de Laval, le 2 mai 2018. En tournée pendant la saison 2018-2019.