Ballet BC prouve hors de tout doute ces jours-ci au Théâtre Maisonneuve qu’il a atteint l’âge de la maturité, mais surtout de la diversité. Difficile de trouver plus opposées – mais en même temps complémentaires – que les trois chorégraphies proposées aux amateurs montréalais, toutes interprétées avec précision et finesse par les 18 membres de la troupe.
La soirée s’amorce sur A.U.R.A. (Anarchist Unit Related to Art), une création récente (2012) de Jacopo Godani, nouveau directeur artistique de la Forsythe Company, une pièce explosive soutenue par la musique électroacoustique de 48nord, tantôt saccadée, tantôt lyrique avec son traitement de cordes synthétisées. Fluidité rencontre ici angularité et lignes poussées au maximum, ce qui donne lieu à nombre d’instants particulièrement saisissants, autant d’arrêts sur image. Le travail rigoureux d’éclairage (avec rampes mobiles et néons parfois presque trop éblouissants pour la salle) permet une redéfinition constante des volumes, décuplant la portée de cette marche futuriste volontiers tribale, qui ne perd pourtant rien de son humanité.
Créé par Johan Inger en 2001 pour de Nederlands Dans Theater, Walking Mad n’a pas pris une ride. Juxtaposant l’effervescence du Boléro de Ravel – scindé en son centre, une des sections étant diffusée à puissance minimale – et Für Alina d’Arvo Pärt, le ballet en trois temps relate une histoire amoureuse, des parades et combats de coqs des débuts à la désillusion du couple brisé. Les oppositions se multiplient entre horizontalité et verticalité (belle utilisation du mur, accessoire qui aurait pu rapidement devenir trop envahissant), comédie et tragédie, cohue et solitude, densité et dépouillement. Le pas de deux final, moment suspendu, magnifiquement rendu, continue d’habiter, bien après la dernière note de piano dissipée.
Petite cérémonie de Mehdi Walerski demeure un objet hétéroclite, proche du Tanztheater qui traite souvent la musique à contrepied. À peine audible, le célèbre « Casta Diva » sert de trame à un curieux numéro d’ensemble dans lequel les danseurs tout de noir et de blanc vêtus tentent de se fondre dans le moule (la boîte), s’extrayant ici et là à travers des gestes qui rappellent parfois le voguing. L’Adagio de la Gran partita de Mozart, prise à un tempo très rapide, freine au fur et à mesure la tendresse que l’on attend du pas de deux, tandis que le concerto des Quatre saisons de Vivaldi semble détourné de son but premier. La proposition suscite néanmoins souvent le sourire et permet aux interprètes de démontrer leur remarquable polyvalence.
Cette carte de visite en trois temps de Ballet BC séduira assurément les amateurs et lui vaudra sans aucun doute une nouvelle invitation.
Chorégraphies de Johan Iger, Jacopo Godani et Mehdi Walerski. Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 24 janvier 2015.
Ballet BC prouve hors de tout doute ces jours-ci au Théâtre Maisonneuve qu’il a atteint l’âge de la maturité, mais surtout de la diversité. Difficile de trouver plus opposées – mais en même temps complémentaires – que les trois chorégraphies proposées aux amateurs montréalais, toutes interprétées avec précision et finesse par les 18 membres de la troupe.
La soirée s’amorce sur A.U.R.A. (Anarchist Unit Related to Art), une création récente (2012) de Jacopo Godani, nouveau directeur artistique de la Forsythe Company, une pièce explosive soutenue par la musique électroacoustique de 48nord, tantôt saccadée, tantôt lyrique avec son traitement de cordes synthétisées. Fluidité rencontre ici angularité et lignes poussées au maximum, ce qui donne lieu à nombre d’instants particulièrement saisissants, autant d’arrêts sur image. Le travail rigoureux d’éclairage (avec rampes mobiles et néons parfois presque trop éblouissants pour la salle) permet une redéfinition constante des volumes, décuplant la portée de cette marche futuriste volontiers tribale, qui ne perd pourtant rien de son humanité.
Créé par Johan Inger en 2001 pour de Nederlands Dans Theater, Walking Mad n’a pas pris une ride. Juxtaposant l’effervescence du Boléro de Ravel – scindé en son centre, une des sections étant diffusée à puissance minimale – et Für Alina d’Arvo Pärt, le ballet en trois temps relate une histoire amoureuse, des parades et combats de coqs des débuts à la désillusion du couple brisé. Les oppositions se multiplient entre horizontalité et verticalité (belle utilisation du mur, accessoire qui aurait pu rapidement devenir trop envahissant), comédie et tragédie, cohue et solitude, densité et dépouillement. Le pas de deux final, moment suspendu, magnifiquement rendu, continue d’habiter, bien après la dernière note de piano dissipée.
Petite cérémonie de Mehdi Walerski demeure un objet hétéroclite, proche du Tanztheater qui traite souvent la musique à contrepied. À peine audible, le célèbre « Casta Diva » sert de trame à un curieux numéro d’ensemble dans lequel les danseurs tout de noir et de blanc vêtus tentent de se fondre dans le moule (la boîte), s’extrayant ici et là à travers des gestes qui rappellent parfois le voguing. L’Adagio de la Gran partita de Mozart, prise à un tempo très rapide, freine au fur et à mesure la tendresse que l’on attend du pas de deux, tandis que le concerto des Quatre saisons de Vivaldi semble détourné de son but premier. La proposition suscite néanmoins souvent le sourire et permet aux interprètes de démontrer leur remarquable polyvalence.
Cette carte de visite en trois temps de Ballet BC séduira assurément les amateurs et lui vaudra sans aucun doute une nouvelle invitation.
Ballet BC
Chorégraphies de Johan Iger, Jacopo Godani et Mehdi Walerski. Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 24 janvier 2015.