Proposition intrigante que celle d’Isabelle Van Grimde présentée ces jours-ci à la Galerie de l’UQAM. Une création-exposition faite de diverses installations et propositions artistiques provenant d’artistes visuels, de penseurs et de danseurs, le tout dans un espace conçu par Anick La Bissonnière. Le spectateur s’y sent d’abord tout à fait dans une salle d’exposition. Pourtant, son attention est vite captée par les danseurs qui évoluent derrière un mur de fine cordes blanches tendues, dans un espace réduit qui s’étend sur presque toute la longueur de la galerie. Pieds nus, vêtus de sous-vêtements couleur chair, les danseurs exécutent leurs mouvements parfois saccadés, parfois langoureux face au public, accompagnés par des projections de leur pIsabelle Van Grimderopre corps sur le mur derrière eux.
Un premier interprète, suivi bien vite par les autres, écarte les cordes et s’avance vers le public, qui s’est disposé naturellement vers cette installation en chair et en os, au magnétisme indiscutable, surtout comparé aux objets inertes de cette exposition placée sous le signe du corps. Ce qui s’annonçait n’être qu’une exposition se transforme en véritable performance interactive.
Au fur et à mesure que différentes vagues de public arrivent et repartent de la galerie, les danseurs prennent de plus en plus le contrôle de l’espace, abolissant presque totalement les frontières qui existent entre eux et les spectateurs. Là, une danseuse se tient en équilibre couchée sur un minuscule cube, là une autre se couche sous une représentation d’un corps humain faite de plastique et de plumes, aux quatre coins de la galerie, les diverses œuvres d’art qui semblaient intouchables sont maintenant envahies par des êtres humains. Une image remarquable se construit lorsqu’un danseur passe de longues minutes à déplacer des tiges d’acier et de bois reposant contre un mur pour les poser sur le sol avec fracas à l’opposé de la pièce. Une vingtaine de tiges sont ainsi placées côte à côte, droites, parallèles, froides. Puis ce danseur s’étend au milieu d’elles, corps chaud bientôt rejoint par un autre corps chaud de femme, lovée contre lui. Au milieu de ces tiges froides, deux tiges courbées et chaudes.
Placé ainsi au milieu de cette création-exposition, le spectateur remet son corps en question, son corps qui gêne parfois le danseur, ou la vue de quelqu’un du public, son corps à lui, immobile, comparé aux corps agités. À l’heure où des centaines de corps citoyens envahissent l’espace public munis de casseroles et scandant des slogans, être en présence de ces corps silencieux qui envahissent ce lieu clos qu’est une galerie d’art a quelque chose de tout aussi surprenant et libérateur.
Commissaire d’exposition et chorégraphe : Isabelle Van Grimde. Une production Van Grimde Corps Secrets. À la galerie de l’UQAM jusqu’au 1er juin 2012 dans le cadre du Festival TransAmériques.
Proposition intrigante que celle d’Isabelle Van Grimde présentée ces jours-ci à la Galerie de l’UQAM. Une création-exposition faite de diverses installations et propositions artistiques provenant d’artistes visuels, de penseurs et de danseurs, le tout dans un espace conçu par Anick La Bissonnière. Le spectateur s’y sent d’abord tout à fait dans une salle d’exposition. Pourtant, son attention est vite captée par les danseurs qui évoluent derrière un mur de fine cordes blanches tendues, dans un espace réduit qui s’étend sur presque toute la longueur de la galerie. Pieds nus, vêtus de sous-vêtements couleur chair, les danseurs exécutent leurs mouvements parfois saccadés, parfois langoureux face au public, accompagnés par des projections de leur pIsabelle Van Grimderopre corps sur le mur derrière eux.
Un premier interprète, suivi bien vite par les autres, écarte les cordes et s’avance vers le public, qui s’est disposé naturellement vers cette installation en chair et en os, au magnétisme indiscutable, surtout comparé aux objets inertes de cette exposition placée sous le signe du corps. Ce qui s’annonçait n’être qu’une exposition se transforme en véritable performance interactive.
Au fur et à mesure que différentes vagues de public arrivent et repartent de la galerie, les danseurs prennent de plus en plus le contrôle de l’espace, abolissant presque totalement les frontières qui existent entre eux et les spectateurs. Là, une danseuse se tient en équilibre couchée sur un minuscule cube, là une autre se couche sous une représentation d’un corps humain faite de plastique et de plumes, aux quatre coins de la galerie, les diverses œuvres d’art qui semblaient intouchables sont maintenant envahies par des êtres humains. Une image remarquable se construit lorsqu’un danseur passe de longues minutes à déplacer des tiges d’acier et de bois reposant contre un mur pour les poser sur le sol avec fracas à l’opposé de la pièce. Une vingtaine de tiges sont ainsi placées côte à côte, droites, parallèles, froides. Puis ce danseur s’étend au milieu d’elles, corps chaud bientôt rejoint par un autre corps chaud de femme, lovée contre lui. Au milieu de ces tiges froides, deux tiges courbées et chaudes.
Placé ainsi au milieu de cette création-exposition, le spectateur remet son corps en question, son corps qui gêne parfois le danseur, ou la vue de quelqu’un du public, son corps à lui, immobile, comparé aux corps agités. À l’heure où des centaines de corps citoyens envahissent l’espace public munis de casseroles et scandant des slogans, être en présence de ces corps silencieux qui envahissent ce lieu clos qu’est une galerie d’art a quelque chose de tout aussi surprenant et libérateur.
Le corps en question
Commissaire d’exposition et chorégraphe : Isabelle Van Grimde. Une production Van Grimde Corps Secrets. À la galerie de l’UQAM jusqu’au 1er juin 2012 dans le cadre du Festival TransAmériques.