Depuis que je fréquente l’Impro Cirque, une soirée débute toujours dans le même ordre: montrer patte blanche à la sécurité en entrant dans les locaux du Cirque Éloize, acheter des nez de clown, prendre les cartons pour voter et le programme de soirée et, enfin, trouver une place. Des tables sont installées sur les côtés de la salle et, en ce samedi soir, je m’assois dans les gradins face à la scène. Un DJ assure l’ambiance sonore pendant que la salle se remplit à pleine capacité.
À 20h10 se fait entendre une sonnerie qui ressemble à une ancienne alarme d’incendie, mais le spectacle ne commence pas pour autant, c’est normal, toutes les parties que j’ai vues n’ont jamais commencé à l’heure. Comme le sarcasme de l’arbitre en chef sans pitié, ça fait partie de l’ADN de la formule depuis les débuts. Sur l’écran en fond de scène défilent en boucle la liste des prix que peuvent se mériter les joueurs avec leurs commanditaires, des photos d’éditions précédentes et la mention de partenaires comme Clowns sans frontières, qui bénéficie des profits de la vente des nez de clowns.
La LNI a fait des petits non seulement en musique mais aussi en cirque. La formule a été adaptée et chaque événement comporte des éléments spécifiques. Ainsi, dans l’équipe des bleus autant que dans celle des rouges, 5 disciplines sont représentées: acrobatie, jonglerie, contorsion, aérien et clown. Pendant un match, des appareils sont intégrés, nécessitant des techniciens ou des juges de ligne pour leur installation. Par rapport à la LNI, le fonctionnement peut différer pendant une partie, par exemple, les caucus avant les improvisations mixtes incluent les membres des équipes adverses.
Nicolas Fortin et Philippe Trépanier, avec leur compagnie les Improduits, organisent les soirées de l’Impro Cirque depuis 2010, l’événement figurait dans la programmation des 3 dernières éditions de Montréal Complètement Cirque et a même fait une incursion en Argentine, en 2011. Pour les deux plus récents matchs, le 1 et 2 mars dernier, sur la scène surélevée, à cour et à jardin se trouve le divan de chaque équipe tandis qu’au centre se trouvent les instruments des Wonder-Trois-Quatre. Oui, oui, de la musique en direct!
Sous les cris et applaudissements d’un public enthousiaste se faisant à peine prier pour se manifester, le spectacle débute avec le MC, le désopilant Roberto Sierra qui a aussi officié comme arbitre en chef lors d’éditions précédentes. Il présente d’abord les joueurs de chaque équipe et ensuite, le chef d’orchestre. Éric Desranleau explique les signes qu’il utilise pour diriger ses musiciens; cette démonstration devient presque un numéro d’introduction au spectacle. Font ensuite leur entrée les 2 juges de ligne et l’arbitre en chef, Philippe Trépanier, qui se fait joyeusement huer, comme le veut la coutume à l’Impro Cirque. Quelques nez de clown tombent autour de l’arbitre qui impose la stricte interdiction d’en lancer aux acrobates pendant les improvisations, pour des raisons de sécurité évidentes. Trépanier rappelle aussi que prendre des photos avec flash pendant les performances risque d’aveugler les artistes qui pourraient tomber et mourir.
Tout le monde se lève pour l’hymne circassien, interrompu par l’arbitre qui annonce la première improvisation, une mixte intitulée «Coup de sifflet», discipline: le corps et ses atouts. Elle met à contribution tous les joueurs des rouges et des bleus qui, tour à tour interrompus par un coup de sifflet, gardent leur position que doit prendre le joueur suivant, situations cocasses à la clé. L’arbitre attrape un nez au vol en annonçant la deuxième improvisation ayant pour thème «La rose et le jardinier», sur une valse. La gagnante du prix coup de cœur de vendredi, Angelica «Pa-ta-to» Bongiovonni, de l’équipe des bleus, exécute une jolie improvisation à la roue Cyr, suivie par celle du rouge Frédéric «Lemieux/The best» Cormier, à la roue allemande, très réussie, qui contribuera à lui valoir le trophée de l’étoile du match. Une soirée de dix improvisations en tout, évidemment inégales, mais parmi mes préférées la mixte «Pulsion interne», avec des joueurs à l’écoute et un chœur dansé et rythmé à la présence bien dosée, composant un arrière plan signifiant aux contorsions de Myriam Deraiche.
C’est la première fois que l’Impro Cirque intègre des musiciens, avec des répercussions très positives sur la qualité du spectacle, à mon avis. Elle aussi soumise à des contraintes de genre ou de tempo, la musique s’adapte, surprend et inspire. Musiciens et acrobates développent une interaction dynamique, les voix allant même jusqu’à produire du texte. Un supplément d’âme et une amélioration très intéressante à la formule de cette soirée déjà haute en couleurs. Un bémol cependant… Techniquement très fort et impressionnant, le numéro de sangles aériennes présenté avant l’entracte détonnait un peu, peut-être à cause de la musique et de son atmosphère qui ne collait pas à celle de l’Impro Cirque. Cirque et improvisation forment un mélange explosif car les interprètes se retrouvent dans un état de vulnérabilité, habitués qu’ils sont à faire des numéros où ils exécutent des figures ou partitions invariables et répétées inlassablement. La prise de risque est réelle, autant sur le plan artistique que physique et cela teinte l’ambiance survoltée et contagieuse des soirées.
Si le public de l’Impro Cirque assiste à la création en direct d’œuvres uniques par de jeunes artistes hors de leur zone de confort, il découvre aussi une certaine relève circassienne comme les jongleurs Gabriel Beaudoin et Dominique Bouchard – l’étoile du match de vendredi – ou le gagnant du prix coup de cœur de samedi: Jérémy Vitupier.
Cofondateurs: Nicolas Fortin et Philippe Trépanier. Une production des Improduits. À la Gare Dalhousie les 1er et 2 mars 2013. À la Tohu du 29 au 31 mars 2018. En tournée durant la saison 2018-2019.
Depuis que je fréquente l’Impro Cirque, une soirée débute toujours dans le même ordre: montrer patte blanche à la sécurité en entrant dans les locaux du Cirque Éloize, acheter des nez de clown, prendre les cartons pour voter et le programme de soirée et, enfin, trouver une place. Des tables sont installées sur les côtés de la salle et, en ce samedi soir, je m’assois dans les gradins face à la scène. Un DJ assure l’ambiance sonore pendant que la salle se remplit à pleine capacité.
À 20h10 se fait entendre une sonnerie qui ressemble à une ancienne alarme d’incendie, mais le spectacle ne commence pas pour autant, c’est normal, toutes les parties que j’ai vues n’ont jamais commencé à l’heure. Comme le sarcasme de l’arbitre en chef sans pitié, ça fait partie de l’ADN de la formule depuis les débuts. Sur l’écran en fond de scène défilent en boucle la liste des prix que peuvent se mériter les joueurs avec leurs commanditaires, des photos d’éditions précédentes et la mention de partenaires comme Clowns sans frontières, qui bénéficie des profits de la vente des nez de clowns.
La LNI a fait des petits non seulement en musique mais aussi en cirque. La formule a été adaptée et chaque événement comporte des éléments spécifiques. Ainsi, dans l’équipe des bleus autant que dans celle des rouges, 5 disciplines sont représentées: acrobatie, jonglerie, contorsion, aérien et clown. Pendant un match, des appareils sont intégrés, nécessitant des techniciens ou des juges de ligne pour leur installation. Par rapport à la LNI, le fonctionnement peut différer pendant une partie, par exemple, les caucus avant les improvisations mixtes incluent les membres des équipes adverses.
Nicolas Fortin et Philippe Trépanier, avec leur compagnie les Improduits, organisent les soirées de l’Impro Cirque depuis 2010, l’événement figurait dans la programmation des 3 dernières éditions de Montréal Complètement Cirque et a même fait une incursion en Argentine, en 2011. Pour les deux plus récents matchs, le 1 et 2 mars dernier, sur la scène surélevée, à cour et à jardin se trouve le divan de chaque équipe tandis qu’au centre se trouvent les instruments des Wonder-Trois-Quatre. Oui, oui, de la musique en direct!
Sous les cris et applaudissements d’un public enthousiaste se faisant à peine prier pour se manifester, le spectacle débute avec le MC, le désopilant Roberto Sierra qui a aussi officié comme arbitre en chef lors d’éditions précédentes. Il présente d’abord les joueurs de chaque équipe et ensuite, le chef d’orchestre. Éric Desranleau explique les signes qu’il utilise pour diriger ses musiciens; cette démonstration devient presque un numéro d’introduction au spectacle. Font ensuite leur entrée les 2 juges de ligne et l’arbitre en chef, Philippe Trépanier, qui se fait joyeusement huer, comme le veut la coutume à l’Impro Cirque. Quelques nez de clown tombent autour de l’arbitre qui impose la stricte interdiction d’en lancer aux acrobates pendant les improvisations, pour des raisons de sécurité évidentes. Trépanier rappelle aussi que prendre des photos avec flash pendant les performances risque d’aveugler les artistes qui pourraient tomber et mourir.
Tout le monde se lève pour l’hymne circassien, interrompu par l’arbitre qui annonce la première improvisation, une mixte intitulée «Coup de sifflet», discipline: le corps et ses atouts. Elle met à contribution tous les joueurs des rouges et des bleus qui, tour à tour interrompus par un coup de sifflet, gardent leur position que doit prendre le joueur suivant, situations cocasses à la clé. L’arbitre attrape un nez au vol en annonçant la deuxième improvisation ayant pour thème «La rose et le jardinier», sur une valse. La gagnante du prix coup de cœur de vendredi, Angelica «Pa-ta-to» Bongiovonni, de l’équipe des bleus, exécute une jolie improvisation à la roue Cyr, suivie par celle du rouge Frédéric «Lemieux/The best» Cormier, à la roue allemande, très réussie, qui contribuera à lui valoir le trophée de l’étoile du match. Une soirée de dix improvisations en tout, évidemment inégales, mais parmi mes préférées la mixte «Pulsion interne», avec des joueurs à l’écoute et un chœur dansé et rythmé à la présence bien dosée, composant un arrière plan signifiant aux contorsions de Myriam Deraiche.
C’est la première fois que l’Impro Cirque intègre des musiciens, avec des répercussions très positives sur la qualité du spectacle, à mon avis. Elle aussi soumise à des contraintes de genre ou de tempo, la musique s’adapte, surprend et inspire. Musiciens et acrobates développent une interaction dynamique, les voix allant même jusqu’à produire du texte. Un supplément d’âme et une amélioration très intéressante à la formule de cette soirée déjà haute en couleurs. Un bémol cependant… Techniquement très fort et impressionnant, le numéro de sangles aériennes présenté avant l’entracte détonnait un peu, peut-être à cause de la musique et de son atmosphère qui ne collait pas à celle de l’Impro Cirque. Cirque et improvisation forment un mélange explosif car les interprètes se retrouvent dans un état de vulnérabilité, habitués qu’ils sont à faire des numéros où ils exécutent des figures ou partitions invariables et répétées inlassablement. La prise de risque est réelle, autant sur le plan artistique que physique et cela teinte l’ambiance survoltée et contagieuse des soirées.
Si le public de l’Impro Cirque assiste à la création en direct d’œuvres uniques par de jeunes artistes hors de leur zone de confort, il découvre aussi une certaine relève circassienne comme les jongleurs Gabriel Beaudoin et Dominique Bouchard – l’étoile du match de vendredi – ou le gagnant du prix coup de cœur de samedi: Jérémy Vitupier.
L’Impro Cirque
Cofondateurs: Nicolas Fortin et Philippe Trépanier. Une production des Improduits. À la Gare Dalhousie les 1er et 2 mars 2013. À la Tohu du 29 au 31 mars 2018. En tournée durant la saison 2018-2019.