Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Trois questions ouvertes, qui n’admettent pas de réponses toutes faites. Trois auteurs, François Archambault, Emmanuelle Jimenez et Isabelle Leblanc, qui ne tentent pas d’y répondre, mais s’en inspirent pour appréhender le si troublant concept d’humanité. Ils ne travailleront néanmoins pas sans filet, puisque Geoffrey Gaquère, l’initiateur de cette soirée, a permis aux dramaturges de rencontrer quatre spécialistes qui ont offert des visions parfois contradictoires, parfois complémentaires : un physicien (Jean-François Arguin), un généticien (François-Joseph Lapointe), une théologienne (Solange Lefebvre) et un psychologue (Nicolas Lévesque). Troublés par leurs découvertes, ils ont écrit : des notes sur les informations reçues, des réflexions, des poèmes, des personnages. Gaquère a ensuite ramassé les copies, tenté d’en extraire une structure dramatique cohérente, qui permettrait au spectateur d’apprendre, certes, mais aussi de céder à la puissance des mots, des images, des destins. Quatre acteurs (Marie-Hélène Thibault, Murielle Dutil, Maxim Gaudette et Julien Poulin) pour représenter le chiffre magique, s’il en est un : celui du nombre de lettres définissant l’ADN, des saisons, des points cardinaux, des éléments…
Le premier segment se veut plus technique (« le généticien nous a appris », « le psychologue nous a dit ») et on craint un instant de se trouver plongé dans une émission de vulgarisation scientifique. Alors qu’on se sent pris d’un vertige (comment ne pas l’être quand notre présence sur terre relève d’un calcul de probabilités infinitésimales?), le tout bascule. Plus rien d’aride alors que des personnages prennent vie devant nous. « Quand tu regardes quelque chose, tu le modifies. » Le regard du spectateur n’attend-il pas justement d’influer sur la perception que nous aurons d’un objet théâtral?
« Pour vivre, il faut être visible. » Murielle Dutil (dont la présence sur les planches s’est malheureusement faite rare dans les dernières années) devient cette vieille dame un peu lunée qui se promène dans la rue en jaquette et casquette des Expos en se présentant comme Mireille Mathieu et démystifie pour nous la folie humaine. Elle incarne aussi Rita Houle, cette exploratrice dans la soixantaine qui, face à sa mère qui se meurt dans un CHSLD, prendra une décision définitive. Julien Poulin se transforme en séducteur impénitent qui tente de blâmer ses gênes (ce n’est pas sa faute s’ils cherchent à se reproduire!) pour justifier ses incartades à répétition. On ne pourra plus jamais voyager en métro sans penser à Karine (Marie-Hélène Thibault) qui regarde les hommes dans son wagon et s’interroge à savoir avec lequel elle s’accouplerait pour assurer la survie de l’espèce en cas de catastrophe nucléaire. On se rappellera aussi ce dialogue entre deux mécaniciens (Poulin et Gaudette) qui s’interrogent sur l’origine non pas de la vie, mais de l’automobile, ou cette conversation entre frère et sœur (Gaudette et Thibault) qui se demandent quel cadeau apporter à leur sœur qui se meurt à l’hôpital : des vêtements, le livre du dalaï-lama, des chocolats?
Cet assemblage de textes pourrait-il devenir autre, une fois mis en scène? Difficile à dire. Peu importe au fond. On sort des Écuries avec bien peu de réponses, mais l’esprit étrangement ouvert. « J’aurais pu être toi. » Et s’il ne s’agissait que de se tourner vers l’autre, comme le suggère la thématique de cette 12e édition du Festival du Jamais lu?
Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Trois questions ouvertes, qui n’admettent pas de réponses toutes faites. Trois auteurs, François Archambault, Emmanuelle Jimenez et Isabelle Leblanc, qui ne tentent pas d’y répondre, mais s’en inspirent pour appréhender le si troublant concept d’humanité. Ils ne travailleront néanmoins pas sans filet, puisque Geoffrey Gaquère, l’initiateur de cette soirée, a permis aux dramaturges de rencontrer quatre spécialistes qui ont offert des visions parfois contradictoires, parfois complémentaires : un physicien (Jean-François Arguin), un généticien (François-Joseph Lapointe), une théologienne (Solange Lefebvre) et un psychologue (Nicolas Lévesque). Troublés par leurs découvertes, ils ont écrit : des notes sur les informations reçues, des réflexions, des poèmes, des personnages. Gaquère a ensuite ramassé les copies, tenté d’en extraire une structure dramatique cohérente, qui permettrait au spectateur d’apprendre, certes, mais aussi de céder à la puissance des mots, des images, des destins. Quatre acteurs (Marie-Hélène Thibault, Murielle Dutil, Maxim Gaudette et Julien Poulin) pour représenter le chiffre magique, s’il en est un : celui du nombre de lettres définissant l’ADN, des saisons, des points cardinaux, des éléments…
Le premier segment se veut plus technique (« le généticien nous a appris », « le psychologue nous a dit ») et on craint un instant de se trouver plongé dans une émission de vulgarisation scientifique. Alors qu’on se sent pris d’un vertige (comment ne pas l’être quand notre présence sur terre relève d’un calcul de probabilités infinitésimales?), le tout bascule. Plus rien d’aride alors que des personnages prennent vie devant nous. « Quand tu regardes quelque chose, tu le modifies. » Le regard du spectateur n’attend-il pas justement d’influer sur la perception que nous aurons d’un objet théâtral?
« Pour vivre, il faut être visible. » Murielle Dutil (dont la présence sur les planches s’est malheureusement faite rare dans les dernières années) devient cette vieille dame un peu lunée qui se promène dans la rue en jaquette et casquette des Expos en se présentant comme Mireille Mathieu et démystifie pour nous la folie humaine. Elle incarne aussi Rita Houle, cette exploratrice dans la soixantaine qui, face à sa mère qui se meurt dans un CHSLD, prendra une décision définitive. Julien Poulin se transforme en séducteur impénitent qui tente de blâmer ses gênes (ce n’est pas sa faute s’ils cherchent à se reproduire!) pour justifier ses incartades à répétition. On ne pourra plus jamais voyager en métro sans penser à Karine (Marie-Hélène Thibault) qui regarde les hommes dans son wagon et s’interroge à savoir avec lequel elle s’accouplerait pour assurer la survie de l’espèce en cas de catastrophe nucléaire. On se rappellera aussi ce dialogue entre deux mécaniciens (Poulin et Gaudette) qui s’interrogent sur l’origine non pas de la vie, mais de l’automobile, ou cette conversation entre frère et sœur (Gaudette et Thibault) qui se demandent quel cadeau apporter à leur sœur qui se meurt à l’hôpital : des vêtements, le livre du dalaï-lama, des chocolats?
Cet assemblage de textes pourrait-il devenir autre, une fois mis en scène? Difficile à dire. Peu importe au fond. On sort des Écuries avec bien peu de réponses, mais l’esprit étrangement ouvert. « J’aurais pu être toi. » Et s’il ne s’agissait que de se tourner vers l’autre, comme le suggère la thématique de cette 12e édition du Festival du Jamais lu?
Le festival du Jamais Lu se poursuit jusqu’au 10 mai