La compagnie Vague de cirque terminait fin septembre, dans la zone portuaire de Chicoutimi, une tournée amorcée à Goose Bay. Depuis mai dernier, la troupe, les camions et les roulottes de Carrousel et corde à linge ont dévoré des milliers de kilomètres de l’Ontario au Nouveau-Brunswick, de Sept-Îles à Gatineau, en passant par Québec – au Festival d’été –, Tadoussac et Sherbrooke.
C’est d’ailleurs avec l’intention de se produire au Québec que Noémie Gervais et Alain Boudreault, lauréats au Festival mondial du cirque de demain en 2002 avec leur duo Symbiose, ont fondé Vague de cirque. Partenaires au main à main, ils ont fait carrière, notamment en Europe, avec des cirques traditionnels et contemporains. Depuis 2009, leur cirque sous chapiteau s’inspire de la forme du cabaret, avec un spectacle familial où les numéros variés se succèdent. Créé pendant l’édition 2012 de Montréal Complètement Cirque avec une distribution composée de finissants ou de récents diplômés de l’École nationale de cirque, Carrousel et corde à linge a fait la route cette saison avec une distribution entièrement renouvelée. Le programme comporte plusieurs disciplines : banquine, corde lisse, jonglerie, acrobatie au sol et main à main, mât chinois, corde volante, diabolo, planche sautoir, barre russe, trapèze fixe ; on voit même apparaître un monocycle et une roue allemande. Les acrobates occupent entièrement l’espace, frôlant ou touchant par moments le ciel de ce petit chapiteau de 200 places, aménagé avec au centre une petite piste circulaire entourée de tables et de chaises, qui offre même un service de bar. Il faut souligner que faire autant de choses dans un espace de cette dimension est en soi un exploit.
Le cirque peut prendre bien des formes, mais n’importe qui n’est pas en mesure d’en faire comme la troupe de Vague de cirque pour ce Carrousel et corde à linge. Les huit acrobates à tout faire font leurs numéros, certes, mais ils installent aussi leurs appareils et collaborent au montage et au démontage du chapiteau avec les autres membres de la troupe.
Cirque de proximité
Le contact direct et la proximité avec le public font partie de la signature de ce genre de cirque. Le grand intérêt de Carrousel et corde à linge ne réside pas seulement dans le très bon niveau des numéros ; observer de près les valeureux acrobates, dont certains ont atteint une belle maturité artistique, ajoute au plaisir. Prenons par exemple le québécois Yannick Blackburn qui, après avoir tourné cinq ans avec Saltimbanco du Cirque du Soleil aux quatre coins de la planète, entre autres, revient travailler à la maison. En plus de ses habiletés au mât chinois ou en planche sautoir il offre une solide performance de porteur avec l’épatante et polyvalente Fanny Laneuville-Castonguay – qui réussit un double salto à la banquine, plus tôt dans le spectacle – dans un très beau duo au trapèze fixe.
De très jolis moments enrichissent le spectacle, comme la jonglerie en hauteur de Jan Oving, qui lance ses quilles à l’intérieur de la corde volante pendant que la gracieuse et performante Emmaline Piatt est en ballant. On sent dans la mise en scène l’attachement à une certaine tradition avec des numéros où les prouesses sont entrecoupées d’adresses au public pour des applaudissements. Dans le numéro de barre russe, on y a cependant ajouté une touche d’humour, les collègues du voltigeur, l’excellent Coen Clarke, qui tourne lui aussi un double, venant lui apporter de l’eau, des bonbons, ou lui faisant un massage entre chaque séquence. Les costumes ont parfois aussi une connotation traditionnelle ou des allures complètement kitsch comme dans ce farfelu numéro de diabolo latino d’un Philippe Trépanier déchaîné, dont il faut mentionner le travail comique tout au long du spectacle.
En misant sur des circassiens avec une forte présence et majoritairement expérimentés, Vague de cirque a fait un choix qui a fortement amélioré la qualité de Carrousel et corde à linge. Tourner au Québec pour y développer un public peu familier avec un cirque de proximité constitue un défi de taille, une entreprise rare. Le spectacle sera de retour à Montréal sur le quai de l’horloge du 24 au 31 octobre prochain. Souhaitons que dans les années à venir, le petit chapiteau jaune blanc et ses roulottes colorées aux formes des petites maisons des Îles de la Madeleine continueront à sillonner les routes de la province …et d’ailleurs.
Carrousel et corde à linge. Une production Vague de cirque. Sous chapiteau, quai de l’horloge à Montréal, du 24 au 31 octobre 2013.
La compagnie Vague de cirque terminait fin septembre, dans la zone portuaire de Chicoutimi, une tournée amorcée à Goose Bay. Depuis mai dernier, la troupe, les camions et les roulottes de Carrousel et corde à linge ont dévoré des milliers de kilomètres de l’Ontario au Nouveau-Brunswick, de Sept-Îles à Gatineau, en passant par Québec – au Festival d’été –, Tadoussac et Sherbrooke.
C’est d’ailleurs avec l’intention de se produire au Québec que Noémie Gervais et Alain Boudreault, lauréats au Festival mondial du cirque de demain en 2002 avec leur duo Symbiose, ont fondé Vague de cirque. Partenaires au main à main, ils ont fait carrière, notamment en Europe, avec des cirques traditionnels et contemporains. Depuis 2009, leur cirque sous chapiteau s’inspire de la forme du cabaret, avec un spectacle familial où les numéros variés se succèdent. Créé pendant l’édition 2012 de Montréal Complètement Cirque avec une distribution composée de finissants ou de récents diplômés de l’École nationale de cirque, Carrousel et corde à linge a fait la route cette saison avec une distribution entièrement renouvelée. Le programme comporte plusieurs disciplines : banquine, corde lisse, jonglerie, acrobatie au sol et main à main, mât chinois, corde volante, diabolo, planche sautoir, barre russe, trapèze fixe ; on voit même apparaître un monocycle et une roue allemande. Les acrobates occupent entièrement l’espace, frôlant ou touchant par moments le ciel de ce petit chapiteau de 200 places, aménagé avec au centre une petite piste circulaire entourée de tables et de chaises, qui offre même un service de bar. Il faut souligner que faire autant de choses dans un espace de cette dimension est en soi un exploit.
Le cirque peut prendre bien des formes, mais n’importe qui n’est pas en mesure d’en faire comme la troupe de Vague de cirque pour ce Carrousel et corde à linge. Les huit acrobates à tout faire font leurs numéros, certes, mais ils installent aussi leurs appareils et collaborent au montage et au démontage du chapiteau avec les autres membres de la troupe.
Cirque de proximité
Le contact direct et la proximité avec le public font partie de la signature de ce genre de cirque. Le grand intérêt de Carrousel et corde à linge ne réside pas seulement dans le très bon niveau des numéros ; observer de près les valeureux acrobates, dont certains ont atteint une belle maturité artistique, ajoute au plaisir. Prenons par exemple le québécois Yannick Blackburn qui, après avoir tourné cinq ans avec Saltimbanco du Cirque du Soleil aux quatre coins de la planète, entre autres, revient travailler à la maison. En plus de ses habiletés au mât chinois ou en planche sautoir il offre une solide performance de porteur avec l’épatante et polyvalente Fanny Laneuville-Castonguay – qui réussit un double salto à la banquine, plus tôt dans le spectacle – dans un très beau duo au trapèze fixe.
De très jolis moments enrichissent le spectacle, comme la jonglerie en hauteur de Jan Oving, qui lance ses quilles à l’intérieur de la corde volante pendant que la gracieuse et performante Emmaline Piatt est en ballant. On sent dans la mise en scène l’attachement à une certaine tradition avec des numéros où les prouesses sont entrecoupées d’adresses au public pour des applaudissements. Dans le numéro de barre russe, on y a cependant ajouté une touche d’humour, les collègues du voltigeur, l’excellent Coen Clarke, qui tourne lui aussi un double, venant lui apporter de l’eau, des bonbons, ou lui faisant un massage entre chaque séquence. Les costumes ont parfois aussi une connotation traditionnelle ou des allures complètement kitsch comme dans ce farfelu numéro de diabolo latino d’un Philippe Trépanier déchaîné, dont il faut mentionner le travail comique tout au long du spectacle.
En misant sur des circassiens avec une forte présence et majoritairement expérimentés, Vague de cirque a fait un choix qui a fortement amélioré la qualité de Carrousel et corde à linge. Tourner au Québec pour y développer un public peu familier avec un cirque de proximité constitue un défi de taille, une entreprise rare. Le spectacle sera de retour à Montréal sur le quai de l’horloge du 24 au 31 octobre prochain. Souhaitons que dans les années à venir, le petit chapiteau jaune blanc et ses roulottes colorées aux formes des petites maisons des Îles de la Madeleine continueront à sillonner les routes de la province …et d’ailleurs.
Carrousel et corde à linge. Une production Vague de cirque. Sous chapiteau, quai de l’horloge à Montréal, du 24 au 31 octobre 2013.