Comédien, codirecteur artistique de la compagnie Jésus, Shakespeare et Caroline, Steve Gagnon est l’auteur de La montagne rouge (sang), Ventre et En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s’arrête pas. À l’occasion du 13e Festival du Jamais Lu, le créateur fait entendre Fendre les lacs, une pièce dont les personnages «ont des chenilles, des papillons, des peuples en migration dans les jambes et dans le ventre», quelque chose comme une tragédie forestière.
Qu’est-ce qui vous met le feu au cul? Qu’est-ce qui vous donne le gout de mettre le feu autour de vous?
Je dirais la mort. Je la trouve omniprésente. Il me semble qu’il est toujours et partout question de résignation, de deuil, de guerre, de maladie… En tant qu’artiste, j’ai envie, pour ne pas dire besoin d’amener quelque chose qui donne envie d’assumer qu’on est vivant, de se concentrer là-dessus plutôt que sur tout ce qui tombe autour.
Qu’est-ce qui vous éteint? Qu’est-ce qui vous étouffe? Qu’est-ce qui menace la survie de votre flamme?
L’hypocrisie de certains politiciens ou chefs d’entreprises, leur malhonnêteté, leur soif de pouvoir. Devant de pareils crosseurs, des gens qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, c’est dur de ne pas être cynique ou défaitiste. Comment peut-on encore croire qu’il y a quelque chose de vrai dans tout ce système?
Qu’est-ce qui vous donne le feu sacré ou encore le ranime? Qu’est-ce que vous brulez de dire, de créer, de réaliser?
Je dois avouer que je suis quelqu’un d’assez sombre dans la vie. Si j’arrive à sortir de mes épisodes creux, c’est grâce à ma copine. Personne ne me comprend aussi bien qu’elle. C’est beaucoup grâce à elle, grâce à sa force, grâce à sa présence, grâce à ses mots et à ses silences si ma flamme est toujours et à ce point vivante. C’est grâce à elle, mais aussi grâce à mes parents, à ma famille, si ce que j’écris, sans être lumineux, tend franchement et de plus en plus vers la lumière.
Quel rapport entretenez-vous avec le territoire, la nature, les éléments et les animaux?
J’entretiens un rapport assez paradoxal avec ces deux pôles que sont la ville et la campagne. Je suis tout naturellement porté vers la ville, attiré par elle, en même temps qu’elle m’angoisse infiniment. Le rythme de la vie en ville m’oppresse autant que j’en ai besoin. C’est ce qui me nourrit. Cela dit, quand j’arrive en nature, je touche à une forme d’apaisement, un isolement bénéfique dont je ne pourrais tout simplement pas me passer. J’imagine qu’il y a dans ces aller-retour quelque chose qui me nourrit comme être humain et comme auteur.
Pourriez-vous me décrire votre pièce en trois mots?
Temps. Urgence. Courage.
Pourriez-vous me décrire l’un de vos personnages?
Elle s’appelle Louise et comme les sept autres personnages de la pièce, elle vit dans une cabane autour d’un lac, au milieu d’une forêt. C’est une jeune femme qui nourrit les oies du lacs. Mais les oies se font de plus en plus souvent manger par les loups que Thomas, l’homme dont Louise est amoureuse, rameute en les nourrissant. Un bon jour, Louise finira par partir à la chasse au loup, elle remontera pour ainsi dire à la source du problème.
Pourriez-vous nommer cinq sujets abordés dans votre pièce?
Le temps qui passe vite. L’infanticide. L’amour. La sauvagerie. La lâcheté.
Texte et mise en lecture: Steve Gagnon. Distribution: Marie-Josée Bastien, Véronique Côté, Marie-Soleil Dion, Renaud Lacelle-Bourdon, Olivier Morin, Daniel Parent, Guillaume Perreault et Claudiane Ruelland. Aux Écuries le lundi 5 mai 2014 à 20h.
Comédien, codirecteur artistique de la compagnie Jésus, Shakespeare et Caroline, Steve Gagnon est l’auteur de La montagne rouge (sang), Ventre et En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s’arrête pas. À l’occasion du 13e Festival du Jamais Lu, le créateur fait entendre Fendre les lacs, une pièce dont les personnages «ont des chenilles, des papillons, des peuples en migration dans les jambes et dans le ventre», quelque chose comme une tragédie forestière.
Qu’est-ce qui vous met le feu au cul? Qu’est-ce qui vous donne le gout de mettre le feu autour de vous?
Je dirais la mort. Je la trouve omniprésente. Il me semble qu’il est toujours et partout question de résignation, de deuil, de guerre, de maladie… En tant qu’artiste, j’ai envie, pour ne pas dire besoin d’amener quelque chose qui donne envie d’assumer qu’on est vivant, de se concentrer là-dessus plutôt que sur tout ce qui tombe autour.
Qu’est-ce qui vous éteint? Qu’est-ce qui vous étouffe? Qu’est-ce qui menace la survie de votre flamme?
L’hypocrisie de certains politiciens ou chefs d’entreprises, leur malhonnêteté, leur soif de pouvoir. Devant de pareils crosseurs, des gens qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, c’est dur de ne pas être cynique ou défaitiste. Comment peut-on encore croire qu’il y a quelque chose de vrai dans tout ce système?
Qu’est-ce qui vous donne le feu sacré ou encore le ranime? Qu’est-ce que vous brulez de dire, de créer, de réaliser?
Je dois avouer que je suis quelqu’un d’assez sombre dans la vie. Si j’arrive à sortir de mes épisodes creux, c’est grâce à ma copine. Personne ne me comprend aussi bien qu’elle. C’est beaucoup grâce à elle, grâce à sa force, grâce à sa présence, grâce à ses mots et à ses silences si ma flamme est toujours et à ce point vivante. C’est grâce à elle, mais aussi grâce à mes parents, à ma famille, si ce que j’écris, sans être lumineux, tend franchement et de plus en plus vers la lumière.
Quel rapport entretenez-vous avec le territoire, la nature, les éléments et les animaux?
J’entretiens un rapport assez paradoxal avec ces deux pôles que sont la ville et la campagne. Je suis tout naturellement porté vers la ville, attiré par elle, en même temps qu’elle m’angoisse infiniment. Le rythme de la vie en ville m’oppresse autant que j’en ai besoin. C’est ce qui me nourrit. Cela dit, quand j’arrive en nature, je touche à une forme d’apaisement, un isolement bénéfique dont je ne pourrais tout simplement pas me passer. J’imagine qu’il y a dans ces aller-retour quelque chose qui me nourrit comme être humain et comme auteur.
Pourriez-vous me décrire votre pièce en trois mots?
Temps. Urgence. Courage.
Pourriez-vous me décrire l’un de vos personnages?
Elle s’appelle Louise et comme les sept autres personnages de la pièce, elle vit dans une cabane autour d’un lac, au milieu d’une forêt. C’est une jeune femme qui nourrit les oies du lacs. Mais les oies se font de plus en plus souvent manger par les loups que Thomas, l’homme dont Louise est amoureuse, rameute en les nourrissant. Un bon jour, Louise finira par partir à la chasse au loup, elle remontera pour ainsi dire à la source du problème.
Pourriez-vous nommer cinq sujets abordés dans votre pièce?
Le temps qui passe vite. L’infanticide. L’amour. La sauvagerie. La lâcheté.
Fendre les lacs
Texte et mise en lecture: Steve Gagnon. Distribution: Marie-Josée Bastien, Véronique Côté, Marie-Soleil Dion, Renaud Lacelle-Bourdon, Olivier Morin, Daniel Parent, Guillaume Perreault et Claudiane Ruelland. Aux Écuries le lundi 5 mai 2014 à 20h.