Le jeune Verdi a écrit Nabucco alors que la Lombardie et la Vénétie étaient sous le joug autrichien. Difficile donc de ne pas établir de parallèles entre la résistance des Italiens et celle des Hébreux aux mains des Babyloniens dans le Jérusalem du 6e siècle avant notre ère.
La mise en scène de Thaddeus Strassberger (qui signe aussi des décors en trompe-l’œil qui souhaitent sans doute évoquer ceux de la création à La Scala, mais alourdissent inutilement l’espace), reprise à Montréal par Leigh Holman, offre d’entrée de jeu les clés pour comprendre les allusions, en installant des loges côté jardin, dans lesquelles président en robes et habits de soirée les dignitaires autrichiens, escortés par quelques soldats en faction. Le choix ne prendra toutefois son sens que deux heures quarante plus tard, lors des saluts et de l’attendu bis du « Va pensiero ».
Le livret n’est pas le plus facile à suivre. Nabucco (Nabuchodonosor) et sa fille adoptive Abigaille se disputant le pouvoir, pendant que Fenena, fille de sang du roi, prise en otage, tombe amoureuse d’Ismaele, neveu du roi de Jérusalem. Passion, jeux de coulisse, guerre et faux-semblants sont donc au rendez-vous. Difficile pourtant de ne pas rire (au moins jaune) lorsqu’Abigaille débarque, épée à la main, et tranche des têtes comme d’autres des saucisses, de ne pas étouffer un cri quand l’idole est détruite de façon abracadabrante, de saisir la pertinence de la pluie scintillante au deuxième acte.
Et que dire de ces prêtres vêtus d’une étrange burqa orange, de ce ballet des esclaves au début du troisième acte (aux poses stéréotypées égyptiennes), de cette barrière dorée ressemblant plus à un immense parc pour enfants qu’à une prison, du tableau kitsch de deux lions attendant de sauter dans l’arène qui sert de demi-fond de scène pendant qu’on s’active derrière…
Heureusement, les chanteurs sauvent la soirée qui, sinon, aurait pu paraître interminable. Dans le rôle-titre, le baryton italien Paolo Gavanelli fait un sans-faute. Profondeur de la voix, ampleur du registre, présence scénique certaine, aisance à transmettre les motivations (parfois troubles il est vrai) du personnage, tout convainc.
La soprano Tatiana Melnychenko en Abigaille finit par se révéler à partir du deuxième acte. Margaret Mezzacarpa en Fenena et Antoine Bélanger en Ismaele s’en tirent plus qu’honorablement. L’Orchestre métropolitain, placé sous la direction de Maria Colombo, offre un soutien probant.
Soulignons aussi le travail irréprochable du chœur, encore une fois préparé de main de maître par Claube Webster, élément essentiel ici.
Un opéra à écouter donc, les yeux fermés par moments, qui ne convaincra certes pas les néophytes que le genre n’est pas devenu poussiéreux.
Opéra de Giuseppe Verdi. Mise en scène de Thaddeus Strassberger. À l’Opéra de Montréal jusqu’au 27 septembre 2014.
Le jeune Verdi a écrit Nabucco alors que la Lombardie et la Vénétie étaient sous le joug autrichien. Difficile donc de ne pas établir de parallèles entre la résistance des Italiens et celle des Hébreux aux mains des Babyloniens dans le Jérusalem du 6e siècle avant notre ère.
La mise en scène de Thaddeus Strassberger (qui signe aussi des décors en trompe-l’œil qui souhaitent sans doute évoquer ceux de la création à La Scala, mais alourdissent inutilement l’espace), reprise à Montréal par Leigh Holman, offre d’entrée de jeu les clés pour comprendre les allusions, en installant des loges côté jardin, dans lesquelles président en robes et habits de soirée les dignitaires autrichiens, escortés par quelques soldats en faction. Le choix ne prendra toutefois son sens que deux heures quarante plus tard, lors des saluts et de l’attendu bis du « Va pensiero ».
Le livret n’est pas le plus facile à suivre. Nabucco (Nabuchodonosor) et sa fille adoptive Abigaille se disputant le pouvoir, pendant que Fenena, fille de sang du roi, prise en otage, tombe amoureuse d’Ismaele, neveu du roi de Jérusalem. Passion, jeux de coulisse, guerre et faux-semblants sont donc au rendez-vous. Difficile pourtant de ne pas rire (au moins jaune) lorsqu’Abigaille débarque, épée à la main, et tranche des têtes comme d’autres des saucisses, de ne pas étouffer un cri quand l’idole est détruite de façon abracadabrante, de saisir la pertinence de la pluie scintillante au deuxième acte.
Et que dire de ces prêtres vêtus d’une étrange burqa orange, de ce ballet des esclaves au début du troisième acte (aux poses stéréotypées égyptiennes), de cette barrière dorée ressemblant plus à un immense parc pour enfants qu’à une prison, du tableau kitsch de deux lions attendant de sauter dans l’arène qui sert de demi-fond de scène pendant qu’on s’active derrière…
Heureusement, les chanteurs sauvent la soirée qui, sinon, aurait pu paraître interminable. Dans le rôle-titre, le baryton italien Paolo Gavanelli fait un sans-faute. Profondeur de la voix, ampleur du registre, présence scénique certaine, aisance à transmettre les motivations (parfois troubles il est vrai) du personnage, tout convainc.
La soprano Tatiana Melnychenko en Abigaille finit par se révéler à partir du deuxième acte. Margaret Mezzacarpa en Fenena et Antoine Bélanger en Ismaele s’en tirent plus qu’honorablement. L’Orchestre métropolitain, placé sous la direction de Maria Colombo, offre un soutien probant.
Soulignons aussi le travail irréprochable du chœur, encore une fois préparé de main de maître par Claube Webster, élément essentiel ici.
Un opéra à écouter donc, les yeux fermés par moments, qui ne convaincra certes pas les néophytes que le genre n’est pas devenu poussiéreux.
Nabucco
Opéra de Giuseppe Verdi. Mise en scène de Thaddeus Strassberger. À l’Opéra de Montréal jusqu’au 27 septembre 2014.