L’éveil du corps, de la conscience, du désir, des rêves, d’un certain sens de la communauté… L’Éveil, collaboration des compagnies le Fils d’Adrien danse et les Enfants terribles, ratisse large et ne fait pas nécessairement mouche à tout coup. Juxtaposant danse (une chorégraphie d’Harold Rhéaume), textes (Steve Gagnon et Marie-Josée Bastien) et projections vidéo, le spectacle suggère plutôt qu’il exprime, à travers une série de chapitres qui fractionnent le propos et freinent de temps à autre la fluidité de l’ensemble.
On a sans doute souhaité ici tenir compte de la capacité de rétention parfois volatile des adolescents dans cette adaptation très libre de L’Éveil du printemps de Wedekind, qui traite essentiellement de la difficulté de laisser derrière soi son enfance. La scène où le jeune homme part s’installer en appartement et réalise en descendant de la voiture que, lui aussi, s’ennuiera de sa mère, reste un moment fort du spectacle, mais il risque d’interpeller plus directement l’adulte qui a déjà fait le deuil de sa jeunesse – peut-être lui-même parent – que le public cible (qui n’avait pu s’empêcher de ricaner, siffler et commenter à voix haute quand un baiser a été échangé sur scène quelques instants auparavant).
Il faut comprendre les divers chapitres de L’Éveil comme autant de variations sur un thème intemporel, chaque être vivant cette émancipation de façon différente, parallèle, pourtant pas entièrement unique. Variations qui n’adoptent pas nécessairement le même rythme, musical, narratif ou chorégraphique, donc. Certains segments se veulent volontiers agressifs (comme ces combats entre petits rois de la banlieue), d’autres plus contemplatifs. On passe sans transition de musiques suggérant une soirée de rave à d’autres plus angulaires, avec une utilisation peut-être maladroite de la marche des Montaigus et Capulets du Roméo et Juliette de Prokofiev, caricature de ballet qui entretiendra tous les clichés associés au genre.
Au niveau des textes, on oscille entre des scènes plus «parlées» et d’autres poétiques, dans lesquelles le français dit international jure parfois avec le joual. La vidéo s’intègre particulièrement bien au propos, permettant d’évoquer des lieux autres, d’incorporer quelques chorégraphies préenregistrées ou de servir de trame de fond indirecte. Si l’osmose entre les trois langages n’est pas toujours entièrement réussie, le spectacle laisse néanmoins une impression tangible. «À partir de maintenant, je ne serai rien d’autre que moi, je serai vrai.» Reste à en savoir ce qu’en retireront les adolescents…
Chorégraphie: Harold Rhéaume. Texte: Marie-Josée Bastien et Steve Gagnon. Mise en scène: Marie-Josée Bastien. Une production du Fils d’Adrien danse. À l’Usine C, à l’occasion des Coups de théâtre, le 17 novembre 2014. À la Nouvelle Scène Gilles Desjardins le 7 avril 2018. À la Maison des arts de Laval, à l’occasion de la Rencontre Théâtre Ados, le 26 avril 2018.
L’éveil du corps, de la conscience, du désir, des rêves, d’un certain sens de la communauté… L’Éveil, collaboration des compagnies le Fils d’Adrien danse et les Enfants terribles, ratisse large et ne fait pas nécessairement mouche à tout coup. Juxtaposant danse (une chorégraphie d’Harold Rhéaume), textes (Steve Gagnon et Marie-Josée Bastien) et projections vidéo, le spectacle suggère plutôt qu’il exprime, à travers une série de chapitres qui fractionnent le propos et freinent de temps à autre la fluidité de l’ensemble.
On a sans doute souhaité ici tenir compte de la capacité de rétention parfois volatile des adolescents dans cette adaptation très libre de L’Éveil du printemps de Wedekind, qui traite essentiellement de la difficulté de laisser derrière soi son enfance. La scène où le jeune homme part s’installer en appartement et réalise en descendant de la voiture que, lui aussi, s’ennuiera de sa mère, reste un moment fort du spectacle, mais il risque d’interpeller plus directement l’adulte qui a déjà fait le deuil de sa jeunesse – peut-être lui-même parent – que le public cible (qui n’avait pu s’empêcher de ricaner, siffler et commenter à voix haute quand un baiser a été échangé sur scène quelques instants auparavant).
Il faut comprendre les divers chapitres de L’Éveil comme autant de variations sur un thème intemporel, chaque être vivant cette émancipation de façon différente, parallèle, pourtant pas entièrement unique. Variations qui n’adoptent pas nécessairement le même rythme, musical, narratif ou chorégraphique, donc. Certains segments se veulent volontiers agressifs (comme ces combats entre petits rois de la banlieue), d’autres plus contemplatifs. On passe sans transition de musiques suggérant une soirée de rave à d’autres plus angulaires, avec une utilisation peut-être maladroite de la marche des Montaigus et Capulets du Roméo et Juliette de Prokofiev, caricature de ballet qui entretiendra tous les clichés associés au genre.
Au niveau des textes, on oscille entre des scènes plus «parlées» et d’autres poétiques, dans lesquelles le français dit international jure parfois avec le joual. La vidéo s’intègre particulièrement bien au propos, permettant d’évoquer des lieux autres, d’incorporer quelques chorégraphies préenregistrées ou de servir de trame de fond indirecte. Si l’osmose entre les trois langages n’est pas toujours entièrement réussie, le spectacle laisse néanmoins une impression tangible. «À partir de maintenant, je ne serai rien d’autre que moi, je serai vrai.» Reste à en savoir ce qu’en retireront les adolescents…
L’Éveil
Chorégraphie: Harold Rhéaume. Texte: Marie-Josée Bastien et Steve Gagnon. Mise en scène: Marie-Josée Bastien. Une production du Fils d’Adrien danse. À l’Usine C, à l’occasion des Coups de théâtre, le 17 novembre 2014. À la Nouvelle Scène Gilles Desjardins le 7 avril 2018. À la Maison des arts de Laval, à l’occasion de la Rencontre Théâtre Ados, le 26 avril 2018.