Tout adulte, toute vieille personne a déjà été un enfant, même si plusieurs ont tendance à l’oublier. Un tel constat a inspiré à l’auteur français Philippe Dorin cette pièce au titre magnifique, en exergue de laquelle il a inscrit la phrase suivante : « Tous les enfants sont à l’intérieur d’une vieille personne, mais ils ne le savent pas encore. »
La Petite Fille de sa fable va en prendre conscience au fil d’une rencontre onirique avec la Vieille Dame qu’elle sera devenue… en deux minutes! Ainsi, la vie passe en un éclair, et quand l’heure est venue, que la mort frappe à la porte, on n’y peut rien : impossible de retarder ce moment qu’on ne choisit pas. C’est pourtant le défi que va lancer au mystérieux Promeneur, venu pour la chercher, la Vieille Dame qui ne se sent pas prête à mourir, qui voudrait au moins rendre à la Petite Fille qu’elle a été ses souliers d’enfant. Le sursis sera court et intense, l’aînée exigeant de la fillette que leur ultime adieu se déroule dans le noir pour ne pas attirer l’attention. Consigne à laquelle l’enfant dérogera à répétition, permettant ainsi de rythmer la représentation, entre ombre et lumière.
En confiant la mise en scène à Eric Jean, créateur du succès S’embrasent du Théâtre Bluff, l’ancien directeur artistique de cette compagnie, à présent aux commandes des Deux Mondes, Sébastien Harrisson, a eu une excellente intuition. Avec une solide équipe d’interprètes et de concepteurs de talent, l’approche sensible et rigoureuse du metteur en scène a permis la création d’une œuvre forte et profonde, où la magie des images, symboliques, poétiques, distille les sensations, les réflexions, fait naître l’émotion à travers des jeux de scène réglés et variés.
La réussite de ce bijou de spectacle tient à la grande cohérence de l’ensemble. À la base, il y a la force du texte, de peu de mots mais choisis pour dérouter, pour orienter le spectateur dans un univers non réaliste. Le déroulement ponctué par les ordres « allume! » et « éteins! », lancés au début et à la fin de chaque courte scène, illustre bien l’urgence dans laquelle se retrouve la Vieille Dame et la vitalité inquiète de la Petite Fille. La scénographie dépouillée, constituée d’un tréteau étroit, tournant, surmonté d’une grande porte d’un côté et d’une fenêtre de l’autre, symbolise à merveille la maison, refuge des vivants, et pourtant fragile.
Aucun temps mort – sans jeu de mots – dans cette représentation : mouvements chorégraphiés, musiques enveloppantes et bande sonore riche de bruits de la nature et de voix d’enfants, jeux de lumière élaborés, voix des comédiens parfois amplifiées, préenregistrées ou juxtaposées, pénombre envahie par le brouillard concourent à la fascination. Louise Laprade et Marie-Pier Labrecque, vêtues et coiffées à l’identique, rendent parfaitement la dualité et l’unicité de leur personnage à double facette. Quant à Michel-Maxime Legault, il compose un Promeneur au sourire inquiétant, cependant attachant lorsqu’il se mue en papa à la fin.
Texte: Philippe Dorin. Mise en scène: Eric Jean. Scénographie et costumes: Geneviève Lizotte. Coiffures et maquillages: Sylvie Rolland Provost. Musique: Laurier Rajotte. Son: Olivier Gaudet-Savard. Éclairages: Martin Sirois. Avec Louise Laprade, Marie-Pier Labrecque (ou Clara Prévost-Dubé) et Michel-Maxime Legault. Une coproduction des Deux Mondes, des Coups de théâtre et de la Salle Jean-Marc-Dion (Sept-Îles). Aux Écuries, à l’occasion des Coups de théâtre, du 16 au 19 novembre 2014.
Tout adulte, toute vieille personne a déjà été un enfant, même si plusieurs ont tendance à l’oublier. Un tel constat a inspiré à l’auteur français Philippe Dorin cette pièce au titre magnifique, en exergue de laquelle il a inscrit la phrase suivante : « Tous les enfants sont à l’intérieur d’une vieille personne, mais ils ne le savent pas encore. »
La Petite Fille de sa fable va en prendre conscience au fil d’une rencontre onirique avec la Vieille Dame qu’elle sera devenue… en deux minutes! Ainsi, la vie passe en un éclair, et quand l’heure est venue, que la mort frappe à la porte, on n’y peut rien : impossible de retarder ce moment qu’on ne choisit pas. C’est pourtant le défi que va lancer au mystérieux Promeneur, venu pour la chercher, la Vieille Dame qui ne se sent pas prête à mourir, qui voudrait au moins rendre à la Petite Fille qu’elle a été ses souliers d’enfant. Le sursis sera court et intense, l’aînée exigeant de la fillette que leur ultime adieu se déroule dans le noir pour ne pas attirer l’attention. Consigne à laquelle l’enfant dérogera à répétition, permettant ainsi de rythmer la représentation, entre ombre et lumière.
En confiant la mise en scène à Eric Jean, créateur du succès S’embrasent du Théâtre Bluff, l’ancien directeur artistique de cette compagnie, à présent aux commandes des Deux Mondes, Sébastien Harrisson, a eu une excellente intuition. Avec une solide équipe d’interprètes et de concepteurs de talent, l’approche sensible et rigoureuse du metteur en scène a permis la création d’une œuvre forte et profonde, où la magie des images, symboliques, poétiques, distille les sensations, les réflexions, fait naître l’émotion à travers des jeux de scène réglés et variés.
La réussite de ce bijou de spectacle tient à la grande cohérence de l’ensemble. À la base, il y a la force du texte, de peu de mots mais choisis pour dérouter, pour orienter le spectateur dans un univers non réaliste. Le déroulement ponctué par les ordres « allume! » et « éteins! », lancés au début et à la fin de chaque courte scène, illustre bien l’urgence dans laquelle se retrouve la Vieille Dame et la vitalité inquiète de la Petite Fille. La scénographie dépouillée, constituée d’un tréteau étroit, tournant, surmonté d’une grande porte d’un côté et d’une fenêtre de l’autre, symbolise à merveille la maison, refuge des vivants, et pourtant fragile.
Aucun temps mort – sans jeu de mots – dans cette représentation : mouvements chorégraphiés, musiques enveloppantes et bande sonore riche de bruits de la nature et de voix d’enfants, jeux de lumière élaborés, voix des comédiens parfois amplifiées, préenregistrées ou juxtaposées, pénombre envahie par le brouillard concourent à la fascination. Louise Laprade et Marie-Pier Labrecque, vêtues et coiffées à l’identique, rendent parfaitement la dualité et l’unicité de leur personnage à double facette. Quant à Michel-Maxime Legault, il compose un Promeneur au sourire inquiétant, cependant attachant lorsqu’il se mue en papa à la fin.
Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu
Texte: Philippe Dorin. Mise en scène: Eric Jean. Scénographie et costumes: Geneviève Lizotte. Coiffures et maquillages: Sylvie Rolland Provost. Musique: Laurier Rajotte. Son: Olivier Gaudet-Savard. Éclairages: Martin Sirois. Avec Louise Laprade, Marie-Pier Labrecque (ou Clara Prévost-Dubé) et Michel-Maxime Legault. Une coproduction des Deux Mondes, des Coups de théâtre et de la Salle Jean-Marc-Dion (Sept-Îles). Aux Écuries, à l’occasion des Coups de théâtre, du 16 au 19 novembre 2014.