Il faut bien le dire, les attentes étaient élevées pour la dernière création de Bob Théâtre. Les festivaliers ont en effet eu l’occasion de goûter à deux reprises à l’intelligence scénique et à l’imagination débridée de la compagnie française, qui explore chaque fois des genres très typés.
Tandis que Nosferatu revisitait la figure du cinéma expressionniste et que Princesse K se réappropriait le merveilleux avec un sans-gêne réjouissant, Fin de série met en scène l’esthétique du film d’espionnage, plus précisément l’imagerie James Bond, avec ses poursuites terrestres et aériennes, ses sauvetages de justesse, ses coups de poing esquivés, ses pétarades et ses filles qui lui tombent dans les bras par «paquets de dix».
À partir de la célèbre musique, François Athimon installe une atmosphère à l’avenant, appuyé par Alexandre Musset au son et aux éclairages. Démarrant sur les chapeaux de roues, le one-man-show de Denis Athimon suit un rythme haletant et l’enchaînement des courtes scènes est réglé au quart de tour. Et si ce rythme semble s’essouffler à mi-parcours, ce n’est que pour nous signaler l’essoufflement du héros.
En effet, au-delà de l’univers stéréotypé bien connu, dont le spectacle enfile les motifs incontournables dès le début comme pour mieux s’en débarrasser, l’originalité de cette relecture est de mettre en scène un Bond vieillissant, fatigué des missions, des femmes et des smokings, un Bond amoureux, qui plus est, n’aspirant qu’à rester chez lui devant un bon bœuf bourguignon.
Or, ce héros à côté de ses pompes ne fait évidemment plus l’affaire des services secrets britanniques, qui projettent de l’éliminer. Mais Bond disparu, il faudra bien le remplacer, et c’est un clone de lui-même, fabriqué à partir de son ADN et nommé James Pond, qui sera chargé de le tuer puis de prendre sa place. Lorsque le clone aura été supprimé par l’«original», il faudra en fabriquer un autre…
Bob Théâtre se moque ici de la succession d’acteurs ayant incarné l’espion au flegme et au charme inchangés depuis 60 ans. Pas tuable, ce Bond. Et c’est précisément le plaisir que voulait s’offrir Denis Athimon en acceptant cette commande d’un spectacle sur la figure du chic agent secret: le tuer, enfin! Le créateur a avoué cela aux enfants après la représentation.
Seul en scène, donc, Athimon joue tous les rôles, mais campe surtout un touchant agent 007 qui constate, en voyant ses cheveux tomber et en tâtant le bourrelet de son ventre, qu’il a pris un solide coup de vieux. Il aurait bien mérité de couler des jours paisibles au coin du feu avec sa douce… Mais y a-t-il une retraite pour les personnages cultes?
Texte, mise en scène et interprétation: Denis Athimon. Une production de Bob Théâtre (France), du Théâtre des Marionnettes de Genève et du Théâtre Lillico (Rennes). À l’Usine C, à l’occasion des Coups de théâtre, jusqu’au 20 novembre 2014.
Il faut bien le dire, les attentes étaient élevées pour la dernière création de Bob Théâtre. Les festivaliers ont en effet eu l’occasion de goûter à deux reprises à l’intelligence scénique et à l’imagination débridée de la compagnie française, qui explore chaque fois des genres très typés.
Tandis que Nosferatu revisitait la figure du cinéma expressionniste et que Princesse K se réappropriait le merveilleux avec un sans-gêne réjouissant, Fin de série met en scène l’esthétique du film d’espionnage, plus précisément l’imagerie James Bond, avec ses poursuites terrestres et aériennes, ses sauvetages de justesse, ses coups de poing esquivés, ses pétarades et ses filles qui lui tombent dans les bras par «paquets de dix».
À partir de la célèbre musique, François Athimon installe une atmosphère à l’avenant, appuyé par Alexandre Musset au son et aux éclairages. Démarrant sur les chapeaux de roues, le one-man-show de Denis Athimon suit un rythme haletant et l’enchaînement des courtes scènes est réglé au quart de tour. Et si ce rythme semble s’essouffler à mi-parcours, ce n’est que pour nous signaler l’essoufflement du héros.
En effet, au-delà de l’univers stéréotypé bien connu, dont le spectacle enfile les motifs incontournables dès le début comme pour mieux s’en débarrasser, l’originalité de cette relecture est de mettre en scène un Bond vieillissant, fatigué des missions, des femmes et des smokings, un Bond amoureux, qui plus est, n’aspirant qu’à rester chez lui devant un bon bœuf bourguignon.
Or, ce héros à côté de ses pompes ne fait évidemment plus l’affaire des services secrets britanniques, qui projettent de l’éliminer. Mais Bond disparu, il faudra bien le remplacer, et c’est un clone de lui-même, fabriqué à partir de son ADN et nommé James Pond, qui sera chargé de le tuer puis de prendre sa place. Lorsque le clone aura été supprimé par l’«original», il faudra en fabriquer un autre…
Bob Théâtre se moque ici de la succession d’acteurs ayant incarné l’espion au flegme et au charme inchangés depuis 60 ans. Pas tuable, ce Bond. Et c’est précisément le plaisir que voulait s’offrir Denis Athimon en acceptant cette commande d’un spectacle sur la figure du chic agent secret: le tuer, enfin! Le créateur a avoué cela aux enfants après la représentation.
Seul en scène, donc, Athimon joue tous les rôles, mais campe surtout un touchant agent 007 qui constate, en voyant ses cheveux tomber et en tâtant le bourrelet de son ventre, qu’il a pris un solide coup de vieux. Il aurait bien mérité de couler des jours paisibles au coin du feu avec sa douce… Mais y a-t-il une retraite pour les personnages cultes?
Fin de série
Texte, mise en scène et interprétation: Denis Athimon. Une production de Bob Théâtre (France), du Théâtre des Marionnettes de Genève et du Théâtre Lillico (Rennes). À l’Usine C, à l’occasion des Coups de théâtre, jusqu’au 20 novembre 2014.