Compagnie en résidence au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, le Théâtre du Futur annonce dans le programme qu’Épopée Nord, après Clotaire Rapaille, l’opéra rock et L’assassinat du président, est le troisième volet de la Trilogie du Futur, une fresque de 37 spectacles à grand déploiement échelonnés sur 50 ans. Le ton est donné.
Dès l’entrée en salle, l’ambiance est posée : violoneux et chaise berçante, chemise à carreaux et chansons à répondre, shooters de caribou et sucre à la crème. C’est parti pour la Soirée canadienne !
On ne racontera pas l’histoire – est-elle vraiment racontable ? – qui se déroule dans un Québec du futur devenu indépendant grâce à Gilles Duceppe (je vous rappelle qu’on est dans la fiction), où les réserves autochtones sont des « centres d’interprétation de la fierté amérindienne » et les Québécois de souche, minoritaires en nombre, se sont réfugiés dans une réserve à Drummondville.
On y croise une trâlée de clones de Fred Pellerin et une foultitude de références à la culture populaire, de Denis Lévesque à Jocelyne Cazin, du Trou story de Richard Desjardins à un Jean Leloup devenu prophète (!), on sent que les auteurs se sont franchement amusés. Et si ça part dans tous les sens, ce n’est jamais décousu. Imitations, parodies et singeries alternent avec des chansons traditionnelles dont les paroles ont été « revisitées ».
Dans un décor des plus sommaires, quelques lattes de plancher contre le mur du fond, acteurs et musiciens s’en donnent à cœur joie, se roulant dans les poncifs et les clichés du folklore canadien-français qui bien souvent, déclenchent un rire franc et massif.
Bien sûr, la satire affleure dans le discours, une satire toutefois un peu convenue, qui brasse les idées reçues et les lieux communs, notamment sur la répartition du territoire. Qu’importe, on s’amuse ferme dans cette épopée menée tambour battant par Oliver Morin, dont le plaisir de jouer est communicatif, et le talent démultiplié. Il paraît difficile de lui tenir tête tant il est épatant, que dis-je… époustouflant ! Pourtant, les trois comédiens (Guillaume Tremblay, Virginie Morin et Myriam Fournier) supportent bien la comparaison, malgré quelques petites faiblesses ici où là. Enfin, si Navet Confit se montre rigolo dans son rôle de diable à la veste de costume étriquée, il reste plus efficace dans l’accompagnement musical.
Déjanté, loufoque, réjouissant, ce spectacle à haute teneur anthropologique a le mérite du rire intelligent. Par les temps et l’humour qui courent, c’est suffisamment rare pour être souligné.
Texte : Olivier Morin et Guillaume Tremblay. Mise en scène : Olivier Morin. Une production du Théâtre du Futur. Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 20 février 2015 et Aux Écuries du 28 mars au 8 avril 2017.
Compagnie en résidence au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, le Théâtre du Futur annonce dans le programme qu’Épopée Nord, après Clotaire Rapaille, l’opéra rock et L’assassinat du président, est le troisième volet de la Trilogie du Futur, une fresque de 37 spectacles à grand déploiement échelonnés sur 50 ans. Le ton est donné.
Dès l’entrée en salle, l’ambiance est posée : violoneux et chaise berçante, chemise à carreaux et chansons à répondre, shooters de caribou et sucre à la crème. C’est parti pour la Soirée canadienne !
On ne racontera pas l’histoire – est-elle vraiment racontable ? – qui se déroule dans un Québec du futur devenu indépendant grâce à Gilles Duceppe (je vous rappelle qu’on est dans la fiction), où les réserves autochtones sont des « centres d’interprétation de la fierté amérindienne » et les Québécois de souche, minoritaires en nombre, se sont réfugiés dans une réserve à Drummondville.
On y croise une trâlée de clones de Fred Pellerin et une foultitude de références à la culture populaire, de Denis Lévesque à Jocelyne Cazin, du Trou story de Richard Desjardins à un Jean Leloup devenu prophète (!), on sent que les auteurs se sont franchement amusés. Et si ça part dans tous les sens, ce n’est jamais décousu. Imitations, parodies et singeries alternent avec des chansons traditionnelles dont les paroles ont été « revisitées ».
Dans un décor des plus sommaires, quelques lattes de plancher contre le mur du fond, acteurs et musiciens s’en donnent à cœur joie, se roulant dans les poncifs et les clichés du folklore canadien-français qui bien souvent, déclenchent un rire franc et massif.
Bien sûr, la satire affleure dans le discours, une satire toutefois un peu convenue, qui brasse les idées reçues et les lieux communs, notamment sur la répartition du territoire. Qu’importe, on s’amuse ferme dans cette épopée menée tambour battant par Oliver Morin, dont le plaisir de jouer est communicatif, et le talent démultiplié. Il paraît difficile de lui tenir tête tant il est épatant, que dis-je… époustouflant ! Pourtant, les trois comédiens (Guillaume Tremblay, Virginie Morin et Myriam Fournier) supportent bien la comparaison, malgré quelques petites faiblesses ici où là. Enfin, si Navet Confit se montre rigolo dans son rôle de diable à la veste de costume étriquée, il reste plus efficace dans l’accompagnement musical.
Déjanté, loufoque, réjouissant, ce spectacle à haute teneur anthropologique a le mérite du rire intelligent. Par les temps et l’humour qui courent, c’est suffisamment rare pour être souligné.
Épopée Nord
Texte : Olivier Morin et Guillaume Tremblay. Mise en scène : Olivier Morin. Une production du Théâtre du Futur. Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 20 février 2015 et Aux Écuries du 28 mars au 8 avril 2017.