Créé à Montréal en 2014, aux Coups de Théâtre, Les Grands-Mères Mortes, spectacle conçu et interprété par Karine Sauvé, a été présenté au CNA en février et le sera aux Écuries dès le 12 mars. Pour une première création, on peut parler d’un démarrage sur les chapeaux de roues! D’autant plus que le sujet n’est pas le plus glamour qui soit: une fête des morts pour évoquer les grands-mères disparues. Et risqué: la mort n’est pas la thématique la plus prisée des potentiels diffuseurs, d’autres s’y sont cassé les dents…
Karine Sauvé raconte l’histoire de grand-maman Thérèse et de ses deux amies, Lucille et Simone, toutes trois disparues, à l’aide d’objets les symbolisant: un manteau de fourrure, un sandwich, des chaussures à talons hauts, des chevelures suspendues. Musique, théâtre d’objets, sculpture, jeu, performance et matière, Les Grands-Mères Mortes est atypique et multidisciplinaire. À l’image de sa conceptrice!
Le théâtre, l’écriture, la musique, les arts visuels, les marionnettes… Karine Sauvé a goûté à tout avant de trouver sa voie. «Et j’ai fait des bébés, s’exclame-t-elle. J’avais envie d’avoir des enfants avant de commencer ma vie professionnelle.» Deux garçons plus tard, elle étudie au DESS en théâtre de marionnette contemporain de l’UQAM, participe à des spectacles de rue, travaille avec Nathalie Derome: «Tout cela était très formateur, cela m’a permis de comprendre comment jouer, comment occuper la scène.» Karine Sauvé mène parallèlement une réflexion sur la présence, sur la manière de rencontrer le public: «Être moi-même et faire des performances, chanter, sculpter sur scène. J’ai approfondi cette démarche ces dernières années, par l’écriture, le travail de l’objet, les arts visuels…» Et la conceptions des Grands-Mères Mortes.
Une fête pour les vivants
«L’idée m’est venue alors que j’étais en France pour une classe d’écriture, raconte Karine Sauvé. Ma grand-mère Thérèse est morte, et je ne suis pas revenue pour les funérailles. Mais je me suis posée beaucoup de questions: Que fait-on quand quelqu’un meurt? Quels sont les rituels? Le titre s’est immédiatement imposé, même si on m’a prévenue que ce n’était pas très « vendeur ». On a tous une grand-mère morte…»
«C’est une fête des morts pour les vivants, poursuit-elle. Pour parler de la mort et tenter de l’apprivoiser, pour se détendre autour de cette idée, avec humour et tendresse. Bien sûr, la tristesse est là aussi, ça ne sert à rien de la nier. J’invite les gens à dédier le spectacle à quelqu’un, ou à écrire une carte. Comme un rituel. Le rituel aide à faire le travail de deuil, il permet de partager la peine, de se sentir moins seul. Cela doit correspondre à un besoin puisque les spectateurs, à la fin de la représentation, s’attardent, ils demandent à voir l’installation, les objets et la discussion s’installe. Les jeunes parlent assez spontanément de leur deuil. À Ottawa, une petite fille m’a dit: « Quand je vois le spectacle, je me rends compte que c’était joyeux ce que j’ai vécu avec grand-maman ».»
De retour de la Bourse Rideau, à Québec, où elle a présenté 20 minutes de sa performance, Karine Sauvé fait preuve d’une belle lucidité: «J’ai bon espoir pour la suite. J’ai une invitation en France l’année prochaine, et une agente de tournée qui s’occupe de la diffusion. À Québec, l’accueil a été chaleureux mais je vais faire face aux réticences des diffuseurs. D’autres spectacles tournent aussi avec le même thème, comme Vipérine, de Pascal Brullemans. Je n’aime vraiment pas l’idée d’être en compétition avec d’autres spectacles.»
Fabriquée dans une grande complicité avec David Paquet pour le texte et Nicolas Letarte à la musique (également présent sur scène) lors d’une résidence de création aux Écuries, Les Grands-Mères Mortes est une célébration joyeuse de la vie où matières, objets et textures, visuels et sonores évoquent la mémoire et les souvenirs qui nous attachent à ceux qui ne sont plus, comme de grands fils d’amour nous reliant les uns aux autres. Parce qu’on a tous une grand-mère morte… «C’est grand la mort, y’a plein de vie dedans», chantait Félix Leclerc. Une citation que je dédie aux Grand-Mères de Karine Sauvé.
Les Grands-Mères Mortes
Texte: David Paquet et Karine Sauvé. Mise en scène: Karine Sauvé. Avec Nicolas Letarte et Karine Sauvé. Musique: Nicolas Letarte. Installation: Karine Sauvé. Éclairages: Thomas Godefroid. Une production de Mammifères. Aux Écuries du 12 au 21 mars 2015. À la Maison Théâtre du 17 au 25 février 2017.
Créé à Montréal en 2014, aux Coups de Théâtre, Les Grands-Mères Mortes, spectacle conçu et interprété par Karine Sauvé, a été présenté au CNA en février et le sera aux Écuries dès le 12 mars. Pour une première création, on peut parler d’un démarrage sur les chapeaux de roues! D’autant plus que le sujet n’est pas le plus glamour qui soit: une fête des morts pour évoquer les grands-mères disparues. Et risqué: la mort n’est pas la thématique la plus prisée des potentiels diffuseurs, d’autres s’y sont cassé les dents…
Karine Sauvé raconte l’histoire de grand-maman Thérèse et de ses deux amies, Lucille et Simone, toutes trois disparues, à l’aide d’objets les symbolisant: un manteau de fourrure, un sandwich, des chaussures à talons hauts, des chevelures suspendues. Musique, théâtre d’objets, sculpture, jeu, performance et matière, Les Grands-Mères Mortes est atypique et multidisciplinaire. À l’image de sa conceptrice!
Le théâtre, l’écriture, la musique, les arts visuels, les marionnettes… Karine Sauvé a goûté à tout avant de trouver sa voie. «Et j’ai fait des bébés, s’exclame-t-elle. J’avais envie d’avoir des enfants avant de commencer ma vie professionnelle.» Deux garçons plus tard, elle étudie au DESS en théâtre de marionnette contemporain de l’UQAM, participe à des spectacles de rue, travaille avec Nathalie Derome: «Tout cela était très formateur, cela m’a permis de comprendre comment jouer, comment occuper la scène.» Karine Sauvé mène parallèlement une réflexion sur la présence, sur la manière de rencontrer le public: «Être moi-même et faire des performances, chanter, sculpter sur scène. J’ai approfondi cette démarche ces dernières années, par l’écriture, le travail de l’objet, les arts visuels…» Et la conceptions des Grands-Mères Mortes.
Une fête pour les vivants
«L’idée m’est venue alors que j’étais en France pour une classe d’écriture, raconte Karine Sauvé. Ma grand-mère Thérèse est morte, et je ne suis pas revenue pour les funérailles. Mais je me suis posée beaucoup de questions: Que fait-on quand quelqu’un meurt? Quels sont les rituels? Le titre s’est immédiatement imposé, même si on m’a prévenue que ce n’était pas très « vendeur ». On a tous une grand-mère morte…»
«C’est une fête des morts pour les vivants, poursuit-elle. Pour parler de la mort et tenter de l’apprivoiser, pour se détendre autour de cette idée, avec humour et tendresse. Bien sûr, la tristesse est là aussi, ça ne sert à rien de la nier. J’invite les gens à dédier le spectacle à quelqu’un, ou à écrire une carte. Comme un rituel. Le rituel aide à faire le travail de deuil, il permet de partager la peine, de se sentir moins seul. Cela doit correspondre à un besoin puisque les spectateurs, à la fin de la représentation, s’attardent, ils demandent à voir l’installation, les objets et la discussion s’installe. Les jeunes parlent assez spontanément de leur deuil. À Ottawa, une petite fille m’a dit: « Quand je vois le spectacle, je me rends compte que c’était joyeux ce que j’ai vécu avec grand-maman ».»
De retour de la Bourse Rideau, à Québec, où elle a présenté 20 minutes de sa performance, Karine Sauvé fait preuve d’une belle lucidité: «J’ai bon espoir pour la suite. J’ai une invitation en France l’année prochaine, et une agente de tournée qui s’occupe de la diffusion. À Québec, l’accueil a été chaleureux mais je vais faire face aux réticences des diffuseurs. D’autres spectacles tournent aussi avec le même thème, comme Vipérine, de Pascal Brullemans. Je n’aime vraiment pas l’idée d’être en compétition avec d’autres spectacles.»
Fabriquée dans une grande complicité avec David Paquet pour le texte et Nicolas Letarte à la musique (également présent sur scène) lors d’une résidence de création aux Écuries, Les Grands-Mères Mortes est une célébration joyeuse de la vie où matières, objets et textures, visuels et sonores évoquent la mémoire et les souvenirs qui nous attachent à ceux qui ne sont plus, comme de grands fils d’amour nous reliant les uns aux autres. Parce qu’on a tous une grand-mère morte… «C’est grand la mort, y’a plein de vie dedans», chantait Félix Leclerc. Une citation que je dédie aux Grand-Mères de Karine Sauvé.
Les Grands-Mères Mortes
Texte: David Paquet et Karine Sauvé. Mise en scène: Karine Sauvé. Avec Nicolas Letarte et Karine Sauvé. Musique: Nicolas Letarte. Installation: Karine Sauvé. Éclairages: Thomas Godefroid. Une production de Mammifères. Aux Écuries du 12 au 21 mars 2015. À la Maison Théâtre du 17 au 25 février 2017.