Impossible de résister à Dancing Grandmothers de la Eun-me Ahn Company de Séoul qui ouvre avec brio cette 9e édition du FTA ! Haute en couleurs, inspirée, inspirante, la production nous fait voyager sur les routes de campagnes de Corée du Sud autant que dans un passé qu’il est trop facile d’oublier.
Objet chorégraphique cohérent et brillamment articulé, d’une portée politique réelle et universelle, Dancing Grandmothers met en scène Eun-me Ahn elle-même en hanbok (dans un premier tableau qui relève presque du rituel), neuf danseurs au talent indéniable, onze mamies et un papy absolument craquants, tous, semble-t-il, dotés d’une jeunesse éternelle.
Véritable invitation au vivre ensemble, le spectacle est scindé en trois segments distincts. Le premier présente les danseurs de la compagnie, les garçons vêtus de robes fleuries et les filles de pantalons, tous chaussés de souliers de course identiques, mais chacun portant des bas dépareillés. Les mouvements proposés par les grands-mères sont d’abord exposés de façon simple, puis détournés, chacun occupant et ouvrant l’espace, le tout à une cadence effrénée (celle de la vie d’aujourd’hui). Au fil des développements des motifs, des éléments acrobatiques seront intégrés, verticalité et horizontalité traitées de façon complémentaire et ludique.
Changement de rythme, de ton, pour la vidéo mettant en lumière les grands-mères rencontrées (et quelques grands-pères). On les retrouve en train de danser au dépanneur, au salon de coiffure, sur le bord de l’autoroute, avec une ombrelle devant un édifice, en épandant de la tourbe, dans la salle d’attente d’une gare… Autant d’histoires parallèles qui nous rappellent le plaisir pur de sentir son corps en mouvement, sans contrainte, sans peur du regard de l’autre posé. Même si aucune musique n’accompagne ce tableau, on ressent différemment la pulsation, pratiquement par osmose.
Le troisième acte permet la rencontre des deux univers, dans un respect mutuel. Des groupes se constituent, un couple s’extrait de la masse, nous offrant un tango à des lieues des images reçues, d’une infinie tendresse. Chaque décennie sera revisitée (à travers une pop certes coréenne, mais qui ne dépaysera pas les oreilles nord-américaines) en un cabaret un peu déjanté, par moments d’un rare kitsch, pourtant irrésistible. On reforme les unités au fur et à mesure, on danse la farandole, on se prête à une séance de fou rire, avant que les membres de la compagnie ne revêtent tous des pyjamas fuchsia, menant le tout vers un apex endiablé, le public étant invité à participer lui aussi à la fête.
Nous avons l’âge que nous pensons avoir ; nous avons parfois besoin qu’on nous le rappelle.
Chorégraphie, mise en scène, scénographie et costumes de Eun-Me Ahn. Une production de Doosan Art center et Eun-Me Ahn Company. Présenté à l’occasion du FTA au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 22 mai 2015.
Impossible de résister à Dancing Grandmothers de la Eun-me Ahn Company de Séoul qui ouvre avec brio cette 9e édition du FTA ! Haute en couleurs, inspirée, inspirante, la production nous fait voyager sur les routes de campagnes de Corée du Sud autant que dans un passé qu’il est trop facile d’oublier.
Objet chorégraphique cohérent et brillamment articulé, d’une portée politique réelle et universelle, Dancing Grandmothers met en scène Eun-me Ahn elle-même en hanbok (dans un premier tableau qui relève presque du rituel), neuf danseurs au talent indéniable, onze mamies et un papy absolument craquants, tous, semble-t-il, dotés d’une jeunesse éternelle.
Véritable invitation au vivre ensemble, le spectacle est scindé en trois segments distincts. Le premier présente les danseurs de la compagnie, les garçons vêtus de robes fleuries et les filles de pantalons, tous chaussés de souliers de course identiques, mais chacun portant des bas dépareillés. Les mouvements proposés par les grands-mères sont d’abord exposés de façon simple, puis détournés, chacun occupant et ouvrant l’espace, le tout à une cadence effrénée (celle de la vie d’aujourd’hui). Au fil des développements des motifs, des éléments acrobatiques seront intégrés, verticalité et horizontalité traitées de façon complémentaire et ludique.
Changement de rythme, de ton, pour la vidéo mettant en lumière les grands-mères rencontrées (et quelques grands-pères). On les retrouve en train de danser au dépanneur, au salon de coiffure, sur le bord de l’autoroute, avec une ombrelle devant un édifice, en épandant de la tourbe, dans la salle d’attente d’une gare… Autant d’histoires parallèles qui nous rappellent le plaisir pur de sentir son corps en mouvement, sans contrainte, sans peur du regard de l’autre posé. Même si aucune musique n’accompagne ce tableau, on ressent différemment la pulsation, pratiquement par osmose.
Le troisième acte permet la rencontre des deux univers, dans un respect mutuel. Des groupes se constituent, un couple s’extrait de la masse, nous offrant un tango à des lieues des images reçues, d’une infinie tendresse. Chaque décennie sera revisitée (à travers une pop certes coréenne, mais qui ne dépaysera pas les oreilles nord-américaines) en un cabaret un peu déjanté, par moments d’un rare kitsch, pourtant irrésistible. On reforme les unités au fur et à mesure, on danse la farandole, on se prête à une séance de fou rire, avant que les membres de la compagnie ne revêtent tous des pyjamas fuchsia, menant le tout vers un apex endiablé, le public étant invité à participer lui aussi à la fête.
Nous avons l’âge que nous pensons avoir ; nous avons parfois besoin qu’on nous le rappelle.
Dancing Grandmothers
Chorégraphie, mise en scène, scénographie et costumes de Eun-Me Ahn. Une production de Doosan Art center et Eun-Me Ahn Company. Présenté à l’occasion du FTA au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 22 mai 2015.