Formé en théâtre et en cirque, Manuel Roque a dansé avec Marie Chouinard, Sylvain Émard, Paul-André Fortier et Daniel Léveillé. Il a créé plusieurs solos (RAW-me, présenté au festival Vue sur la relève, et Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde, présenté au OFFTA). Pour concevoir Data, il s’est inspiré des paysages grandioses de l’ouest américain, explorant comment la présence humaine devient signifiante dans un lieu.
Les premières mesures du Requiem de Fauré, dans le noir complet, imposent quelques minutes de recueillement. Puis, le corps du danseur, d’abord immobile, lentement se déploie, un muscle après l’autre – ventre, thorax, épaules, bras – comme une chrysalide qui défroisse ses ailes. Les mouvements s’esquissent, prennent de l’ampleur, empruntant parfois le rythme haché du hip hop, se désarticulent avant de se recomposer, écrivant sur la musique une autre partition, plus sauvage, parfois violente, qui vient en révéler l’intrinsèque beauté.
Si la danse est ancrée au sol, le corps, noueux, tendu, anguleux, se joue de l’équilibre, toujours précaire, toujours sorti de son axe. Les bras dessinent des vagues et semblent flotter dans l’air, les mains tendues vers le ciel, la bouche grande ouverte dans un cri muet qui, immanquablement, évoque le célèbre tableau de Munch.
Manuel Roque livre une danse intense, captivante, à la limite de la contorsion, qui fait naitre des images d’une grande poésie. Bras crochetés en ailes brisées, bras flottant en longues tentacules, marche lente de grands pliés, attitudes déconstruites qui font rouler la musculature brillante de sueur, sculptée par le mouvement. Le corps dansant de Manuel Roque exerce une indéniable fascination.
De cette cérémonie tribale et sacrée, sublimée par la musique de Gabriel Fauré, on retient la puissance de la danse, terrienne et aérienne, animale et sophistiquée. Avec Data, Manuel Roque donne une brillante démonstration de sa virtuosité de chorégraphe et d’interprète.
Une seule réserve, au sujet de la scénographie : le « rocher » enveloppé de papier aluminium qui encombre un plateau qu’on aurait préféré vide (ou bien, cette impression est-elle due aux dimensions de la scène du Prospero, très inférieures à celle de l’Usine C où le spectacle a été créé ?).
Une écriture originale, une performance saisissante : on présente Manuel Roque comme une étoile montante de la jeune scène montréalaise. Mais il est, déjà, une Étoile tout court.
Chorégraphie de Manuel Roque. Une production de la Compagnie Manuel Roque. Présenté dans le cadre du FTA au Théâtre Prospero jusqu’au 2 juin 2015.
Formé en théâtre et en cirque, Manuel Roque a dansé avec Marie Chouinard, Sylvain Émard, Paul-André Fortier et Daniel Léveillé. Il a créé plusieurs solos (RAW-me, présenté au festival Vue sur la relève, et Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde, présenté au OFFTA). Pour concevoir Data, il s’est inspiré des paysages grandioses de l’ouest américain, explorant comment la présence humaine devient signifiante dans un lieu.
Les premières mesures du Requiem de Fauré, dans le noir complet, imposent quelques minutes de recueillement. Puis, le corps du danseur, d’abord immobile, lentement se déploie, un muscle après l’autre – ventre, thorax, épaules, bras – comme une chrysalide qui défroisse ses ailes. Les mouvements s’esquissent, prennent de l’ampleur, empruntant parfois le rythme haché du hip hop, se désarticulent avant de se recomposer, écrivant sur la musique une autre partition, plus sauvage, parfois violente, qui vient en révéler l’intrinsèque beauté.
Si la danse est ancrée au sol, le corps, noueux, tendu, anguleux, se joue de l’équilibre, toujours précaire, toujours sorti de son axe. Les bras dessinent des vagues et semblent flotter dans l’air, les mains tendues vers le ciel, la bouche grande ouverte dans un cri muet qui, immanquablement, évoque le célèbre tableau de Munch.
Manuel Roque livre une danse intense, captivante, à la limite de la contorsion, qui fait naitre des images d’une grande poésie. Bras crochetés en ailes brisées, bras flottant en longues tentacules, marche lente de grands pliés, attitudes déconstruites qui font rouler la musculature brillante de sueur, sculptée par le mouvement. Le corps dansant de Manuel Roque exerce une indéniable fascination.
De cette cérémonie tribale et sacrée, sublimée par la musique de Gabriel Fauré, on retient la puissance de la danse, terrienne et aérienne, animale et sophistiquée. Avec Data, Manuel Roque donne une brillante démonstration de sa virtuosité de chorégraphe et d’interprète.
Une seule réserve, au sujet de la scénographie : le « rocher » enveloppé de papier aluminium qui encombre un plateau qu’on aurait préféré vide (ou bien, cette impression est-elle due aux dimensions de la scène du Prospero, très inférieures à celle de l’Usine C où le spectacle a été créé ?).
Une écriture originale, une performance saisissante : on présente Manuel Roque comme une étoile montante de la jeune scène montréalaise. Mais il est, déjà, une Étoile tout court.
Data
Chorégraphie de Manuel Roque. Une production de la Compagnie Manuel Roque. Présenté dans le cadre du FTA au Théâtre Prospero jusqu’au 2 juin 2015.