Plus qu’un monologue, plus qu’un récit, plus qu’un conte urbain, plus qu’une suite d’anecdotes hautes en couleur, cela tient de la rencontre. Assister à une représentation de G-Money, c’est procéder à la rencontre d’un personnage, ou plutôt d’un individu, un homme singulier et pourtant si familier, un être pathétique en même temps que diablement attachant.
Impossible de ne pas penser à King Dave – le solo d’Alexandre Goyette qui est sur le point de devenir un film sous la houlette de Podz – en écoutant les confessions de Guillaume, adulescent de 29 ans, aspirant rappeur, revendeur de drogue, Montréalais de souche transplanté contré son gré à Laval. Alors que les enjeux du vivre-ensemble sont sur toutes les lèvres, comment se fait-il qu’on donne si rarement, au théâtre comme ailleurs, la parole à ceux et celles qui s’écartent de la norme, à ceux qui tirent le diable par la queue, à ceux qui, sans être des modèles de réussite ou des sources d’inspiration, n’en sont pas moins des citoyens?
Brutale honnêteté
Les propos de G-Money, politiquement incorrects, parfois même racistes ou sexistes, mais le plus souvent désopilants, sont aussi pétris d’honnêteté. Dans un style rythmé, constellé d’anglais, bien entendu, mais également d’expressions colorées et de mots d’esprit, le jeune homme, capable d’autocritique, traduit son quotidien avec une verve enlevante. On apprend notamment qu’il habite avec sa mère, roule à vélo parce qu’il ne parvient pas à obtenir son permis de conduire, joue compulsivement à Grand Theft Auto et se livre volontiers à quelques séjours chez Algorithme Pharma pour arrondir ses fins de mois. Sans oublier qu’il a un ami black !
Le monologue a ceci de brillant qu’il s’appuie sur une alternance entre deux tons bien distincts. Entre ses adresses directes au public (où il serait encore possible de procéder à quelques réaménagements), le jeune homme dévoile peu à peu les événements d’une nuit cruciale. On passe du trivial au sérieux, du comique au tragique. On voit apparaître les rouages de la petite criminalité, les facteurs aggravants, les jours sombres qu’on pense être en mesure d’ensoleiller. Par des moyens simples, la mise en scène rend toutes les transitions très claires.
À la hauteur du personnage
Le plus beau, c’est que la performance de Guillaume B. Choquette est à la hauteur du personnage qu’il a imaginé. On a envie de dire, comme s’il s’agissait d’un rappeur, qu’il a un bon delivery, un flow implacable, beaucoup de swag. C’est que Choquette en fait juste assez pour nous faire rire… avec lui. Il ne juge pas son personnage, il ne le porte pas en dérision, il se contente de l’incarner dans toute son humanité.
Le solo a été présenté à la Risée en janvier dernier. Il est en ce moment à la Chapelle, à l’occasion du Zoofest. Ne reste qu’à lui souhaiter un déménagement le plus tôt possible à la Petite Licorne, là où il aurait tout à fait sa place.
Texte et interprétation : Guillaume B. Choquette. Mise en scène : David Strasbourg. Au Théâtre la Chapelle, à l’occasion du Zoofest, jusqu’au 1er août 2015.
Plus qu’un monologue, plus qu’un récit, plus qu’un conte urbain, plus qu’une suite d’anecdotes hautes en couleur, cela tient de la rencontre. Assister à une représentation de G-Money, c’est procéder à la rencontre d’un personnage, ou plutôt d’un individu, un homme singulier et pourtant si familier, un être pathétique en même temps que diablement attachant.
Impossible de ne pas penser à King Dave – le solo d’Alexandre Goyette qui est sur le point de devenir un film sous la houlette de Podz – en écoutant les confessions de Guillaume, adulescent de 29 ans, aspirant rappeur, revendeur de drogue, Montréalais de souche transplanté contré son gré à Laval. Alors que les enjeux du vivre-ensemble sont sur toutes les lèvres, comment se fait-il qu’on donne si rarement, au théâtre comme ailleurs, la parole à ceux et celles qui s’écartent de la norme, à ceux qui tirent le diable par la queue, à ceux qui, sans être des modèles de réussite ou des sources d’inspiration, n’en sont pas moins des citoyens?
Brutale honnêteté
Les propos de G-Money, politiquement incorrects, parfois même racistes ou sexistes, mais le plus souvent désopilants, sont aussi pétris d’honnêteté. Dans un style rythmé, constellé d’anglais, bien entendu, mais également d’expressions colorées et de mots d’esprit, le jeune homme, capable d’autocritique, traduit son quotidien avec une verve enlevante. On apprend notamment qu’il habite avec sa mère, roule à vélo parce qu’il ne parvient pas à obtenir son permis de conduire, joue compulsivement à Grand Theft Auto et se livre volontiers à quelques séjours chez Algorithme Pharma pour arrondir ses fins de mois. Sans oublier qu’il a un ami black !
Le monologue a ceci de brillant qu’il s’appuie sur une alternance entre deux tons bien distincts. Entre ses adresses directes au public (où il serait encore possible de procéder à quelques réaménagements), le jeune homme dévoile peu à peu les événements d’une nuit cruciale. On passe du trivial au sérieux, du comique au tragique. On voit apparaître les rouages de la petite criminalité, les facteurs aggravants, les jours sombres qu’on pense être en mesure d’ensoleiller. Par des moyens simples, la mise en scène rend toutes les transitions très claires.
À la hauteur du personnage
Le plus beau, c’est que la performance de Guillaume B. Choquette est à la hauteur du personnage qu’il a imaginé. On a envie de dire, comme s’il s’agissait d’un rappeur, qu’il a un bon delivery, un flow implacable, beaucoup de swag. C’est que Choquette en fait juste assez pour nous faire rire… avec lui. Il ne juge pas son personnage, il ne le porte pas en dérision, il se contente de l’incarner dans toute son humanité.
Le solo a été présenté à la Risée en janvier dernier. Il est en ce moment à la Chapelle, à l’occasion du Zoofest. Ne reste qu’à lui souhaiter un déménagement le plus tôt possible à la Petite Licorne, là où il aurait tout à fait sa place.
G-Money
Texte et interprétation : Guillaume B. Choquette. Mise en scène : David Strasbourg. Au Théâtre la Chapelle, à l’occasion du Zoofest, jusqu’au 1er août 2015.