Toruk est avant tout la rencontre de deux illustres univers fantasmagoriques dont les affinités iconographiques sont manifestes. Tant en ce qui concerne ses couleurs vives et saturées qu’en ce qui a trait à ses formes mouvantes et surdimensionnées, le monde singulier du film Avatar, de James Cameron, semblait prédestiné à se fondre dans l’esthétique du Cirque du Soleil pour engendrer une œuvre qui constituerait un hymne au rêve et à la démesure. Or, la rencontre s’avère aussi féconde qu’on pouvait l’espérer et cet hymne prend de surcroît la forme d’une création narrativement captivante et visuellement fascinante.
L’arbre sacré, et vital aux habitants de la planète Pandora, les Na’vi, est menacé par l’irruption imminente d’un volcan. Deux jeunes guerriers, accompagnés d’une botaniste aguerrie, devront rassembler un talisman provenant de chacun des cinq clans peuplant Pandora afin de pouvoir ensuite requérir l’aide du plus féroce prédateur de leur écosystème, le jusque-là indompté Toruk.
Cette quête mènera le trio à affronter les environnements les plus divers, d’une plaine désertique jusqu’à un sanctuaire de créatures volantes en passant par une vallée à la flore luxuriante. Un narrateur na’vi – parlant français, contrairement aux autres personnages dont la langue est indigène – s’assure que le parcours des protagonistes demeure en tout temps intelligible.
Particularité de ce spectacle, si on le compare à d’autres productions du Cirque du Soleil, mais aussi, plus généralement, à d’autres prestations circassiennes, toutes compagnies confondues : les diverses acrobaties y sont mises au service exclusif de l’histoire, qui a nettement préséance sur elles. Si l’on offre donc relativement peu d’exploits acrobatiques, proportionnellement à ce que l’on pourrait attendre d’un spectacle de cirque, chaque clan na’vi possède néanmoins sa spécialité (les mâts et les perches pour les uns, les différentes disciplines aériennes pour les autres, etc.) et chaque cabriole, chaque saut, chaque escalade participent au récit sans en compromettre le rythme. Ainsi, là où les aficionados de la virtuosité corporelle pourront s’estimer en reste, les spectateurs friands de récits d’aventures et de spectacles multimédias seront ravis.
D’autant plus que Michel Lemieux et Victor Pilon signent le texte et la mise en scène et que le duo n’en est pas à ses premières armes en ce qui concerne le théâtre multimédia. Pensons à La Tempête, à La Belle et la Bête ou encore à Icare. Les projections et les éclairages fabuleux qu’ils ont conçus pour Toruk, pouvant transformer la scène en un cours d’eau ou encore en une forêt, trouvent par ailleurs écho dans la magnificence des costumes inspirés des personnages d’Avatar qu’a élaborés la designer Kym Barrett.
Dans un camaïeu de bleus, passant du cobalt au turquoise selon les différents effets de lumières auxquels ils sont exposés, la seconde peau et le maquillage que portent les 35 artistes de la production semblent leur avoir été attribués par la mère nature pandorienne. Complètent cet univers onirique des marionnettes et des cerf-volants représentant des animaux biscornus.
Affirmer que Toruk est un spectacle à grand déploiement relèverait du plus conservateur des euphémismes. Un arbre gigantesque dont pendent d’innombrables branches lumineuses, une paroi rocheuse qui s’effrite jusqu’à laisser place à une chute d’eau virtuelle, sans compter la créature titre, le fameux Toruk, colossale marionnette volante chevauchée par l’un des héros, tout cela ne sont que quelques exemples des splendeurs que renferme le dernier né du Cirque du Soleil, dont la magie, l’étrangeté et la beauté s’allient en un spectacle éblouissant.
Texte et mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon. Une production du Cirque du Soleil présentée jusqu’au 3 janvier 2016 à Montréal et du 14 au 17 janvier 2016 à Québec.
Toruk est avant tout la rencontre de deux illustres univers fantasmagoriques dont les affinités iconographiques sont manifestes. Tant en ce qui concerne ses couleurs vives et saturées qu’en ce qui a trait à ses formes mouvantes et surdimensionnées, le monde singulier du film Avatar, de James Cameron, semblait prédestiné à se fondre dans l’esthétique du Cirque du Soleil pour engendrer une œuvre qui constituerait un hymne au rêve et à la démesure. Or, la rencontre s’avère aussi féconde qu’on pouvait l’espérer et cet hymne prend de surcroît la forme d’une création narrativement captivante et visuellement fascinante.
L’arbre sacré, et vital aux habitants de la planète Pandora, les Na’vi, est menacé par l’irruption imminente d’un volcan. Deux jeunes guerriers, accompagnés d’une botaniste aguerrie, devront rassembler un talisman provenant de chacun des cinq clans peuplant Pandora afin de pouvoir ensuite requérir l’aide du plus féroce prédateur de leur écosystème, le jusque-là indompté Toruk.
Cette quête mènera le trio à affronter les environnements les plus divers, d’une plaine désertique jusqu’à un sanctuaire de créatures volantes en passant par une vallée à la flore luxuriante. Un narrateur na’vi – parlant français, contrairement aux autres personnages dont la langue est indigène – s’assure que le parcours des protagonistes demeure en tout temps intelligible.
Particularité de ce spectacle, si on le compare à d’autres productions du Cirque du Soleil, mais aussi, plus généralement, à d’autres prestations circassiennes, toutes compagnies confondues : les diverses acrobaties y sont mises au service exclusif de l’histoire, qui a nettement préséance sur elles. Si l’on offre donc relativement peu d’exploits acrobatiques, proportionnellement à ce que l’on pourrait attendre d’un spectacle de cirque, chaque clan na’vi possède néanmoins sa spécialité (les mâts et les perches pour les uns, les différentes disciplines aériennes pour les autres, etc.) et chaque cabriole, chaque saut, chaque escalade participent au récit sans en compromettre le rythme. Ainsi, là où les aficionados de la virtuosité corporelle pourront s’estimer en reste, les spectateurs friands de récits d’aventures et de spectacles multimédias seront ravis.
D’autant plus que Michel Lemieux et Victor Pilon signent le texte et la mise en scène et que le duo n’en est pas à ses premières armes en ce qui concerne le théâtre multimédia. Pensons à La Tempête, à La Belle et la Bête ou encore à Icare. Les projections et les éclairages fabuleux qu’ils ont conçus pour Toruk, pouvant transformer la scène en un cours d’eau ou encore en une forêt, trouvent par ailleurs écho dans la magnificence des costumes inspirés des personnages d’Avatar qu’a élaborés la designer Kym Barrett.
Dans un camaïeu de bleus, passant du cobalt au turquoise selon les différents effets de lumières auxquels ils sont exposés, la seconde peau et le maquillage que portent les 35 artistes de la production semblent leur avoir été attribués par la mère nature pandorienne. Complètent cet univers onirique des marionnettes et des cerf-volants représentant des animaux biscornus.
Affirmer que Toruk est un spectacle à grand déploiement relèverait du plus conservateur des euphémismes. Un arbre gigantesque dont pendent d’innombrables branches lumineuses, une paroi rocheuse qui s’effrite jusqu’à laisser place à une chute d’eau virtuelle, sans compter la créature titre, le fameux Toruk, colossale marionnette volante chevauchée par l’un des héros, tout cela ne sont que quelques exemples des splendeurs que renferme le dernier né du Cirque du Soleil, dont la magie, l’étrangeté et la beauté s’allient en un spectacle éblouissant.
Toruk
Texte et mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon. Une production du Cirque du Soleil présentée jusqu’au 3 janvier 2016 à Montréal et du 14 au 17 janvier 2016 à Québec.