En septembre 2014, l’auteur écossais Douglas Maxwell est à Montréal, pour assister à la lecture d’une de ses pièces, Une veuve respectable s’initie à la vulgarité (A Respectable Widow Takes To Vulgarity), présentée à la Licorne, dans laquelle il découvre Micheline Bernard. Il lui donne le texte de Des promesses, des promesses (Promises, Promises) écrit en 2007, en lui assurant que ce rôle est pour elle. La pièce est basée sur un fait réel. Dans une classe de Londres, une petite fille de 6 ans, originaire de Somalie est muette. Des gens de sa communauté décident de l’exorciser pour lui redonner la parole. C’est l’enseignante, Miss Brodie, qui raconte l’histoire. Et c’est Micheline Bernard qui l’interprète.
Miss Brodie se présente comme une femme acariâtre et volontaire, «vénérable je veux bien, vulnérable jamais», qui a traversé sa vie de célibataire endurcie en consommant des hommes dont elle n’a pas gardé grand souvenir, en se consumant dans une solitude revêche et revancharde. Enseignante à la retraite, elle est appelée pour un remplacement dans une école primaire. Elle y rencontre Rosie, la petite fille silencieuse, et décide de la prendre sous son aile pour l’aider à sortir de son mutisme. Dans un décor minimal, composé d’un abreuvoir, d’une table et de deux chaises – un pupitre d’école qui deviendra parloir de prison – Micheline Bernard livre avec ce long monologue une belle performance, faisant surgir d’un revers de la voix, d’une inclinaison du corps ou d’un simple geste de la main les différents personnages. Intense, habitée (oserais-je dire possédée?) par son rôle, elle est totalement crédible et investie, malgré un texte qui n’évite ni les clichés ni les rebondissements prévisibles. Les indices, parfois grossiers, viennent souligner à gros traits que l’enfant est un double de la femme (elles portent toutes les deux des souliers rouges), qu’elle représente l’enfance de l’adulte.
Ainsi, on comprend très vite pourquoi la femme aigrie va se laisser attendrir par l’histoire de la petite fille, dont elle va faire un combat personnel qui lui permettra d’exorciser ses propres démons: toutes deux sont porteuses d’un traumatisme, ont vécu des violences qui sont la clé de leur silence. On insiste aussi beaucoup sur les promesses, celles que l’on fait aux enfants et qu’on ne tient pas, par négligence ou par oubli. Tout se répète dans le trajet de la vie, le bien et le mal, la soumission et la servitude, les regrets et les remords, les abus et les excès. À la fin de la pièce, Miss Brodie s’engage à ne pas révéler le secret de la petite fille (qu’on a deviné depuis longtemps), et à demeurer muette. Sa promesse faite à l’enfant.
Texte: Douglas Maxwell. Traduction: Maryse Warda. Mise en scène: Denis Bernard. Scénographie et costume: Marc Senécal. Éclairages: Claude Cournoyer. Musique: Larsen Lupin. Avec Micheline Bernard. Une production du Théâtre de la Manufacture. À la Petite Licorne jusqu’au 19 novembre 2016, puis du 19 mars au 6 avril 2018, puis du 11 au 22 mars 2019.
En septembre 2014, l’auteur écossais Douglas Maxwell est à Montréal, pour assister à la lecture d’une de ses pièces, Une veuve respectable s’initie à la vulgarité (A Respectable Widow Takes To Vulgarity), présentée à la Licorne, dans laquelle il découvre Micheline Bernard. Il lui donne le texte de Des promesses, des promesses (Promises, Promises) écrit en 2007, en lui assurant que ce rôle est pour elle. La pièce est basée sur un fait réel. Dans une classe de Londres, une petite fille de 6 ans, originaire de Somalie est muette. Des gens de sa communauté décident de l’exorciser pour lui redonner la parole. C’est l’enseignante, Miss Brodie, qui raconte l’histoire. Et c’est Micheline Bernard qui l’interprète.
Miss Brodie se présente comme une femme acariâtre et volontaire, «vénérable je veux bien, vulnérable jamais», qui a traversé sa vie de célibataire endurcie en consommant des hommes dont elle n’a pas gardé grand souvenir, en se consumant dans une solitude revêche et revancharde. Enseignante à la retraite, elle est appelée pour un remplacement dans une école primaire. Elle y rencontre Rosie, la petite fille silencieuse, et décide de la prendre sous son aile pour l’aider à sortir de son mutisme. Dans un décor minimal, composé d’un abreuvoir, d’une table et de deux chaises – un pupitre d’école qui deviendra parloir de prison – Micheline Bernard livre avec ce long monologue une belle performance, faisant surgir d’un revers de la voix, d’une inclinaison du corps ou d’un simple geste de la main les différents personnages. Intense, habitée (oserais-je dire possédée?) par son rôle, elle est totalement crédible et investie, malgré un texte qui n’évite ni les clichés ni les rebondissements prévisibles. Les indices, parfois grossiers, viennent souligner à gros traits que l’enfant est un double de la femme (elles portent toutes les deux des souliers rouges), qu’elle représente l’enfance de l’adulte.
Ainsi, on comprend très vite pourquoi la femme aigrie va se laisser attendrir par l’histoire de la petite fille, dont elle va faire un combat personnel qui lui permettra d’exorciser ses propres démons: toutes deux sont porteuses d’un traumatisme, ont vécu des violences qui sont la clé de leur silence. On insiste aussi beaucoup sur les promesses, celles que l’on fait aux enfants et qu’on ne tient pas, par négligence ou par oubli. Tout se répète dans le trajet de la vie, le bien et le mal, la soumission et la servitude, les regrets et les remords, les abus et les excès. À la fin de la pièce, Miss Brodie s’engage à ne pas révéler le secret de la petite fille (qu’on a deviné depuis longtemps), et à demeurer muette. Sa promesse faite à l’enfant.
Des promesses, des promesses
Texte: Douglas Maxwell. Traduction: Maryse Warda. Mise en scène: Denis Bernard. Scénographie et costume: Marc Senécal. Éclairages: Claude Cournoyer. Musique: Larsen Lupin. Avec Micheline Bernard. Une production du Théâtre de la Manufacture. À la Petite Licorne jusqu’au 19 novembre 2016, puis du 19 mars au 6 avril 2018, puis du 11 au 22 mars 2019.