Il est toujours enthousiasmant de découvrir un nouvel auteur de théâtre avec du potentiel, et c’est bien ce que l’on ressent en sortant de Mes enfants n’ont pas peur du noir, le premier texte de Jean-Denis Beaudoin, un conte violent inspiré de la relation tumultueuse que le jeune auteur entretenait avec son frère il y a bien longtemps (ce n’est toutefois pas une autobiographie).
La pièce connaît ici une seconde vie, après avoir été créée à Québec en 2014, avec une distribution différente. On y fait la rencontre de deux frères ennemis, Joe (Jean-Denis Beaudoin) et Sam (Steve Gagnon) qui vivent isolés dans la forêt avec leur mère (Monique Spaziani), une femme vulgaire qui joue les martyres, certaine d’avoir tout donné à ses enfants et de n’avoir strictement rien à se reprocher, quand elle est en fait colérique, injuste et qu’elle s’épanouit dans la discorde. Le père a quitté le navire il y a longtemps, mais son ombre flotte sur la maison. Quant aux deux frères, ils cultivent une relation amour-haine faite d’incessantes provocations et d’interminables disputes, qui ne peut que mal finir. Lorsque la copine de Joe (Pascale Renaud-Hébert) débarque pour l’été, le fragile équilibre est rompu et la situation dérape.
La très grande force de ce texte est d’avoir su parfaitement rendre la tyrannie ordinaire caractéristique de certaines familles dysfonctionnelles, les petits riens qui pourraient sembler anodins pris séparément, mais qui mis ensemble expliquent parfaitement comment un individu peut perdre pied voire être conduit à la folie. Une ambiance toxique, faite de mensonges, de mépris, d’humiliations, qui contamine le spectateur au point de l’étouffer. La scénographie ajoute au sentiment d’oppression, avec une scène pour le moins encombrée, qui réussit, dans un espace minuscule, à recréer efficacement l’intérieur de la maison, le bois, le lac… La mise en scène, elle aussi, amplifie le malaise : alarme stridente pendant plusieurs minutes, couteau qui crisse interminablement dans l’assiette, bagarres, cris…
Jouer avec nos nerfs
Si l’objectif était de faire de ce spectacle une épreuve, c’est réussi, et cela pourrait somme toute être satisfaisant, puisque la tension, l’hostilité et la noirceur sont au cœur du texte. Ce qui est regrettable, c’est l’excès : excès de vociférations, excès d’enfantillages entre les frères, excès de répétitions dans les dialogues… On espère rapidement un changement de registre. Quand enfin celui-ci se produit, passée la moitié du spectacle, c’est un soulagement, mais qui arrive malheureusement trop tard.
Il n’en reste pas moins que le spectacle est porté par une histoire forte et troublante, aux allures de thriller psychologique, habilement parsemée de références au conte Hansel et Gretel. Il est également soutenu par une distribution solide. Dans le rôle du frère provocateur, malsain et même un peu cinglé, Steve Gagnon excelle et fait froid dans le dos.
Texte : Jean-Denis Beaudoin. Mise en scène : Édith Patenaude. Interprétation : Jean-Denis Beaudoin, Steve Gagnon, Nicolas Germain-Marchand, Pascale Renaud-Hébert, Dayne Simard et Monique Spaziani. Scénographie et éclairages : Jean-François Labbé. Costumes et accessoires : Karine Mecteau-Bouchard. Son : Uberko. Une production de la Bête Noire, présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 3 décembre 2016.
Il est toujours enthousiasmant de découvrir un nouvel auteur de théâtre avec du potentiel, et c’est bien ce que l’on ressent en sortant de Mes enfants n’ont pas peur du noir, le premier texte de Jean-Denis Beaudoin, un conte violent inspiré de la relation tumultueuse que le jeune auteur entretenait avec son frère il y a bien longtemps (ce n’est toutefois pas une autobiographie).
La pièce connaît ici une seconde vie, après avoir été créée à Québec en 2014, avec une distribution différente. On y fait la rencontre de deux frères ennemis, Joe (Jean-Denis Beaudoin) et Sam (Steve Gagnon) qui vivent isolés dans la forêt avec leur mère (Monique Spaziani), une femme vulgaire qui joue les martyres, certaine d’avoir tout donné à ses enfants et de n’avoir strictement rien à se reprocher, quand elle est en fait colérique, injuste et qu’elle s’épanouit dans la discorde. Le père a quitté le navire il y a longtemps, mais son ombre flotte sur la maison. Quant aux deux frères, ils cultivent une relation amour-haine faite d’incessantes provocations et d’interminables disputes, qui ne peut que mal finir. Lorsque la copine de Joe (Pascale Renaud-Hébert) débarque pour l’été, le fragile équilibre est rompu et la situation dérape.
La très grande force de ce texte est d’avoir su parfaitement rendre la tyrannie ordinaire caractéristique de certaines familles dysfonctionnelles, les petits riens qui pourraient sembler anodins pris séparément, mais qui mis ensemble expliquent parfaitement comment un individu peut perdre pied voire être conduit à la folie. Une ambiance toxique, faite de mensonges, de mépris, d’humiliations, qui contamine le spectateur au point de l’étouffer. La scénographie ajoute au sentiment d’oppression, avec une scène pour le moins encombrée, qui réussit, dans un espace minuscule, à recréer efficacement l’intérieur de la maison, le bois, le lac… La mise en scène, elle aussi, amplifie le malaise : alarme stridente pendant plusieurs minutes, couteau qui crisse interminablement dans l’assiette, bagarres, cris…
Jouer avec nos nerfs
Si l’objectif était de faire de ce spectacle une épreuve, c’est réussi, et cela pourrait somme toute être satisfaisant, puisque la tension, l’hostilité et la noirceur sont au cœur du texte. Ce qui est regrettable, c’est l’excès : excès de vociférations, excès d’enfantillages entre les frères, excès de répétitions dans les dialogues… On espère rapidement un changement de registre. Quand enfin celui-ci se produit, passée la moitié du spectacle, c’est un soulagement, mais qui arrive malheureusement trop tard.
Il n’en reste pas moins que le spectacle est porté par une histoire forte et troublante, aux allures de thriller psychologique, habilement parsemée de références au conte Hansel et Gretel. Il est également soutenu par une distribution solide. Dans le rôle du frère provocateur, malsain et même un peu cinglé, Steve Gagnon excelle et fait froid dans le dos.
Mes enfants n’ont pas peur du noir
Texte : Jean-Denis Beaudoin. Mise en scène : Édith Patenaude. Interprétation : Jean-Denis Beaudoin, Steve Gagnon, Nicolas Germain-Marchand, Pascale Renaud-Hébert, Dayne Simard et Monique Spaziani. Scénographie et éclairages : Jean-François Labbé. Costumes et accessoires : Karine Mecteau-Bouchard. Son : Uberko. Une production de la Bête Noire, présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 3 décembre 2016.