Après avoir assisté à la pièce Ciao papa!, présentée au bucolique Théâtre des Cascades, certains resteront sans doute hantés par une inéluctable question. Au-delà de souhaiter, de toute évidence, atteindre le plus grand taux de rires à la minute auquel un auteur puisse aspirer, Jonathan Gagnon caressait-il aussi, en parallèle, le dessein de procéder à un recensement officieux des blagues les plus exploitées sur les scènes estivales au cours des dernières décennies, et ce, sans égard à la pertinence qu’elles peuvent avoir dans le contexte social, artistique et politique contemporain? Car le résultat de son labeur réside en une affligeante série de gags obsolètes, voire frôlant parfois la discrimination.
L’histoire se déroule dans une entreprise de pompes funèbres où se multiplient les quiproquos et les bouffonneries, ponctués par quelques – et à l’occasion sympathiques – incartades musicales sur des airs connus. Ce n’est pas la mise en situation qui pose problème, mais le fait que tout le spectacle s’avère un prétexte à mettre de l’avant un humour sans aucune finesse visitant les thèmes usités de la scatologie, du cocu – on a même sorti de la naphtaline, tout exprès pour l’occasion, les fameuses cornes désignées par deux doigts érigés de part et d’autre de la tête –, de l’Italien mafieux (dont l’accent se révèle aussi caricatural qu’insupportable) et du faux homosexuel. On aurait d’ailleurs presque envie de tisser un parallèle entre ce dernier cliché, tant pour sa désuétude que pour son irrespect crasse envers ce que nous nommons la diversité, et le fameux blackface, aujourd’hui presque unanimement décrié.
En effet, charger un comédien ou son personnage d’incarner un membre d’un groupe démographique auquel il n’appartient pas est incontestablement une entreprise délicate. Or, la mise en scène de Josée Deschênes n’apporte pas l’ombre d’un iota de subtilité au texte. Posons-nous collectivement la question : est-il encore acceptable, en 2017, de représenter l’homosexualité en mimant des poignets cassés? Est-il encore admissible de faire du dégoût, de l’aversion viscérale que ressent un personnage hétérosexuel ayant à se prétendre d’une autre orientation sexuelle un leitmotiv «comique»?
Qui plus est, dans la pochade de Jonathan Gagnon, les femmes ne jouissent pas d’un traitement plus enviable. Le spectacle tout entier ne compte qu’un seul rôle féminin et celui-ci se limite au stéréotype de la stupide secrétaire blonde dont la principale qualité semble tenir dans son soutien-gorge généreusement garni. Par souci de bonne foi, il faut admettre que les comédiens ne ménagent aucunement leurs efforts afin d’insuffler un rythme digne de l’ère technologique à laquelle nous vivons à cette comédie qui semble appartenir au passé… sans en avoir le charme suranné.
Texte : Jonathan Gagnon. Mise en scène : Josée Deschênes. Scénographie : Jonas V. Bouchard. Éclairages : Nicolas Ricard. Son : Frédéric Reddy. Chorégraphie : Catherine Ruel. Avec Jean-Pierre Chartrand, François L’Écuyer, Marie-Pier Labrecque, François-Xavier Dufour, Roger Léger et Daniel Thomas. Au Théâtre des Cascades (Pointe-des-Cascades) jusqu’au 26 août 2017.
Après avoir assisté à la pièce Ciao papa!, présentée au bucolique Théâtre des Cascades, certains resteront sans doute hantés par une inéluctable question. Au-delà de souhaiter, de toute évidence, atteindre le plus grand taux de rires à la minute auquel un auteur puisse aspirer, Jonathan Gagnon caressait-il aussi, en parallèle, le dessein de procéder à un recensement officieux des blagues les plus exploitées sur les scènes estivales au cours des dernières décennies, et ce, sans égard à la pertinence qu’elles peuvent avoir dans le contexte social, artistique et politique contemporain? Car le résultat de son labeur réside en une affligeante série de gags obsolètes, voire frôlant parfois la discrimination.
L’histoire se déroule dans une entreprise de pompes funèbres où se multiplient les quiproquos et les bouffonneries, ponctués par quelques – et à l’occasion sympathiques – incartades musicales sur des airs connus. Ce n’est pas la mise en situation qui pose problème, mais le fait que tout le spectacle s’avère un prétexte à mettre de l’avant un humour sans aucune finesse visitant les thèmes usités de la scatologie, du cocu – on a même sorti de la naphtaline, tout exprès pour l’occasion, les fameuses cornes désignées par deux doigts érigés de part et d’autre de la tête –, de l’Italien mafieux (dont l’accent se révèle aussi caricatural qu’insupportable) et du faux homosexuel. On aurait d’ailleurs presque envie de tisser un parallèle entre ce dernier cliché, tant pour sa désuétude que pour son irrespect crasse envers ce que nous nommons la diversité, et le fameux blackface, aujourd’hui presque unanimement décrié.
En effet, charger un comédien ou son personnage d’incarner un membre d’un groupe démographique auquel il n’appartient pas est incontestablement une entreprise délicate. Or, la mise en scène de Josée Deschênes n’apporte pas l’ombre d’un iota de subtilité au texte. Posons-nous collectivement la question : est-il encore acceptable, en 2017, de représenter l’homosexualité en mimant des poignets cassés? Est-il encore admissible de faire du dégoût, de l’aversion viscérale que ressent un personnage hétérosexuel ayant à se prétendre d’une autre orientation sexuelle un leitmotiv «comique»?
Qui plus est, dans la pochade de Jonathan Gagnon, les femmes ne jouissent pas d’un traitement plus enviable. Le spectacle tout entier ne compte qu’un seul rôle féminin et celui-ci se limite au stéréotype de la stupide secrétaire blonde dont la principale qualité semble tenir dans son soutien-gorge généreusement garni. Par souci de bonne foi, il faut admettre que les comédiens ne ménagent aucunement leurs efforts afin d’insuffler un rythme digne de l’ère technologique à laquelle nous vivons à cette comédie qui semble appartenir au passé… sans en avoir le charme suranné.
Ciao papa!
Texte : Jonathan Gagnon. Mise en scène : Josée Deschênes. Scénographie : Jonas V. Bouchard. Éclairages : Nicolas Ricard. Son : Frédéric Reddy. Chorégraphie : Catherine Ruel. Avec Jean-Pierre Chartrand, François L’Écuyer, Marie-Pier Labrecque, François-Xavier Dufour, Roger Léger et Daniel Thomas. Au Théâtre des Cascades (Pointe-des-Cascades) jusqu’au 26 août 2017.