En 2015, au Théâtre de la Pépinière, à Paris, Noémie Caillault créait Maligne, le solo d’une femme qui apprend, à 27 ans, qu’elle a un cancer du sein. Savante juxtaposition de tragique et de comique, le spectacle, présenté à Avignon, au Théâtre des Béliers, en 2015 et en 2016, nommé aux Molières, a obtenu un immense succès auprès de la critique aussi bien que du public. Sans parler du texte, coécrit avec Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu, qui a été publié chez Payot, en grand et puis en petit format.
«Rien ne me destinait à faire un seule en scène, explique Noémie Caillault, à Montréal ces jours-ci pour présenter Maligne à l’occasion du Zoofest. Je n’avais jamais vraiment pensé à l’écriture. Ce sont les gens de la Pépinière qui m’ont incité à raconter mon histoire. Alors que j’imaginais ne rien faire pendant mes traitements, que je croyais que le cancer allait me stopper, j’ai transformé un coup dur en quelque chose de positif, de créateur, je suis passée d’un malheur à un bonheur. J’ai vite réalisé que les choses qui m’importaient le plus, ce envers quoi je nourrissais le plus d’espoir, c’était mon métier, l’amour et la maternité. Autrement dit, dès l’annonce de la maladie, j’étais déjà en train de penser au-delà.»
Transcender le réel
L’aventure de Noémie Caillault est, comme l’écrit son metteur en scène, Morgan Perez, dans la préface qui accompagne le texte, «un peu plus grande que de la fiction et un peu plus grande que du réel». C’est probablement cette manière de cristalliser le quotidien, tout en le transcendant, ce mélange de légèreté et de gravité qui fait qu’autant de gens se reconnaissent dans l’œuvre. «Cette femme, c’est de moins en moins moi, explique la comédienne. C’est-à-dire que je prends de la distance avec mon histoire. Maligne, ce n’est pas un témoignage. Je raconte les choses de mon point de vue, bien entendu, mais l’épreuve est universelle. Ce n’est pas seulement mon existence, c’est celle de nombreuses femmes, et de ceux qui les aiment. En somme, c’est un hymne à la vie. Que ça touche à ce point les gens, c’est la plus belle récompense. C’est pour ça que je fais ce métier.»
Raconter son histoire, c’est une chose. Le faire avec esprit, intelligence et sensibilité, poésie et théâtralité, sans tomber dans les lieux communs ou le pathos à outrance, c’en est une autre. Noémie Caillault parvient à donner au spectateur (et au lecteur) le sentiment de vivre avec elle les étapes de cette grande transformation déclenchée par la maladie, cette sorte de révélation à soi-même. «À vrai dire, précise la créatrice, ce n’est pas un spectacle sur le cancer. C’est l’histoire d’une jeune femme qui découvre qu’elle a une tumeur dans le sein gauche et qui voit tous les aspects de sa vie bouleversés.»
En effet, la pièce permet d’aborder, de manière libératrice, jamais larmoyante, les sujets les plus divers. Il y a l’apprivoisement de l’idée de la mort, bien entendu, mais aussi tout ce qui a trait à la famille, à l’amour et à l’amitié, sans oublier l’image corporelle. «Les chocs sont multiples, explique Caillault. Tous les rapports sont à redéfinir. D’abord avec son propre corps, surtout en ce qui concerne la perte des cheveux, puis avec les garçons, la famille, les amies, sans parler des médecins. Tout ces traumatismes, j’ai voulu les dédramatiser. Je pense sincèrement qu’on peut rire de tout.»
Porté par cette soif de vivre peu commune, traversé de voix intérieures et extérieures, des dialogues souvent désopilants, le spectacle est une vaste introspection, le parcours d’une femme brillante qui est amenée par le destin à revisiter ses valeurs et ses priorités. Noémie Caillault, maintenant en rémission, mord dans la vie, vit plus que jamais dans l’instant présent. Dans les deniers instants de la pièce, son alter ego dit : «Je n’accepterai plus un rendez-vous dans six mois chez l’ophtalmo. Je veux voyager. Je ne prendrai plus d’abonnement annuel au club de gym. Je veux vite faire un marathon. Je ne planifierai pas mes prochaines vacances. J’ai envie d’être amoureuse. Je ne cotiserai pas pour une retraite complémentaire. Je veux avoir plein de sous. Je ne commencerai pas Guerre et Paix. Je veux rencontrer plein de gens. Je ne sais pas si je ferai encore la queue à la boulangerie.»
Texte : Noémie Caillault, Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu. Mise en scène : Morgan Perez. Avec Noémie Caillault, et les voix de Jeanne Arenes, Romane Bohringer, François Morel, Olivier Saladin et Dominique Valladi. Une production de Juste pour rire. Au Studio du Monument-National, à l’occasion du Zoofest, du 7 au 29 juillet 2017.
En 2015, au Théâtre de la Pépinière, à Paris, Noémie Caillault créait Maligne, le solo d’une femme qui apprend, à 27 ans, qu’elle a un cancer du sein. Savante juxtaposition de tragique et de comique, le spectacle, présenté à Avignon, au Théâtre des Béliers, en 2015 et en 2016, nommé aux Molières, a obtenu un immense succès auprès de la critique aussi bien que du public. Sans parler du texte, coécrit avec Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu, qui a été publié chez Payot, en grand et puis en petit format.
«Rien ne me destinait à faire un seule en scène, explique Noémie Caillault, à Montréal ces jours-ci pour présenter Maligne à l’occasion du Zoofest. Je n’avais jamais vraiment pensé à l’écriture. Ce sont les gens de la Pépinière qui m’ont incité à raconter mon histoire. Alors que j’imaginais ne rien faire pendant mes traitements, que je croyais que le cancer allait me stopper, j’ai transformé un coup dur en quelque chose de positif, de créateur, je suis passée d’un malheur à un bonheur. J’ai vite réalisé que les choses qui m’importaient le plus, ce envers quoi je nourrissais le plus d’espoir, c’était mon métier, l’amour et la maternité. Autrement dit, dès l’annonce de la maladie, j’étais déjà en train de penser au-delà.»
Transcender le réel
L’aventure de Noémie Caillault est, comme l’écrit son metteur en scène, Morgan Perez, dans la préface qui accompagne le texte, «un peu plus grande que de la fiction et un peu plus grande que du réel». C’est probablement cette manière de cristalliser le quotidien, tout en le transcendant, ce mélange de légèreté et de gravité qui fait qu’autant de gens se reconnaissent dans l’œuvre. «Cette femme, c’est de moins en moins moi, explique la comédienne. C’est-à-dire que je prends de la distance avec mon histoire. Maligne, ce n’est pas un témoignage. Je raconte les choses de mon point de vue, bien entendu, mais l’épreuve est universelle. Ce n’est pas seulement mon existence, c’est celle de nombreuses femmes, et de ceux qui les aiment. En somme, c’est un hymne à la vie. Que ça touche à ce point les gens, c’est la plus belle récompense. C’est pour ça que je fais ce métier.»
Raconter son histoire, c’est une chose. Le faire avec esprit, intelligence et sensibilité, poésie et théâtralité, sans tomber dans les lieux communs ou le pathos à outrance, c’en est une autre. Noémie Caillault parvient à donner au spectateur (et au lecteur) le sentiment de vivre avec elle les étapes de cette grande transformation déclenchée par la maladie, cette sorte de révélation à soi-même. «À vrai dire, précise la créatrice, ce n’est pas un spectacle sur le cancer. C’est l’histoire d’une jeune femme qui découvre qu’elle a une tumeur dans le sein gauche et qui voit tous les aspects de sa vie bouleversés.»
En effet, la pièce permet d’aborder, de manière libératrice, jamais larmoyante, les sujets les plus divers. Il y a l’apprivoisement de l’idée de la mort, bien entendu, mais aussi tout ce qui a trait à la famille, à l’amour et à l’amitié, sans oublier l’image corporelle. «Les chocs sont multiples, explique Caillault. Tous les rapports sont à redéfinir. D’abord avec son propre corps, surtout en ce qui concerne la perte des cheveux, puis avec les garçons, la famille, les amies, sans parler des médecins. Tout ces traumatismes, j’ai voulu les dédramatiser. Je pense sincèrement qu’on peut rire de tout.»
Porté par cette soif de vivre peu commune, traversé de voix intérieures et extérieures, des dialogues souvent désopilants, le spectacle est une vaste introspection, le parcours d’une femme brillante qui est amenée par le destin à revisiter ses valeurs et ses priorités. Noémie Caillault, maintenant en rémission, mord dans la vie, vit plus que jamais dans l’instant présent. Dans les deniers instants de la pièce, son alter ego dit : «Je n’accepterai plus un rendez-vous dans six mois chez l’ophtalmo. Je veux voyager. Je ne prendrai plus d’abonnement annuel au club de gym. Je veux vite faire un marathon. Je ne planifierai pas mes prochaines vacances. J’ai envie d’être amoureuse. Je ne cotiserai pas pour une retraite complémentaire. Je veux avoir plein de sous. Je ne commencerai pas Guerre et Paix. Je veux rencontrer plein de gens. Je ne sais pas si je ferai encore la queue à la boulangerie.»
Maligne
Texte : Noémie Caillault, Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu. Mise en scène : Morgan Perez. Avec Noémie Caillault, et les voix de Jeanne Arenes, Romane Bohringer, François Morel, Olivier Saladin et Dominique Valladi. Une production de Juste pour rire. Au Studio du Monument-National, à l’occasion du Zoofest, du 7 au 29 juillet 2017.