Le jury du prix Gratien-Gélinas 2017 a accordé une mention au texte de Benjamin Pradet : Schefferville pendant l’extinction de la race blanche ou Le carnaval indien de l’Orphelinat des Monstres. La pièce sera mise en lecture par Sébastien David en ouverture de Dramaturgies en Dialogue, un événement présenté au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui par le Centre des auteurs dramatiques.
Au cœur de l’épopée imaginée par Pradet, on trouve l’un des personnages les plus controversés de l’histoire du Québec : Maurice Duplessis. «Lorsqu’une majorité de gens persiste à ne propager qu’une image violente d’un être humain, j’essaie de porter plus fort la parole de sa blessure, confie l’auteur. Je ne veux pas l’excuser, mais le comprendre. Si je comprends, j’aime mieux. La pièce raconte un Maurice Duplessis amoureux. Mais l’extinction de la race blanche, ici, c’est la disparition de l’amour.»
Dans son entreprise délicate, l’auteur, qui a travaillé comme intervenant social, entre autres à Schefferville, au sein de la communauté innue de Matimekosh, a tenu à faire valoir tous les points de vue : «Je voulais aussi donner la parole à ceux qui ont pâti de la blessure d’un homme qui s’est élevé au rang de Chef. C’est étrange comme j’ai pu me sentir près de Duplessis. Je n’ai jamais été en paix avec mon travail d’intervenant en communauté autochtone. En même temps, la culpabilité empesée, je la trouve vaine. J’ai voulu écrire sur beaucoup de nos contradictions d’humains.»
Tout est possible
Benjamin Pradet trouve une inspiration, voire une permission dans les œuvres de l’écrivain japonais Haruki Murakami : «Je vais passer ma vie entière à essayer de me libérer, et ses romans me réapprennent que tout est possible, qu’il faut s’affranchir de ce vers quoi les autres nous entraînent, consciemment ou non. On répète souvent qu’il ne faut qu’être soi-même. Je ne suis pas certain que d’homme à homme, on se permette de l’être.»
Pas de doute, dans sa manière d’entrelacer l’histoire et le fantasme, les faits et les mythes, Benjamin Pradet est tout ce qu’il y a de plus libre : «Le réel et l’imaginaire n’ont pas besoin d’être séparés, pas dans l’écriture.» Néanmoins, la scène impose qu’on donne une certaine matérialité aux inventions sans bornes de l’écriture. À cette tâche, Sébastien David, qui a déjà mis en scène 80 000 âmes vers Albany, la «première» pièce de l’auteur diplômé de l’École nationale de théâtre en 2013, semble particulièrement doué. «Sébastien a la capacité de traduire par de la lumière les chemins par moments obscurs que mes nombreux mots empruntent, explique Pradet. Il sait ce que j’ai voulu dire, parfois alors que je l’ignore moi-même.»
En captivité
Toujours pour Dramaturgies en Dialogue, Benjamin Pradet a traduit une pièce de Christopher Chen, un auteur né à San Francisco d’un père chinois et d’une mère américaine. Abordant notamment les notions de représentation et d’appropriation culturelle, Captifs sera mis en lecture par Philippe Cyr. «La pièce décrit notre acharnement à structurer le monde, à chercher les planchers solides, explique le traducteur. Alors que la réponse réside plutôt dans un certain abandon, un détachement.»
Dans Captifs, Christopher Chen écrit : «Je suis né dans un village sans mensonges. Toute ma vie, j’ai tenté de retrouver le village de mon enfance. J’ai observé, en quête de vérité, mais je n’ai vu que des mensonges. À l’intérieur des autres. À l’intérieur de moi-même.» Dans cette soif de vérité, Pradet ne peut s’empêcher de reconnaître la sienne : «La vérité que l’on poursuit n’est pas si loin, en fait. Mais je me demande pourquoi elle est si difficile à atteindre.»
ou Le carnaval indien de l’Orphelinat des Monstres. Texte : Benjamin Pradet. Mise en lecture : Sébastien David. Avec Jean-Denis Beaudoin, Ann-Catherine Choquette, Marco Collin, Sébastien David, Steve Gagnon, Sharon Ibgui, Benoît McGinnis, Alice Pascual, Dominique Quesnel et Sébastien René. Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à l’occasion de Dramaturgies en Dialogue, le 23 août 2017 à 20 h.
Texte : Christopher Chen. Traduction de Caught : Benjamin Pradet. Mise en lecture : Philippe Cyr. Avec Stéphane Jacques, Dominique Leclerc, Étienne Lou et Cynthia Wu-Maheux. Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à l’occasion de Dramaturgies en Dialogue, le 24 août 2017 à 17 h 30.
Le jury du prix Gratien-Gélinas 2017 a accordé une mention au texte de Benjamin Pradet : Schefferville pendant l’extinction de la race blanche ou Le carnaval indien de l’Orphelinat des Monstres. La pièce sera mise en lecture par Sébastien David en ouverture de Dramaturgies en Dialogue, un événement présenté au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui par le Centre des auteurs dramatiques.
Au cœur de l’épopée imaginée par Pradet, on trouve l’un des personnages les plus controversés de l’histoire du Québec : Maurice Duplessis. «Lorsqu’une majorité de gens persiste à ne propager qu’une image violente d’un être humain, j’essaie de porter plus fort la parole de sa blessure, confie l’auteur. Je ne veux pas l’excuser, mais le comprendre. Si je comprends, j’aime mieux. La pièce raconte un Maurice Duplessis amoureux. Mais l’extinction de la race blanche, ici, c’est la disparition de l’amour.»
Dans son entreprise délicate, l’auteur, qui a travaillé comme intervenant social, entre autres à Schefferville, au sein de la communauté innue de Matimekosh, a tenu à faire valoir tous les points de vue : «Je voulais aussi donner la parole à ceux qui ont pâti de la blessure d’un homme qui s’est élevé au rang de Chef. C’est étrange comme j’ai pu me sentir près de Duplessis. Je n’ai jamais été en paix avec mon travail d’intervenant en communauté autochtone. En même temps, la culpabilité empesée, je la trouve vaine. J’ai voulu écrire sur beaucoup de nos contradictions d’humains.»
Tout est possible
Benjamin Pradet trouve une inspiration, voire une permission dans les œuvres de l’écrivain japonais Haruki Murakami : «Je vais passer ma vie entière à essayer de me libérer, et ses romans me réapprennent que tout est possible, qu’il faut s’affranchir de ce vers quoi les autres nous entraînent, consciemment ou non. On répète souvent qu’il ne faut qu’être soi-même. Je ne suis pas certain que d’homme à homme, on se permette de l’être.»
Pas de doute, dans sa manière d’entrelacer l’histoire et le fantasme, les faits et les mythes, Benjamin Pradet est tout ce qu’il y a de plus libre : «Le réel et l’imaginaire n’ont pas besoin d’être séparés, pas dans l’écriture.» Néanmoins, la scène impose qu’on donne une certaine matérialité aux inventions sans bornes de l’écriture. À cette tâche, Sébastien David, qui a déjà mis en scène 80 000 âmes vers Albany, la «première» pièce de l’auteur diplômé de l’École nationale de théâtre en 2013, semble particulièrement doué. «Sébastien a la capacité de traduire par de la lumière les chemins par moments obscurs que mes nombreux mots empruntent, explique Pradet. Il sait ce que j’ai voulu dire, parfois alors que je l’ignore moi-même.»
En captivité
Toujours pour Dramaturgies en Dialogue, Benjamin Pradet a traduit une pièce de Christopher Chen, un auteur né à San Francisco d’un père chinois et d’une mère américaine. Abordant notamment les notions de représentation et d’appropriation culturelle, Captifs sera mis en lecture par Philippe Cyr. «La pièce décrit notre acharnement à structurer le monde, à chercher les planchers solides, explique le traducteur. Alors que la réponse réside plutôt dans un certain abandon, un détachement.»
Dans Captifs, Christopher Chen écrit : «Je suis né dans un village sans mensonges. Toute ma vie, j’ai tenté de retrouver le village de mon enfance. J’ai observé, en quête de vérité, mais je n’ai vu que des mensonges. À l’intérieur des autres. À l’intérieur de moi-même.» Dans cette soif de vérité, Pradet ne peut s’empêcher de reconnaître la sienne : «La vérité que l’on poursuit n’est pas si loin, en fait. Mais je me demande pourquoi elle est si difficile à atteindre.»
Schefferville pendant l’extinction de la race blanche
ou Le carnaval indien de l’Orphelinat des Monstres. Texte : Benjamin Pradet. Mise en lecture : Sébastien David. Avec Jean-Denis Beaudoin, Ann-Catherine Choquette, Marco Collin, Sébastien David, Steve Gagnon, Sharon Ibgui, Benoît McGinnis, Alice Pascual, Dominique Quesnel et Sébastien René. Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à l’occasion de Dramaturgies en Dialogue, le 23 août 2017 à 20 h.
Captifs
Texte : Christopher Chen. Traduction de Caught : Benjamin Pradet. Mise en lecture : Philippe Cyr. Avec Stéphane Jacques, Dominique Leclerc, Étienne Lou et Cynthia Wu-Maheux. Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à l’occasion de Dramaturgies en Dialogue, le 24 août 2017 à 17 h 30.