Ce Camillien Houde était un sacré bonhomme. Le p’tit gars de Sainte-Marie est un personnage aussi méconnu que sa longévité à la tête de la métropole fut remarquable, si bien qu’elle lui valut le surnom de Monsieur Montréal. Comme maire, Houde passera au total 18 ans à s’occuper du sort des petites gens et des gagne-petit, parmi lesquels il était né et à qui il n’a eu de cesse de vouloir donner une voix.
C’est donc la vie haute en couleur de cet homme excessif que nous raconte le texte d’Alexis Martin, dans une mise en scène soignée de Daniel Brière et Geoffrey Gaquère, une direction qui fait la part belle aux instants comiques plus qu’à une véritable intensité dramatique. Reste qu’à travers le parcours personnel et politique d’un homme, c’est un pan entier d’une humanité déboussolée par un second conflit mondial qui est raconté sur scène et, quand la météo le veut bien, dans les rues adjacentes à l’Espace Libre, entre la place Joseph-Venne et le Parc des Faubourgs. Rappelons que le « spectacle de quartier » permet à une vingtaine de citoyens de tous âges, formés lors d’ateliers d’improvisations, de jeu et de mouvement, de participer à un chœur de figurants.
Avec sa prestance et sa voix d’écorché vif, Pierre Lebeau était tout désigné pour incarner Camillien Houde. Quant à Josée Deschênes, qui interprète Georgette Falardeau, sa deuxième épouse, elle livre une prestation délicieuse. La représentation est parsemée de moments tantôt tendres, comme lorsque les deux tombent en amour autour d’une boîte de biscuits, tantôt extrêmement drôles, comme lorsqu’ils font une démonstration de la recette du pouding chômeur dans un numéro comique qui relève plus du stand-up que du drame historique.
Certains choix de mise en scène ajoutent du comique et du grotesque à une ambiance — celle de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale — qui pourrait être pesante. En ce sens, le personnage de la diseuse de bonne aventure et les interventions de celle qui « sert » de la boucane aux personnages pour mieux représenter les salles enfumées de l’époque visent juste.
Avec ses forces et ses nombreuses faiblesses, son alcoolisme et ses dettes, Camillien Houde était en quelque sorte un populiste en avance sur son temps, mais suffisamment sincère pour échapper à la tentation totalitaire des années 1930. L’homme était bien conscient que le peuple, celui qui l’a fait, celui qu’il aime tant, les citoyens de Montréal, n’aiment pas les extrêmes. Et en 2017, c’est toujours aussi vrai.
Texte : Alexis Martin. Mise en scène : Daniel Brière et Geoffrey Gaquère. Musique : Anthony Rozankovic. Scénographie : Jean Bard. Éclairages : Nicolas Descôteaux. Costumes : Catherine Gauthier. Coiffures : Marc-André Lessard. Vidéo : Pierre Laniel. Avec Josée Deschênes, Johanne Haberlin, Pierre Lebeau, Jacques L’Heureux, Didier Lucien, Evelyne Rompré et 22 citoyens du quartier Centre-Sud. Une production d’Espace Libre et du Nouveau Théâtre Expérimental. À Espace Libre, à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, jusqu’au 2 septembre 2017.
Ce Camillien Houde était un sacré bonhomme. Le p’tit gars de Sainte-Marie est un personnage aussi méconnu que sa longévité à la tête de la métropole fut remarquable, si bien qu’elle lui valut le surnom de Monsieur Montréal. Comme maire, Houde passera au total 18 ans à s’occuper du sort des petites gens et des gagne-petit, parmi lesquels il était né et à qui il n’a eu de cesse de vouloir donner une voix.
C’est donc la vie haute en couleur de cet homme excessif que nous raconte le texte d’Alexis Martin, dans une mise en scène soignée de Daniel Brière et Geoffrey Gaquère, une direction qui fait la part belle aux instants comiques plus qu’à une véritable intensité dramatique. Reste qu’à travers le parcours personnel et politique d’un homme, c’est un pan entier d’une humanité déboussolée par un second conflit mondial qui est raconté sur scène et, quand la météo le veut bien, dans les rues adjacentes à l’Espace Libre, entre la place Joseph-Venne et le Parc des Faubourgs. Rappelons que le « spectacle de quartier » permet à une vingtaine de citoyens de tous âges, formés lors d’ateliers d’improvisations, de jeu et de mouvement, de participer à un chœur de figurants.
Avec sa prestance et sa voix d’écorché vif, Pierre Lebeau était tout désigné pour incarner Camillien Houde. Quant à Josée Deschênes, qui interprète Georgette Falardeau, sa deuxième épouse, elle livre une prestation délicieuse. La représentation est parsemée de moments tantôt tendres, comme lorsque les deux tombent en amour autour d’une boîte de biscuits, tantôt extrêmement drôles, comme lorsqu’ils font une démonstration de la recette du pouding chômeur dans un numéro comique qui relève plus du stand-up que du drame historique.
Certains choix de mise en scène ajoutent du comique et du grotesque à une ambiance — celle de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale — qui pourrait être pesante. En ce sens, le personnage de la diseuse de bonne aventure et les interventions de celle qui « sert » de la boucane aux personnages pour mieux représenter les salles enfumées de l’époque visent juste.
Avec ses forces et ses nombreuses faiblesses, son alcoolisme et ses dettes, Camillien Houde était en quelque sorte un populiste en avance sur son temps, mais suffisamment sincère pour échapper à la tentation totalitaire des années 1930. L’homme était bien conscient que le peuple, celui qui l’a fait, celui qu’il aime tant, les citoyens de Montréal, n’aiment pas les extrêmes. Et en 2017, c’est toujours aussi vrai.
Camillien Houde, « le p’tit gars de Sainte-Marie »
Texte : Alexis Martin. Mise en scène : Daniel Brière et Geoffrey Gaquère. Musique : Anthony Rozankovic. Scénographie : Jean Bard. Éclairages : Nicolas Descôteaux. Costumes : Catherine Gauthier. Coiffures : Marc-André Lessard. Vidéo : Pierre Laniel. Avec Josée Deschênes, Johanne Haberlin, Pierre Lebeau, Jacques L’Heureux, Didier Lucien, Evelyne Rompré et 22 citoyens du quartier Centre-Sud. Une production d’Espace Libre et du Nouveau Théâtre Expérimental. À Espace Libre, à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, jusqu’au 2 septembre 2017.