Agréable double surprise que cette cinquième création du Mimésis, qui nous permet de découvrir un lieu, nouveau et inusité pour une représentation théâtrale, et d’apprécier la démarche assez originale de ce collectif. S’intéressant à la tragédie contemporaine, dans laquelle, tel que défini dans son mandat, l’homme d’aujourd’hui «trouve sa fatalité en lui-même, et devant son propre vide» plutôt que d’être confronté aux forces extérieures, cette équipe de création s’applique à créer des spectacles immersifs, où le public se voit placé dans une situation de complicité, voire de promiscuité avec l’univers présenté.
Après avoir offert, notamment, leur version du Chemin des Passes-Dangereuses de Michel Marc Bouchard dans l’enceinte du Bain Saint-Michel en 2011, puis du Chant du Dire-Dire de Daniel Danis dans l’Église de l’Immaculée-Conception (Montréal) en 2012, puis à la Nef (Québec) en 2014, les artistes du Mimésis s’attaquent cette fois à une pièce captivante de l’auteur américain Lucas Hnath: Rouge Speedo. Le huis clos se déroule dans l’espace fermé, un peu étouffant de la piscine où s’entraîne le héros, Ray, un nageur en passe de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques, rien de moins.
Cependant, les choses ne vont pas se passer si rondement, car la découverte de drogues dans le réfrigérateur de l’équipe, que Ray finit par avouer lui appartenir, va remettre en question ses relations avec ceux qui l’entourent. À commencer par son frère, Peter, un avocat qui s’est proclamé agent et qui a beaucoup investi dans la carrière du sportif en espérant récolter le pactole. Apprenant que le champion s’injecte de la testostérone et d’autres substances illicites depuis un an, ce qui lui a permis de se hisser au premier rang de son équipe, Peter convainc l’entraîneur, qui répond au nom de Coach, de taire l’affaire.
Dans un simple maillot de bain rouge du début à la fin de la représentation, le comédien Marc-André Thibault réussit à faire de Ray, dont les capacités intellectuelles ne sont pas proportionnelles aux muscles, lui qui n’a pas fait d’études, s’étant consacré à son sport dès l’enfance, un personnage étonnant, plus vrai que nature, émouvant même par sa naïveté. Car ce qui se trame autour de sa personne, y compris lorsqu’il implique son ex-conjointe Lydia dans le marchandage immonde qui va devenir insoutenable, est digne des grands complots qui, on le sait, existent dans les plus hautes sphères du sport international, en lien avec le dopage.
La pièce, une suite de scènes à deux ou à trois, bien ficelée, nous tient en haleine, malgré des dialogues parfois terre à terre, où la mode américaine des répliques entrecoupées, des phrases laissées en suspens, ne trouve pas toujours son efficacité. Les interprètes s’en tirent plutôt bien en général, mais la mise en scène aurait pu faire montre de plus d’audace, comme dans les scènes tardives où le nageur vomit et celle où les deux frères se prennent aux mains. Des moments forts d’une représentation distrayante. Le lieu, le Livart, dans le sous-sol duquel est située la salle, se révèle aussi plutôt dépaysant et agréable.
Texte: Lucas Hnath. Traduction: Jean-Simon Traversy. Mise en scène: Louis-Philippe Tremblay. Éclairages: Gonzalo Soldi. Scénographie: Cédric Lord. Costumes: Marie-Charles Nadeau. Avec Louis Labarre, Catherine Paquin-Béchard, Guillaume Regaudie et Marc-André Thibault. Une production du Mimésis. Au Livart jusqu’au 24 mars 2018.
Agréable double surprise que cette cinquième création du Mimésis, qui nous permet de découvrir un lieu, nouveau et inusité pour une représentation théâtrale, et d’apprécier la démarche assez originale de ce collectif. S’intéressant à la tragédie contemporaine, dans laquelle, tel que défini dans son mandat, l’homme d’aujourd’hui «trouve sa fatalité en lui-même, et devant son propre vide» plutôt que d’être confronté aux forces extérieures, cette équipe de création s’applique à créer des spectacles immersifs, où le public se voit placé dans une situation de complicité, voire de promiscuité avec l’univers présenté.
Après avoir offert, notamment, leur version du Chemin des Passes-Dangereuses de Michel Marc Bouchard dans l’enceinte du Bain Saint-Michel en 2011, puis du Chant du Dire-Dire de Daniel Danis dans l’Église de l’Immaculée-Conception (Montréal) en 2012, puis à la Nef (Québec) en 2014, les artistes du Mimésis s’attaquent cette fois à une pièce captivante de l’auteur américain Lucas Hnath: Rouge Speedo. Le huis clos se déroule dans l’espace fermé, un peu étouffant de la piscine où s’entraîne le héros, Ray, un nageur en passe de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques, rien de moins.
Cependant, les choses ne vont pas se passer si rondement, car la découverte de drogues dans le réfrigérateur de l’équipe, que Ray finit par avouer lui appartenir, va remettre en question ses relations avec ceux qui l’entourent. À commencer par son frère, Peter, un avocat qui s’est proclamé agent et qui a beaucoup investi dans la carrière du sportif en espérant récolter le pactole. Apprenant que le champion s’injecte de la testostérone et d’autres substances illicites depuis un an, ce qui lui a permis de se hisser au premier rang de son équipe, Peter convainc l’entraîneur, qui répond au nom de Coach, de taire l’affaire.
Dans un simple maillot de bain rouge du début à la fin de la représentation, le comédien Marc-André Thibault réussit à faire de Ray, dont les capacités intellectuelles ne sont pas proportionnelles aux muscles, lui qui n’a pas fait d’études, s’étant consacré à son sport dès l’enfance, un personnage étonnant, plus vrai que nature, émouvant même par sa naïveté. Car ce qui se trame autour de sa personne, y compris lorsqu’il implique son ex-conjointe Lydia dans le marchandage immonde qui va devenir insoutenable, est digne des grands complots qui, on le sait, existent dans les plus hautes sphères du sport international, en lien avec le dopage.
La pièce, une suite de scènes à deux ou à trois, bien ficelée, nous tient en haleine, malgré des dialogues parfois terre à terre, où la mode américaine des répliques entrecoupées, des phrases laissées en suspens, ne trouve pas toujours son efficacité. Les interprètes s’en tirent plutôt bien en général, mais la mise en scène aurait pu faire montre de plus d’audace, comme dans les scènes tardives où le nageur vomit et celle où les deux frères se prennent aux mains. Des moments forts d’une représentation distrayante. Le lieu, le Livart, dans le sous-sol duquel est située la salle, se révèle aussi plutôt dépaysant et agréable.
Rouge Speedo
Texte: Lucas Hnath. Traduction: Jean-Simon Traversy. Mise en scène: Louis-Philippe Tremblay. Éclairages: Gonzalo Soldi. Scénographie: Cédric Lord. Costumes: Marie-Charles Nadeau. Avec Louis Labarre, Catherine Paquin-Béchard, Guillaume Regaudie et Marc-André Thibault. Une production du Mimésis. Au Livart jusqu’au 24 mars 2018.