Le suicide assisté et l’aide médicale à mourir, surtout chez les jeunes patients, sont des sujets particulièrement sensibles, chacun ayant une opinion en fonction de ses croyances et de son vécu. Dans sa pièce Béa, l’Irlandais Mick Gordon réussit à traiter ce thème avec beaucoup d’empathie et de réalisme, tout en y ajoutant une touche d’humour salutaire.
Clouée à un lit automatisé, entre les quatre murs de sa chambre d’enfant, Béa est prisonnière de son corps, de sa mère, des émissions de télévision, de sa maladie… Lorsque Raymond, un jeune préposé volubile, drôle et maladroit, autant physiquement que socialement, vient poser sa candidature pour s’occuper d’elle, elle est immédiatement séduite. La jeune femme va rapidement lui faire confiance au point de lui dicter une lettre, adressée à sa mère, dans laquelle elle l’implore de mettre fin à ses jours. La mère de Béa, une avocate assez rigide, va accepter de prendre à l’essai le jeune homme, non sans lui avoir imposé cinq règles, des engagements que, la vie étant ce qu’elle est, il ne pourra certainement pas respecter.
Si l’enjeu du suicide assisté est évoqué frontalement, la pièce aborde également des thématiques contemporaines devenues des enjeux de société comme le poids de la solitude, la réalité de la maladie et surtout la complexité de tisser des relations sociales amicales à l’ère des réseaux sociaux. À travers le personnage de Raymond, Béa est témoin de la rudesse du monde extérieur en ce qui concerne les relations amicales aussi bien qu’amoureuses. Son extrême lucidité lui renvoie également sa douloureuse solitude, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle. La rencontre provoque un flot de questionnements et de discussions entre les deux protagonistes, des individus dont les vies ne sont, étrangement, pas si éloignées.
L’intérêt de cette production réside surtout dans le jeu exceptionnel des deux comédiens principaux, Alexandra Cyr et Yannick Chapdeleine. La première donne corps à une Béa paraplégique authentique et réaliste. Son rôle demande une grande force de concentration et d’abandon pour ne jamais bouger ou lever un bras. Le second livre une partition sans failles dans les moments plus cocasses (avec une robe à paillettes sur le dos, il faut assumer!) comme dans les moments plus dramatiques. Suzanne Lantagne est également à la hauteur dans le rôle de la mère déchirée par le triste choix de sa fille, qu’elle ne pourra pas qu’accepter.
La mise en scène d’un sujet aussi délicat permet d’en comprendre davantage les intentions, autant du côté de ceux qui veulent en finir que de ceux qui ne veulent pas perdre un être cher. Devant une réalité aussi troublante, le propos de la pièce va inévitablement ébranler certaines certitudes et provoquer une remise en question des croyances en chacun des spectateurs.
Texte: Mick Gordon. Traduction: Yannick Chapdelaine. Mise en scène: Olivia Palacci. Scénographie: Clélia Brissaud. Costumes: Cynthia St-Gelais. Éclairages: Anne-Marie Rodrigue Lecours. Avec Alexandra Cyr, Suzanne Lantagne et Yannick Chapdelaine. Une production du Théâtre la Bête Humaine. À la Petite Licorne jusqu’au 4 mai 2018. En tournée du 25 janvier au 7 mai 2019.
Le suicide assisté et l’aide médicale à mourir, surtout chez les jeunes patients, sont des sujets particulièrement sensibles, chacun ayant une opinion en fonction de ses croyances et de son vécu. Dans sa pièce Béa, l’Irlandais Mick Gordon réussit à traiter ce thème avec beaucoup d’empathie et de réalisme, tout en y ajoutant une touche d’humour salutaire.
Clouée à un lit automatisé, entre les quatre murs de sa chambre d’enfant, Béa est prisonnière de son corps, de sa mère, des émissions de télévision, de sa maladie… Lorsque Raymond, un jeune préposé volubile, drôle et maladroit, autant physiquement que socialement, vient poser sa candidature pour s’occuper d’elle, elle est immédiatement séduite. La jeune femme va rapidement lui faire confiance au point de lui dicter une lettre, adressée à sa mère, dans laquelle elle l’implore de mettre fin à ses jours. La mère de Béa, une avocate assez rigide, va accepter de prendre à l’essai le jeune homme, non sans lui avoir imposé cinq règles, des engagements que, la vie étant ce qu’elle est, il ne pourra certainement pas respecter.
Si l’enjeu du suicide assisté est évoqué frontalement, la pièce aborde également des thématiques contemporaines devenues des enjeux de société comme le poids de la solitude, la réalité de la maladie et surtout la complexité de tisser des relations sociales amicales à l’ère des réseaux sociaux. À travers le personnage de Raymond, Béa est témoin de la rudesse du monde extérieur en ce qui concerne les relations amicales aussi bien qu’amoureuses. Son extrême lucidité lui renvoie également sa douloureuse solitude, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle. La rencontre provoque un flot de questionnements et de discussions entre les deux protagonistes, des individus dont les vies ne sont, étrangement, pas si éloignées.
L’intérêt de cette production réside surtout dans le jeu exceptionnel des deux comédiens principaux, Alexandra Cyr et Yannick Chapdeleine. La première donne corps à une Béa paraplégique authentique et réaliste. Son rôle demande une grande force de concentration et d’abandon pour ne jamais bouger ou lever un bras. Le second livre une partition sans failles dans les moments plus cocasses (avec une robe à paillettes sur le dos, il faut assumer!) comme dans les moments plus dramatiques. Suzanne Lantagne est également à la hauteur dans le rôle de la mère déchirée par le triste choix de sa fille, qu’elle ne pourra pas qu’accepter.
La mise en scène d’un sujet aussi délicat permet d’en comprendre davantage les intentions, autant du côté de ceux qui veulent en finir que de ceux qui ne veulent pas perdre un être cher. Devant une réalité aussi troublante, le propos de la pièce va inévitablement ébranler certaines certitudes et provoquer une remise en question des croyances en chacun des spectateurs.
Béa
Texte: Mick Gordon. Traduction: Yannick Chapdelaine. Mise en scène: Olivia Palacci. Scénographie: Clélia Brissaud. Costumes: Cynthia St-Gelais. Éclairages: Anne-Marie Rodrigue Lecours. Avec Alexandra Cyr, Suzanne Lantagne et Yannick Chapdelaine. Une production du Théâtre la Bête Humaine. À la Petite Licorne jusqu’au 4 mai 2018. En tournée du 25 janvier au 7 mai 2019.