Critiques

Hotel d’Éloize : Allées et venues à la douzaine

HotelPierre Manning
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La plus récente création d’Éloize arrive à Montréal encore toute fraîche : la première avait lieu aux États-Unis en août dernier où une dizaine de représentations ont été données. Clin d’œil à la réalité des artisans du cirque qui voyagent, Hotel célèbre le 25e anniversaire d’un des fleurons du cirque québécois avec cette grande forme pour une scène à l’italienne. Icône d’un certain nomadisme, l’hôtel est une oasis dans le tumulte des voyagements et un lieu de rencontres. Nous entrons dans l’Hotel d’Éloize avec le personnage de Julius qui y retrouve son ami César pour un duo charismatique qui donne le ton : niveau technique très élevé, mise en scène assaisonnée d’effets comiques et interventions d’autres interprètes ajoutant leur grain de sel. 

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L’action prend place dans le hall de style Art déco, lieu des arrivées et des départs, à l’instar des entrées et sorties qui rythment la représentation. Ce lobby devient le carrefour des premiers contacts et des rencontres impromptues, dans le feu roulant des visiteurs et le ballet du personnel qui nous font découvrir des personnages fantaisistes, certains plus caractérisés que d’autres. Dès l’ouverture, avec du main à main en groupe, des portés acrobatiques et un brin de banquine, la douzaine d’interprètes crée une atmosphère à la fois fébrile et dynamique. L’environnement sonore mélange des enregistrements avec le chant et la musique en direct par la plupart des acrobates qui jouent d’un instrument. Si certains tableaux se rattachent à un appareil ou à une discipline de cirque, davantage que de numéros, on parle ici de séquences de mouvements acrobatiques, imbriquées ou superposées. La polyvalence des interprètes permet à leur personnage d’intervenir dans la chorégraphie d’un solo ou d’un duo, par exemple, améliorant ainsi les transitions et la fluidité de la mise en scène. 

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Les deux aériennes exécutent des partitions très performantes avec des mouvements rapides. Dans ses sangles, Tuedon Ariri couvre élégamment et avec ampleur l’espace scénique. La lumineuse Una Bennett manipule adroitement sa corde lisse, clé après clé, avec précision et vitesse en contrepoint à une musique cool au saxophone langoureux, ambiance nocturne accentuée par une literie aux reflets métalliques et un éclairage bleuté. 

Mentionnons l’originalité de la jonglerie à balles avec manipulation de seaux en métal, le tableau avec la roue Cyr et un Cory Marsh en DJ groom, ainsi que deux très beaux tableaux de groupe. Celui des hula-hoop, utilisés aussi pour du jonglage où ces grands cercles s’emparent de toute la scène. Et la séquence des mâts chinois où tous les acrobates participent parfois en duos, se succédant à un rythme enlevant, nous amenant vers la finale, dans une lumière dorée, que la musique des cuivres rend encore plus chaleureuse. Spectacle impressionnant, Hotel se termine avec la voix suave de Sabrina Halde, s’accompagnant au ukulélé avec une simplicité touchante. Et la troupe salue avant de repartir avec un hôtel dans ses valises. 

Hotel

Cirque Éloize. Directeur de la création : Jeannot Painchaud. Metteur en scène : Emmanuel Guillaume. Assistante du metteur en scène et du directeur de la création, chorégraphe : Julie Lachance. Compositeur, arrangeur et directeur musical : Éloi Painchaud. Concepteur acrobatique et entraîneur-chef : Nicolas Boivin-Gravel. Interprètes : Andrei Anissimov, Tuedon Ariri, Una Bennet, Philippe Dupuis, Julius Bitterling, Sabrina Halde, Cooper Lee Smith, Cory Marsh, César Mispelon, Emma Rogers, Jérémy Vitupier, Antonin Wicky. Au théâtre Maisonneuve jusqu’au 17 novembre.