In medias res. Ça commence au milieu, dit-on en parlant du procédé littéraire qui place le lectorat devant une action déjà entamée. Sur scène, le milieu est un temps situé. Quand on entre dans la salle, les danseurs et danseuses de In-Ward sont déjà en mouvement, positionné·es dans l’espace, chacun·e le leur. D’une certaine façon, on y entre avec l’impression d’agir en élément perturbateur de ces espaces, comme autant de points de départ d’un récit dans lequel on se laisse prendre et entraîner.
Inspiré du fameux « L’enfer, c’est les autres » — tiré de la pièce Huis clos de Jean-Paul Sartre —, In-Ward reprend de nombreux thèmes de l’existentialisme à travers ses tableaux. Séparées les unes des autres, les consciences ne forment pas une réalité, elles n’existent pas et s’éteignent. C’est à travers les autres, en se devant d’exister pour autre chose qu’elles-mêmes, qu’elles surgissent et font surgir une réalité. Le mouvement visibilise le lien, la relation, voire la gravité, au point où l’auditoire même peut se sentir tirer par un fil invisible. Et si l’autre est la nécessité de l’existence de l’un·e, on sent bien qu’on ne peut y échapper, que les autres se font contraintes.
Prison ou cocon, comme les vêtements dans lesquels se prennent les danseurs et danseuses, l’espace de In-Ward se fait lui-même tension irrésolue. « Ward », c’est à la fois la protection et l’enfermement au centre desquels il n’y a plus que le mouvement, l’action, la danse qui puissent libérer. Cette action de la danse pourrait être opposée aux nombreux moments de chute lente, qui suscitent une sensation de vertige, comme si l’on tombait avec. Peut-être tombe-t-on toujours avec, enchevêtrés comme les particules d’un atome.
Le décor minimaliste sert bien le propos, le public s’y sent pris comme s’il était partie intégrante du huis clos. Le jeu de lumière, lui aussi tout en simplicité, vient appuyer très fluidement sur les émotions. Les costumes, qui jouent entre conformisme et singularité, réitèrent la question de l’effet de groupe normalisant versus la solitude épileptique que l’on sent bien dans les chorégraphies. La musique nous fait cheminer à travers divers courants hip-hop. Or, dans l’espace clos de la salle, le son se réverbère et il chicote le tympan d’une angoissante persistance.
Chorégraphe : Alexandra ‘Spicey’ Landé. Interprètes : Ja James ‘Jigsaw’ Britton Johnson, Christina ‘Hurricane Tina’ Paquette, Nindy ‘Banks’ Pierre-Louis, Elie-Anne ‘Rawss’ Ross, Jonathan ‘JStyle’ Mokuma, Jaleesa ‘Tealeaf’ Coligny. Répétitrice : Frédérique ‘Pax’ Dumas. Mumble : Ja James ‘Jigsaw’ Britton Johnson. Conception sonore : Richard Shash’U St-Aubin. Conception des éclairages et directeurs techniques : Benoit Larivière & Leticia Hamaoui. Conseillères artistiques : Anne Plamondon & Helen Simard. Œil extérieurs : Frédérique ‘Pax’ Dumas & Mathieu Leroux. Résidences de création : CCOV; Danse Danse; Agora de la danse; MAI; Banff Centre; Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata; Danse à la carte; École de danse Tyler Anne. Une coproduction CCOV-centre de création O Vertigo présentée au MAI | Montréal, arts interculturels jusqu’au 20 janvier.
In medias res. Ça commence au milieu, dit-on en parlant du procédé littéraire qui place le lectorat devant une action déjà entamée. Sur scène, le milieu est un temps situé. Quand on entre dans la salle, les danseurs et danseuses de In-Ward sont déjà en mouvement, positionné·es dans l’espace, chacun·e le leur. D’une certaine façon, on y entre avec l’impression d’agir en élément perturbateur de ces espaces, comme autant de points de départ d’un récit dans lequel on se laisse prendre et entraîner.
Inspiré du fameux « L’enfer, c’est les autres » — tiré de la pièce Huis clos de Jean-Paul Sartre —, In-Ward reprend de nombreux thèmes de l’existentialisme à travers ses tableaux. Séparées les unes des autres, les consciences ne forment pas une réalité, elles n’existent pas et s’éteignent. C’est à travers les autres, en se devant d’exister pour autre chose qu’elles-mêmes, qu’elles surgissent et font surgir une réalité. Le mouvement visibilise le lien, la relation, voire la gravité, au point où l’auditoire même peut se sentir tirer par un fil invisible. Et si l’autre est la nécessité de l’existence de l’un·e, on sent bien qu’on ne peut y échapper, que les autres se font contraintes.
Prison ou cocon, comme les vêtements dans lesquels se prennent les danseurs et danseuses, l’espace de In-Ward se fait lui-même tension irrésolue. « Ward », c’est à la fois la protection et l’enfermement au centre desquels il n’y a plus que le mouvement, l’action, la danse qui puissent libérer. Cette action de la danse pourrait être opposée aux nombreux moments de chute lente, qui suscitent une sensation de vertige, comme si l’on tombait avec. Peut-être tombe-t-on toujours avec, enchevêtrés comme les particules d’un atome.
Le décor minimaliste sert bien le propos, le public s’y sent pris comme s’il était partie intégrante du huis clos. Le jeu de lumière, lui aussi tout en simplicité, vient appuyer très fluidement sur les émotions. Les costumes, qui jouent entre conformisme et singularité, réitèrent la question de l’effet de groupe normalisant versus la solitude épileptique que l’on sent bien dans les chorégraphies. La musique nous fait cheminer à travers divers courants hip-hop. Or, dans l’espace clos de la salle, le son se réverbère et il chicote le tympan d’une angoissante persistance.
In-Ward
Chorégraphe : Alexandra ‘Spicey’ Landé. Interprètes : Ja James ‘Jigsaw’ Britton Johnson, Christina ‘Hurricane Tina’ Paquette, Nindy ‘Banks’ Pierre-Louis, Elie-Anne ‘Rawss’ Ross, Jonathan ‘JStyle’ Mokuma, Jaleesa ‘Tealeaf’ Coligny. Répétitrice : Frédérique ‘Pax’ Dumas. Mumble : Ja James ‘Jigsaw’ Britton Johnson. Conception sonore : Richard Shash’U St-Aubin. Conception des éclairages et directeurs techniques : Benoit Larivière & Leticia Hamaoui. Conseillères artistiques : Anne Plamondon & Helen Simard. Œil extérieurs : Frédérique ‘Pax’ Dumas & Mathieu Leroux. Résidences de création : CCOV; Danse Danse; Agora de la danse; MAI; Banff Centre; Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata; Danse à la carte; École de danse Tyler Anne. Une coproduction CCOV-centre de création O Vertigo présentée au MAI | Montréal, arts interculturels jusqu’au 20 janvier.