Dans Noir, la nouvelle création de Jérémie Niel, tout commence mal et tout finit encore plus mal, mais on en saura peu sur ce qui s’est réellement passé pour en arriver là.
Campée à la fin des années 1920, la pièce est marquée par l’errance, au sens propre comme au figuré : les personnages (Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée) sont des âmes perdues qui tournent en rond dans une forêt, pris avec un cadavre (Stefania Skoryna) dont ils ne savent que faire, comme ils ne savent que faire de leur propre corps. Frigorifiés, ils déplacent la dépouille pour la ramener finalement au point de départ et se traînent autour d’elle comme des bêtes malades.
Peu importe qu’il nous manque des morceaux de l’histoire, ce qui compte ici ce sont les êtres, leur lâcheté, leur haine, leur animalité et leurs peurs.
Fidèle à ses habitudes, Niel offre au spectateur une expérience sensorielle plutôt qu’intellectuelle, avec une volonté marquée de se détacher du texte au sens littéraire. Non seulement ce spectacle a été écrit à quatre mains à partir d’expérimentations, mais il repose entièrement sur une oralité faite de non-dits, de silences et de marmonnages quasi inintelligibles.
La scène est plongée dans l’obscurité, à l’image de la noirceur des événements qui tissent la trame de fond du spectacle : guerre, trahison, sévices, mensonge et meurtre. Seuls quelques spots de faible intensité évoquent la clarté de la lune.
Les détails de la scène qui se joue devant nous, c’est par l’ouïe qu’ils nous parviennent : la conception sonore de Sylvain Bellemare — qui avait reçu l’oscar du meilleur montage sonore pour le film Arrival, de Denis Villeneuve — évoque les bruissements d’une forêt la nuit auxquels des grondements ajoutent une sensation de danger imminent. De plus, des micros amplifient les moindres bruits émis par les comédiens : soupirs, chuchotements, toux, bruits de bouche, frissons, vomissements, etc. On est si profondément et si précisément immergé dans cet environnement sonore que l’on en vient à imaginer l’odeur d’humus, de pisse, et de mort qui vient avec.
Il y a quelque chose d’affreusement impudique à entendre aussi précisément les bruits corporels d’autrui. Une sorte de voyeurisme auditif qui culmine lors d’une scène sexuelle presque insoutenable.
Noir s’inscrit en complet décalage avec la vie moderne faite de bavardages incessants, de déversements d’opinions, de divertissements télévisuels au rythme effréné. Ici le temps s’étire, et c’est le silence qui est bruyant.
Script-édition : Evelyne de la Chenelière. Scénario : Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée et Jérémie Niel. Mise en scène : Jérémie Niel. Avec Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée, Stefania Skoryna et les voix de Jeanne Chaumont-Goneau et Loula Ospina-Kirouac. Assistant à la mise en scène : Jonathan Riverin. Costumes : Laurence Mongeau. Lumière : Régis Guyonnet. Conception sonore : Sylvain Bellemare. Scénographie : Simon Guilbault. Effets spéciaux : Olivier Proulx. Maquillage et coiffure : Véronique St-Germain. Accessoires : Karine Galarneau. Spatialisation et sonorisation : Jean-Sébastien Côté. Régie : Pierre-Olivier Hamel. Direction de production : Émilie Martel. Direction technique : Rebecca Brouillard. Recherches musicales : Patrick Mathieu. Prise de son : François Grenon. Soutien au décor : Sylvain Robert. Une production de Pétrus, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous. Du 22 janvier 2018 au 9 février 2019.
Dans Noir, la nouvelle création de Jérémie Niel, tout commence mal et tout finit encore plus mal, mais on en saura peu sur ce qui s’est réellement passé pour en arriver là.
Campée à la fin des années 1920, la pièce est marquée par l’errance, au sens propre comme au figuré : les personnages (Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée) sont des âmes perdues qui tournent en rond dans une forêt, pris avec un cadavre (Stefania Skoryna) dont ils ne savent que faire, comme ils ne savent que faire de leur propre corps. Frigorifiés, ils déplacent la dépouille pour la ramener finalement au point de départ et se traînent autour d’elle comme des bêtes malades.
Peu importe qu’il nous manque des morceaux de l’histoire, ce qui compte ici ce sont les êtres, leur lâcheté, leur haine, leur animalité et leurs peurs.
Fidèle à ses habitudes, Niel offre au spectateur une expérience sensorielle plutôt qu’intellectuelle, avec une volonté marquée de se détacher du texte au sens littéraire. Non seulement ce spectacle a été écrit à quatre mains à partir d’expérimentations, mais il repose entièrement sur une oralité faite de non-dits, de silences et de marmonnages quasi inintelligibles.
La scène est plongée dans l’obscurité, à l’image de la noirceur des événements qui tissent la trame de fond du spectacle : guerre, trahison, sévices, mensonge et meurtre. Seuls quelques spots de faible intensité évoquent la clarté de la lune.
Les détails de la scène qui se joue devant nous, c’est par l’ouïe qu’ils nous parviennent : la conception sonore de Sylvain Bellemare — qui avait reçu l’oscar du meilleur montage sonore pour le film Arrival, de Denis Villeneuve — évoque les bruissements d’une forêt la nuit auxquels des grondements ajoutent une sensation de danger imminent. De plus, des micros amplifient les moindres bruits émis par les comédiens : soupirs, chuchotements, toux, bruits de bouche, frissons, vomissements, etc. On est si profondément et si précisément immergé dans cet environnement sonore que l’on en vient à imaginer l’odeur d’humus, de pisse, et de mort qui vient avec.
Il y a quelque chose d’affreusement impudique à entendre aussi précisément les bruits corporels d’autrui. Une sorte de voyeurisme auditif qui culmine lors d’une scène sexuelle presque insoutenable.
Noir s’inscrit en complet décalage avec la vie moderne faite de bavardages incessants, de déversements d’opinions, de divertissements télévisuels au rythme effréné. Ici le temps s’étire, et c’est le silence qui est bruyant.
Noir
Script-édition : Evelyne de la Chenelière. Scénario : Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée et Jérémie Niel. Mise en scène : Jérémie Niel. Avec Christian Bégin, Evelyne de la Chenelière, Justin Laramée, Stefania Skoryna et les voix de Jeanne Chaumont-Goneau et Loula Ospina-Kirouac. Assistant à la mise en scène : Jonathan Riverin. Costumes : Laurence Mongeau. Lumière : Régis Guyonnet. Conception sonore : Sylvain Bellemare. Scénographie : Simon Guilbault. Effets spéciaux : Olivier Proulx. Maquillage et coiffure : Véronique St-Germain. Accessoires : Karine Galarneau. Spatialisation et sonorisation : Jean-Sébastien Côté. Régie : Pierre-Olivier Hamel. Direction de production : Émilie Martel. Direction technique : Rebecca Brouillard. Recherches musicales : Patrick Mathieu. Prise de son : François Grenon. Soutien au décor : Sylvain Robert. Une production de Pétrus, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous. Du 22 janvier 2018 au 9 février 2019.