En ouverture officielle du 14e Festival de Casteliers, hier soir au Théâtre Outremont, le spectacle [Hullu] de la compagnie française Blick Théâtre a intrigué, captivé, puis laissé bien des esprits charmés, mais dubitatifs devant des prouesses scéniques hors norme. Ces artistes illusionnistes, qui ont bénéficié d’une formation à l’École de cirque de Toulouse, ont offert une démonstration poétique et onirique, remplie de mystère, d’un art marionnettique d’une maîtrise exceptionnelle. Le titre, hullu, signifie « folie » en finnois, et le spectacle résulte d’une recherche sur ce thème et sur les mondes imaginaires.
La chose est d’autant plus marquante que cela commence tout doucement, mine de rien. Sur scène, trois acteurs sur trois chaises : deux hommes et, entre eux, une femme, pas très grande, nu-jambes, qu’ils semblent vouloir manipuler ou contrôler, sans que l’on comprenne bien ce qui les anime. Elle résiste, elle-même inquiète, puis s’échappe… dans sa tête, cet univers fait de rêves et d’illusion, peuplé de petits personnages étonnants, qui vont peu à peu envahir l’aire de jeu et construire sous nos yeux un mur de boîtes de différents formats en fond de scène. Mur infranchissable, inattaquable, qui disparaît et réapparaît par un simple jeu de lumière.
L’œuvre se déroule en une suite de tableaux, parfois très courts, sans paroles, sur un rythme lent, souvent dans la pénombre, brisée par des éclairages découpés, très précis, mettant en évidence une corde avec des nœuds descendue des cintres, une tête de pantin ou encore isolant un comédien auquel s’agrippent deux marionnettes. Non seulement celles-ci semblent diriger les actions, ordonner les mouvements des humains, mais certaines arborent des dimensions proprement hallucinantes. En voyant s’avancer, seul sur le plateau, un petit bonhomme haut comme trois pommes, portant sur son dos un cube d’une taille semblable à la sienne, on ne peut que s’interroger, car les pieds de cette créature sont bien ceux d’un être vivant… S’agirait-il d’un enfant ?
Une trame musicale obsédante, peut-être trop présente, ponctue la représentation, toujours imprévisible, qui ne livre pas d’emblée sa signification, tenant le public en alerte du début à la fin. Les nombreux jeux impliquant des marionnettes sont entièrement réalisés par les trois interprètes, avec une aide technique en coulisses, sans support mécanique ou technologique. La dextérité, la précision que cela exige est assez impressionnante. C’est ce qu’on en retiendra, davantage que le « message » qu’on a pu vouloir nous transmettre. Mais la proposition artistique est suffisamment riche pour suggérer des rapports de force, des relations tourmentées, des échanges ludiques, et produit à l’occasion quelques rires spontanés dans la salle.
L’actrice, présence centrale, se montre irrésistiblement attirée par cette corde réapparaissant de façon récurrente comme un leitmotiv, évoquant une perspective circassienne ou une menace quelconque, dont son ultime compagnon, celui-là d’étoffe et de bois, tente à tout prix de l’éloigner. Leur pas de deux, se transformant en combat à mains nues et à bras le corps, envoûte. Le spectacle se termine d’ailleurs sur cette image, figée par un fondu au noir, de la femme saisissant le câble, prête à s’envoler vers une autre réalité.
À voir, l’ultime représentation a lieu ce soir à 20 h 30.
Texte : Loïc Apard, Johanna Ehlert, Sébastien Guérive, Dominique Habouzit, Thomas Maréchal et Matthieu Siefridt. Mise en scène : Dominique Habouzit. Scénographie : Patrick Konieczny et Steve Duprez. Conception des marionnettes et des costumes : Johanna Ehlert. Musique : Sébastien Guérive. Éclairages : Thomas Maréchal. Avec Loïc Apard, Johanna Ehlert et Matthieu Siefridt. Marionnettiste et Femme en noir : Élise Nicod. Une production de Blick Théâtre (France), présentée au Théâtre Outremont à l’occasion du 14e Festival de Casteliers, jusqu’au 7 mars 2019.
En ouverture officielle du 14e Festival de Casteliers, hier soir au Théâtre Outremont, le spectacle [Hullu] de la compagnie française Blick Théâtre a intrigué, captivé, puis laissé bien des esprits charmés, mais dubitatifs devant des prouesses scéniques hors norme. Ces artistes illusionnistes, qui ont bénéficié d’une formation à l’École de cirque de Toulouse, ont offert une démonstration poétique et onirique, remplie de mystère, d’un art marionnettique d’une maîtrise exceptionnelle. Le titre, hullu, signifie « folie » en finnois, et le spectacle résulte d’une recherche sur ce thème et sur les mondes imaginaires.
La chose est d’autant plus marquante que cela commence tout doucement, mine de rien. Sur scène, trois acteurs sur trois chaises : deux hommes et, entre eux, une femme, pas très grande, nu-jambes, qu’ils semblent vouloir manipuler ou contrôler, sans que l’on comprenne bien ce qui les anime. Elle résiste, elle-même inquiète, puis s’échappe… dans sa tête, cet univers fait de rêves et d’illusion, peuplé de petits personnages étonnants, qui vont peu à peu envahir l’aire de jeu et construire sous nos yeux un mur de boîtes de différents formats en fond de scène. Mur infranchissable, inattaquable, qui disparaît et réapparaît par un simple jeu de lumière.
L’œuvre se déroule en une suite de tableaux, parfois très courts, sans paroles, sur un rythme lent, souvent dans la pénombre, brisée par des éclairages découpés, très précis, mettant en évidence une corde avec des nœuds descendue des cintres, une tête de pantin ou encore isolant un comédien auquel s’agrippent deux marionnettes. Non seulement celles-ci semblent diriger les actions, ordonner les mouvements des humains, mais certaines arborent des dimensions proprement hallucinantes. En voyant s’avancer, seul sur le plateau, un petit bonhomme haut comme trois pommes, portant sur son dos un cube d’une taille semblable à la sienne, on ne peut que s’interroger, car les pieds de cette créature sont bien ceux d’un être vivant… S’agirait-il d’un enfant ?
Une trame musicale obsédante, peut-être trop présente, ponctue la représentation, toujours imprévisible, qui ne livre pas d’emblée sa signification, tenant le public en alerte du début à la fin. Les nombreux jeux impliquant des marionnettes sont entièrement réalisés par les trois interprètes, avec une aide technique en coulisses, sans support mécanique ou technologique. La dextérité, la précision que cela exige est assez impressionnante. C’est ce qu’on en retiendra, davantage que le « message » qu’on a pu vouloir nous transmettre. Mais la proposition artistique est suffisamment riche pour suggérer des rapports de force, des relations tourmentées, des échanges ludiques, et produit à l’occasion quelques rires spontanés dans la salle.
L’actrice, présence centrale, se montre irrésistiblement attirée par cette corde réapparaissant de façon récurrente comme un leitmotiv, évoquant une perspective circassienne ou une menace quelconque, dont son ultime compagnon, celui-là d’étoffe et de bois, tente à tout prix de l’éloigner. Leur pas de deux, se transformant en combat à mains nues et à bras le corps, envoûte. Le spectacle se termine d’ailleurs sur cette image, figée par un fondu au noir, de la femme saisissant le câble, prête à s’envoler vers une autre réalité.
À voir, l’ultime représentation a lieu ce soir à 20 h 30.
[Hullu]
Texte : Loïc Apard, Johanna Ehlert, Sébastien Guérive, Dominique Habouzit, Thomas Maréchal et Matthieu Siefridt. Mise en scène : Dominique Habouzit. Scénographie : Patrick Konieczny et Steve Duprez. Conception des marionnettes et des costumes : Johanna Ehlert. Musique : Sébastien Guérive. Éclairages : Thomas Maréchal. Avec Loïc Apard, Johanna Ehlert et Matthieu Siefridt. Marionnettiste et Femme en noir : Élise Nicod. Une production de Blick Théâtre (France), présentée au Théâtre Outremont à l’occasion du 14e Festival de Casteliers, jusqu’au 7 mars 2019.