Dans un silence feutré, nous pénétrons dans le studio-laboratoire de la toute nouvelle Maison internationale des arts de la marionnette, la MIAM, qui sera par ailleurs officiellement inaugurée ce soir dans le cadre du 14e Festival de Casteliers. Au centre de la boîte noire, elle-même plongée dans une relative pénombre, le concepteur et interprète du spectacle justement intitulé Milieu, Renaud Herbin, nous invite à nous asseoir par terre autour d’une petite plateforme qui lui servira de scène. Tout près, comme autour d’une table, en vis-à-vis avec les autres spectateurs et spectatrices, une trentaine de personnes de tous âges, nous allons observer le pantin encore inanimé, posé sur le tréteau, attendant le signal. L’atmosphère de recueillement est totale.
L’artiste, metteur en scène et directeur du TJP Centre dramatique national de Strasbourg-Grand Est, en France — le pays à l’honneur de cette édition du Festival —, a souhaité, avec cette œuvre, redonner vie, dans un contexte contemporain, à la technique de la marionnette à fils. Le dispositif étrange qu’il a mis en place comprend un plateau, recouvert d’un sable noir artificiel, avec quatre montants où sont accrochés de petits projecteurs, certains fluorescents, le tout surmonté d’une plaque lumineuse évoquant un puits de lumière. La marionnette, un garçon au beau visage et aux membres articulés, lève la tête, nous regarde, scrutateur, se redresse, s’élève et tourne sur lui-même un moment. Puis, l’artiste grimpe en haut du dispositif, où il attrape les trois jeux de longs fils qui lui permettront de manipuler le mystérieux personnage.
Ainsi, tout au long de la représentation d’une trentaine de minutes, nos regards iront du petit être tout à coup bien vivant, dont les gestes et les mouvements en progression lente intriguent, au marionnettiste qui, là-haut, se démène pour lui insuffler un peu de cette vie si magique. L’artiste, dont le travail physique est particulièrement exigeant, prête son souffle sonore et des bruits de bouche au garçon, qui exprime quelque chose de souffrant, d’hésitant, dans une recherche maladroite où il semble lui-même explorer les lois de la gravité.
Le pantin s’étend au sol, n’arrive pas à se relever, le plancher bouge sous lui comme au rythme d’une respiration, des sons préenregistrés accompagnent ses mouvements, il semble vouloir s’envoler, se retrouve suspendu quelques instants, redescend. Du plancher surgit une vibration, une musique mécanique se fait entendre, du liquide commence à affleurer et envahir peu à peu le plateau, le voici dansant, se contorsionnant, les pieds dans l’eau, où il se couche, se relève, se balance dans l’air avant de s’immerger, de s’enfoncer dans le bassin, de disparaître sous l’eau… pour en ressortir, inanimé. L’artiste peut à présent descendre le rejoindre.
Moment précieux par son intimité et son intensité, cette œuvre de courte durée s’apparente à un exercice de style, une exploration en vue d’autre chose, d’une fable à développer. Néanmoins captivant, Milieu fait l’objet de deux représentations aujourd’hui, à 13 h 30 et à 20 h 30.
Conception et jeu : Renaud Herbin. Espace : Mathias Baudry. Marionnette : Paulo Duarte. Conception sonore : Morgan Daguenet. Collaborations artistiques : Aïtor Sans Juanes, Julika Mayer et Christophe Le Blay. Éclairage : Fanny Bruschi avec le regard de Fabien Bossard. Construction du castelet : Christian Rachner. Une production du TJP Centre dramatique national Strasbourg-Grand Est, présentée à la MIAM à l’occasion du 14e Festival de Casteliers jusqu’au 9 mars 2019.
Dans un silence feutré, nous pénétrons dans le studio-laboratoire de la toute nouvelle Maison internationale des arts de la marionnette, la MIAM, qui sera par ailleurs officiellement inaugurée ce soir dans le cadre du 14e Festival de Casteliers. Au centre de la boîte noire, elle-même plongée dans une relative pénombre, le concepteur et interprète du spectacle justement intitulé Milieu, Renaud Herbin, nous invite à nous asseoir par terre autour d’une petite plateforme qui lui servira de scène. Tout près, comme autour d’une table, en vis-à-vis avec les autres spectateurs et spectatrices, une trentaine de personnes de tous âges, nous allons observer le pantin encore inanimé, posé sur le tréteau, attendant le signal. L’atmosphère de recueillement est totale.
L’artiste, metteur en scène et directeur du TJP Centre dramatique national de Strasbourg-Grand Est, en France — le pays à l’honneur de cette édition du Festival —, a souhaité, avec cette œuvre, redonner vie, dans un contexte contemporain, à la technique de la marionnette à fils. Le dispositif étrange qu’il a mis en place comprend un plateau, recouvert d’un sable noir artificiel, avec quatre montants où sont accrochés de petits projecteurs, certains fluorescents, le tout surmonté d’une plaque lumineuse évoquant un puits de lumière. La marionnette, un garçon au beau visage et aux membres articulés, lève la tête, nous regarde, scrutateur, se redresse, s’élève et tourne sur lui-même un moment. Puis, l’artiste grimpe en haut du dispositif, où il attrape les trois jeux de longs fils qui lui permettront de manipuler le mystérieux personnage.
Ainsi, tout au long de la représentation d’une trentaine de minutes, nos regards iront du petit être tout à coup bien vivant, dont les gestes et les mouvements en progression lente intriguent, au marionnettiste qui, là-haut, se démène pour lui insuffler un peu de cette vie si magique. L’artiste, dont le travail physique est particulièrement exigeant, prête son souffle sonore et des bruits de bouche au garçon, qui exprime quelque chose de souffrant, d’hésitant, dans une recherche maladroite où il semble lui-même explorer les lois de la gravité.
Le pantin s’étend au sol, n’arrive pas à se relever, le plancher bouge sous lui comme au rythme d’une respiration, des sons préenregistrés accompagnent ses mouvements, il semble vouloir s’envoler, se retrouve suspendu quelques instants, redescend. Du plancher surgit une vibration, une musique mécanique se fait entendre, du liquide commence à affleurer et envahir peu à peu le plateau, le voici dansant, se contorsionnant, les pieds dans l’eau, où il se couche, se relève, se balance dans l’air avant de s’immerger, de s’enfoncer dans le bassin, de disparaître sous l’eau… pour en ressortir, inanimé. L’artiste peut à présent descendre le rejoindre.
Moment précieux par son intimité et son intensité, cette œuvre de courte durée s’apparente à un exercice de style, une exploration en vue d’autre chose, d’une fable à développer. Néanmoins captivant, Milieu fait l’objet de deux représentations aujourd’hui, à 13 h 30 et à 20 h 30.
Milieu
Conception et jeu : Renaud Herbin. Espace : Mathias Baudry. Marionnette : Paulo Duarte. Conception sonore : Morgan Daguenet. Collaborations artistiques : Aïtor Sans Juanes, Julika Mayer et Christophe Le Blay. Éclairage : Fanny Bruschi avec le regard de Fabien Bossard. Construction du castelet : Christian Rachner. Une production du TJP Centre dramatique national Strasbourg-Grand Est, présentée à la MIAM à l’occasion du 14e Festival de Casteliers jusqu’au 9 mars 2019.