Pour l’écriture de son premier spectacle de danse contemporaine, Collision, Tiera Joly Pavelich désirait raconter les éprouvantes étapes de sa réhabilitation, après avoir subi trois commotions cérébrales en trois ans. Elle a souhaité décrire la douleur physique, les troubles de la vision, les vertiges qui l’ont longtemps accablée. Elle a également voulu mettre des images sur les séquelles invisibles de son traumatisme, telles la vulnérabilité, la stigmatisation, la dépression.
D’abord interprète, Pavelich a dû se rendre à l’évidence : après ces blessures, si elle souhaitait toujours consacrer sa vie à la danse, elle devait trouver un moyen de vivre sa passion autrement. Après un retour sur les bancs d’école, celle qui avait déjà touché à la création en tant que performeuse a embrassé sa nouvelle carrière de chorégraphe. Pour sa première production, elle s’est associée à la danseuse Gabriela Guerra Woo, impliquée dès le début dans le processus créatif.
Traduire ses maux
Dans une noirceur quasi totale, une jeune femme esquisse des mouvements, une ampoule électrique allumée à la main. Le faisceau lumineux laisse entrevoir les contours de son corps, qui ondule et tournoie. Puis, se dévoile le visage de l’interprète, sur lequel on peut lire la confusion, la détresse.
Alors que la scène est tantôt plongée dans l’obscurité, tantôt baignée d’une lumière crue ou d’un éclairage rougeoyant, la danseuse enchaîne les gestes debout, puis étendue au sol. Son corps se recroqueville, s’arque, puis se déploie avec toute l’ampleur qu’il lui est possible d’avoir. Les membres de l’artiste tracent dans les airs ou sur les planches des figures souvent circulaires, accentuées par les rayons produits par le globe incandescent qu’elle tient.
Mu par une pléthore de sensations physiques et d’émotions contradictoires, le personnage mène une quête. Une recherche pour comprendre ce qui lui arrive, trouver un remède à ces douleurs qui le fragilisent ou accepter que sa vie ne sera plus jamais la même.
Cette illustration des conséquences dévastatrices des commotions cérébrales signée Tiera Joly Pavelich est une réussite. L’accent mis sur les figures circulaires fait écho au caractère cyclique de la réhabilitation, au recul parfois nécessaire pour mieux avancer, mais aussi au risque qui s’accroît à chaque nouvelle blessure.
La chorégraphie, fluide et élégante, est ponctuée de ruptures, pendant lesquelles la danseuse Gabriela Guerra Woo ferme les yeux, s’immobilise ou porte les mains à sa gorge, la bouche ouverte, comme si elle n’arrivait pas à hurler sa souffrance.
Généreuse, l’artiste s’abandonne totalement et offre au public une performance à fleur de peau. Sur son visage expressif, on lit les multiples nuances du combat intérieur qu’elle interprète avec sensibilité et force, sans jamais en faire trop.
En sons et en images
Dans Collision, l’utilisation de la lumière est inventive. À l’aide d’une simple ampoule incandescente, on évoque les phares d’une voiture filant à toute allure sur la route avant le crash. On symbolise évidemment le phare dans la nuit, qui guide et donne espoir aux marins perdus. On fait référence aux tests pratiqués par les neurologues pour mesurer l’impact subi par le cerveau.
Quant à la sélection musicale, elle accompagne Gabriela Guerra Woo dans ses mouvements et ses états d’âme, sans jamais lui voler la vedette. Certaines mélodies rappellent les chants spirituels des chœurs d’enfants, alors que d’autres sont électroniques et frénétiques.
Seul bémol : cette scène où l’interprète se retire, nous laissant avec une voix qui récite un poème sur fond de vagues qui se brisent sur les rochers. L’histoire qu’on y raconte, celle d’une personne qui s’échoue sur une plage et se relève, plutôt que de se laisser couler dans les eaux sombres de l’océan, est touchante, certes. Mais cette illustration de la résilience est un peu trop appuyée et moins efficace que celle offerte par la danseuse.
En à peine 35 minutes, Tiera Joly Pavelich propose au public une pièce d’une beauté simple, qui dépeint une réalité complexe. Bien que l’on aurait aimé qu’elle creuse davantage chacune des étapes de son long processus de guérison, cette première œuvre en tant que chorégraphe nous donne assurément envie de la suivre dans ses prochains projets.
Mise en scène : Tiera Joly Pavelich. Chorégraphie : Tiera Joly Pavelich, en collaboration avec Gabriela Guerra Woo. Avec Gabriela Guerra Woo. Une production Alive and Running, présentée au studio Jean-Valcourt du Conservatoire jusqu’au 16 juin, dans le cadre du Festival Saint-Ambroise FRINGE de Montréal.
Pour l’écriture de son premier spectacle de danse contemporaine, Collision, Tiera Joly Pavelich désirait raconter les éprouvantes étapes de sa réhabilitation, après avoir subi trois commotions cérébrales en trois ans. Elle a souhaité décrire la douleur physique, les troubles de la vision, les vertiges qui l’ont longtemps accablée. Elle a également voulu mettre des images sur les séquelles invisibles de son traumatisme, telles la vulnérabilité, la stigmatisation, la dépression.
D’abord interprète, Pavelich a dû se rendre à l’évidence : après ces blessures, si elle souhaitait toujours consacrer sa vie à la danse, elle devait trouver un moyen de vivre sa passion autrement. Après un retour sur les bancs d’école, celle qui avait déjà touché à la création en tant que performeuse a embrassé sa nouvelle carrière de chorégraphe. Pour sa première production, elle s’est associée à la danseuse Gabriela Guerra Woo, impliquée dès le début dans le processus créatif.
Traduire ses maux
Dans une noirceur quasi totale, une jeune femme esquisse des mouvements, une ampoule électrique allumée à la main. Le faisceau lumineux laisse entrevoir les contours de son corps, qui ondule et tournoie. Puis, se dévoile le visage de l’interprète, sur lequel on peut lire la confusion, la détresse.
Alors que la scène est tantôt plongée dans l’obscurité, tantôt baignée d’une lumière crue ou d’un éclairage rougeoyant, la danseuse enchaîne les gestes debout, puis étendue au sol. Son corps se recroqueville, s’arque, puis se déploie avec toute l’ampleur qu’il lui est possible d’avoir. Les membres de l’artiste tracent dans les airs ou sur les planches des figures souvent circulaires, accentuées par les rayons produits par le globe incandescent qu’elle tient.
Mu par une pléthore de sensations physiques et d’émotions contradictoires, le personnage mène une quête. Une recherche pour comprendre ce qui lui arrive, trouver un remède à ces douleurs qui le fragilisent ou accepter que sa vie ne sera plus jamais la même.
Cette illustration des conséquences dévastatrices des commotions cérébrales signée Tiera Joly Pavelich est une réussite. L’accent mis sur les figures circulaires fait écho au caractère cyclique de la réhabilitation, au recul parfois nécessaire pour mieux avancer, mais aussi au risque qui s’accroît à chaque nouvelle blessure.
La chorégraphie, fluide et élégante, est ponctuée de ruptures, pendant lesquelles la danseuse Gabriela Guerra Woo ferme les yeux, s’immobilise ou porte les mains à sa gorge, la bouche ouverte, comme si elle n’arrivait pas à hurler sa souffrance.
Généreuse, l’artiste s’abandonne totalement et offre au public une performance à fleur de peau. Sur son visage expressif, on lit les multiples nuances du combat intérieur qu’elle interprète avec sensibilité et force, sans jamais en faire trop.
En sons et en images
Dans Collision, l’utilisation de la lumière est inventive. À l’aide d’une simple ampoule incandescente, on évoque les phares d’une voiture filant à toute allure sur la route avant le crash. On symbolise évidemment le phare dans la nuit, qui guide et donne espoir aux marins perdus. On fait référence aux tests pratiqués par les neurologues pour mesurer l’impact subi par le cerveau.
Quant à la sélection musicale, elle accompagne Gabriela Guerra Woo dans ses mouvements et ses états d’âme, sans jamais lui voler la vedette. Certaines mélodies rappellent les chants spirituels des chœurs d’enfants, alors que d’autres sont électroniques et frénétiques.
Seul bémol : cette scène où l’interprète se retire, nous laissant avec une voix qui récite un poème sur fond de vagues qui se brisent sur les rochers. L’histoire qu’on y raconte, celle d’une personne qui s’échoue sur une plage et se relève, plutôt que de se laisser couler dans les eaux sombres de l’océan, est touchante, certes. Mais cette illustration de la résilience est un peu trop appuyée et moins efficace que celle offerte par la danseuse.
En à peine 35 minutes, Tiera Joly Pavelich propose au public une pièce d’une beauté simple, qui dépeint une réalité complexe. Bien que l’on aurait aimé qu’elle creuse davantage chacune des étapes de son long processus de guérison, cette première œuvre en tant que chorégraphe nous donne assurément envie de la suivre dans ses prochains projets.
Collision
Mise en scène : Tiera Joly Pavelich. Chorégraphie : Tiera Joly Pavelich, en collaboration avec Gabriela Guerra Woo. Avec Gabriela Guerra Woo. Une production Alive and Running, présentée au studio Jean-Valcourt du Conservatoire jusqu’au 16 juin, dans le cadre du Festival Saint-Ambroise FRINGE de Montréal.