Le FIL, comme les adeptes du Festival international de la littérature aiment l’appeler, fête cette année ses 25 ans. Au cœur d’une programmation riche, s’étalant jusqu’au 29 septembre, plusieurs événements font la part belle aux arts de la scène.
Nelly & Sylvia
Même pour qui est familier avec les écrits de la Québécoise Nelly Arcan et ceux de l’États-Unienne Sylvia Plath, et avait déjà noté des similitudes patentes entre les préoccupations qu’elles y ont exprimées, l’habile montage qu’a échafaudé Claudia Larochelle à partir de morceaux choisis de leur corpus respectif saisit. La similarité de parole existant entre ces deux écrivaines ayant décidé, dans la trentaine, de mettre un terme à leurs jours y apparaît des plus fascinantes. Le mal de vivre, le poids du regard de l’autre, l’immense solitude ressentie malgré la présence d’autrui, le sentiment d’inadéquation face aux attentes entretenues tacitement ou non envers les femmes, l’étroitesse de ce carcan fait de stéréotypes oppressants, la soupape – souvent, hélas !, insuffisante – de l’écriture et, bien sûr, la mort, de la puissance de son appel aux façons d’y accéder. Le résultat de cet amalgame symbiotique s’avère certes plutôt sombre, mais il est aussi éloquent et émouvant.
Le duo d’interprètes formé par Alice Pascual et Evelyne Brochu apporte aussi beaucoup à la qualité du spectacle. La première, élégante, flegmatique et vêtue d’une robe rappelant les années 1950, et la seconde, affichant une tenue et une expressivité plus contemporaines, se répondent, sans trop interagir, par extraits de textes interposés. S’il n’y a absolument rien à redire quant à la direction d’actrices de la metteuse en scène Alexia Bürger, les déplacements qu’elle a imaginés, soit aller d’un lutrin à un autre selon les sujets abordés, n’apportent que bien peu à l’ensemble et force est d’admettre qu’il en va de même des projections de nuées grises, en mouvement, sur un écran noir en fond de scène. Cela n’empêche aucunement cette mise en commun de deux œuvres d’autrices marquantes d’être captivante. On ne peut que souhaiter que Nelly & Sylvia soit présenté à nouveau dans un proche avenir.
Elle erre dans le songe, il respire ailleurs
S’il est une rencontre entre deux disciplines artistiques qui intrigue, c’est bien celle de la danse et de la littérature, puisqu’elles usent de deux systèmes communicationnels entièrement différents. Le rendez-vous que propose Elle erre dans le songe, il respire ailleurs entre les mouvements et les mots, tire son origine du livre de notre collaboratrice Guylaine Massoutre, Pavane, ou plus précisément d’un de ses chapitres inspiré par le travail de la chorégraphe Louise Bédard. En résulte une rencontre entre un homme et une femme, qui expriment leurs émotions par la danse (et parfois par quelques mots ou onomatopées) tandis que, par moment, on peut entendre une narration poétique, un peu à la manière du film de Marguerite Duras (tiré d’un roman d’abord adapté en pièce de théâtre) India Song. Sont offertes au public des phrases évocatrices telles « Le projet de dire une chose distincte pèse là, entre elle et lui » ou encore « (…) la danse retient ces corps qui, sans elle, ne sont que des vivants séparés », pendant que Marie Claire Forté et Nicolas Patry se livre à un pas de deux précis, rythmé et fluide.
Parmi les autres spectacles à venir au FIL, on surveillera tout particulièrement, le 29 septembre à 15h au Quat’sous, Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone, une « fabulation théâtrale » signée Michel Garneau et interprétée par Maude Guérin et Sylvie Ferlatte autour de l’œuvre et de la vie de la poétesse américaine Emily Dickinson, ainsi que, le 28 septembre à 20h à La Chapelle, Les Dimanches, où le metteur en scène Martin Faucher fera la lecture de certains de ses écrits.
Textes : Nelly Arcan et Sylvia Plath. Idée originale, choix et montage des textes : Claudia Larochelle. Mise en lecture : Alexia Bürger. Conception musicale : Vincent Legault. Conception vidéo : Ulysse Del Drago. Chorégraphie : Olivier Loubry. Éclairages : Anne-Marie Rodrigue Lecours. Avec Evelyne Brochu et Alice Pascual. Présenté dans le cadre du Festival international de la littérature les 20 et 21 septembre 2019.
Texte et lecture : Guylaine Massoutre. Chorégraphie : Louise Bédard, avec la participation de Marie Claire Forté et Nicolas Patry. Costumes : Marilène Bastien et Valeska G. Éclairages : Anne-Marie Rodrigue Lecours. Musique : Malitzin Cortès CNDSD, DJ Voilà, Nicole Lizée et Pauline Oliveros. Avec Marie Claire Forté et Nicolas Patry. Une production Louise Bédard Danse présentée dans le cadre du Festival international de la littérature le 22 septembre 2019.
Le FIL, comme les adeptes du Festival international de la littérature aiment l’appeler, fête cette année ses 25 ans. Au cœur d’une programmation riche, s’étalant jusqu’au 29 septembre, plusieurs événements font la part belle aux arts de la scène.
Nelly & Sylvia
Même pour qui est familier avec les écrits de la Québécoise Nelly Arcan et ceux de l’États-Unienne Sylvia Plath, et avait déjà noté des similitudes patentes entre les préoccupations qu’elles y ont exprimées, l’habile montage qu’a échafaudé Claudia Larochelle à partir de morceaux choisis de leur corpus respectif saisit. La similarité de parole existant entre ces deux écrivaines ayant décidé, dans la trentaine, de mettre un terme à leurs jours y apparaît des plus fascinantes. Le mal de vivre, le poids du regard de l’autre, l’immense solitude ressentie malgré la présence d’autrui, le sentiment d’inadéquation face aux attentes entretenues tacitement ou non envers les femmes, l’étroitesse de ce carcan fait de stéréotypes oppressants, la soupape – souvent, hélas !, insuffisante – de l’écriture et, bien sûr, la mort, de la puissance de son appel aux façons d’y accéder. Le résultat de cet amalgame symbiotique s’avère certes plutôt sombre, mais il est aussi éloquent et émouvant.
Le duo d’interprètes formé par Alice Pascual et Evelyne Brochu apporte aussi beaucoup à la qualité du spectacle. La première, élégante, flegmatique et vêtue d’une robe rappelant les années 1950, et la seconde, affichant une tenue et une expressivité plus contemporaines, se répondent, sans trop interagir, par extraits de textes interposés. S’il n’y a absolument rien à redire quant à la direction d’actrices de la metteuse en scène Alexia Bürger, les déplacements qu’elle a imaginés, soit aller d’un lutrin à un autre selon les sujets abordés, n’apportent que bien peu à l’ensemble et force est d’admettre qu’il en va de même des projections de nuées grises, en mouvement, sur un écran noir en fond de scène. Cela n’empêche aucunement cette mise en commun de deux œuvres d’autrices marquantes d’être captivante. On ne peut que souhaiter que Nelly & Sylvia soit présenté à nouveau dans un proche avenir.
Elle erre dans le songe, il respire ailleurs
S’il est une rencontre entre deux disciplines artistiques qui intrigue, c’est bien celle de la danse et de la littérature, puisqu’elles usent de deux systèmes communicationnels entièrement différents. Le rendez-vous que propose Elle erre dans le songe, il respire ailleurs entre les mouvements et les mots, tire son origine du livre de notre collaboratrice Guylaine Massoutre, Pavane, ou plus précisément d’un de ses chapitres inspiré par le travail de la chorégraphe Louise Bédard. En résulte une rencontre entre un homme et une femme, qui expriment leurs émotions par la danse (et parfois par quelques mots ou onomatopées) tandis que, par moment, on peut entendre une narration poétique, un peu à la manière du film de Marguerite Duras (tiré d’un roman d’abord adapté en pièce de théâtre) India Song. Sont offertes au public des phrases évocatrices telles « Le projet de dire une chose distincte pèse là, entre elle et lui » ou encore « (…) la danse retient ces corps qui, sans elle, ne sont que des vivants séparés », pendant que Marie Claire Forté et Nicolas Patry se livre à un pas de deux précis, rythmé et fluide.
Parmi les autres spectacles à venir au FIL, on surveillera tout particulièrement, le 29 septembre à 15h au Quat’sous, Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone, une « fabulation théâtrale » signée Michel Garneau et interprétée par Maude Guérin et Sylvie Ferlatte autour de l’œuvre et de la vie de la poétesse américaine Emily Dickinson, ainsi que, le 28 septembre à 20h à La Chapelle, Les Dimanches, où le metteur en scène Martin Faucher fera la lecture de certains de ses écrits.
Nelly & Sylvia
Textes : Nelly Arcan et Sylvia Plath. Idée originale, choix et montage des textes : Claudia Larochelle. Mise en lecture : Alexia Bürger. Conception musicale : Vincent Legault. Conception vidéo : Ulysse Del Drago. Chorégraphie : Olivier Loubry. Éclairages : Anne-Marie Rodrigue Lecours. Avec Evelyne Brochu et Alice Pascual. Présenté dans le cadre du Festival international de la littérature les 20 et 21 septembre 2019.
Elle erre dans le songe, il respire ailleurs
Texte et lecture : Guylaine Massoutre. Chorégraphie : Louise Bédard, avec la participation de Marie Claire Forté et Nicolas Patry. Costumes : Marilène Bastien et Valeska G. Éclairages : Anne-Marie Rodrigue Lecours. Musique : Malitzin Cortès CNDSD, DJ Voilà, Nicole Lizée et Pauline Oliveros. Avec Marie Claire Forté et Nicolas Patry. Une production Louise Bédard Danse présentée dans le cadre du Festival international de la littérature le 22 septembre 2019.