Plus de 15 ans après en avoir signé la création au Centre culturel de Joliette, en 2002, René Richard Cyr remonte à l’identique L’Homme de la Mancha, selon le livret de l’américain Dale Wasserman, mais dans la version adaptée par Jacques Brel en 1968, d’après l’œuvre originale de Miguel de Cervantès, Don Quichotte de la Manche.
Si le roman de Cervantès est devenu un classique, on peut pratiquement en dire autant de cette pièce musicale, qui ne souffre d’aucune désuétude. Présentée dans une période où la jeunesse revendique son inquiétude face au déclin de l’environnement et sa colère envers l’immobilité des gouvernements quant à ces enjeux, la quête de Don Quichotte pour un monde meilleur, fut-il idéalisé et impossible à obtenir, résonne encore dans notre société.
L’intrigue de la pièce se déroule sous le règne de l’Inquisition espagnole, dans un sombre cachot, où se fait enfermer Cervantès, fonctionnaire zélé qui a décidé, animé d’un désir d’égalité, de collecter l’impôt à un monastère. Avec son serviteur, il va devoir faire face à une horde de prisonniers en tous genres, hostiles à leur présence. Pour plaider sa cause, il va alors leur raconter l’histoire d’Alonzo Quijana, alias Don Quichotte de la Mancha, « le chevalier à la triste figure », qui préfère voir la vie telle qu’elle devrait être, plutôt que de se contenter de la triste réalité.
L’ingéniosité de la scénographie, dont la sobriété apparente révèle au fur et à mesure des scènes de multiples et efficaces découvertes, et l’excellence de la mise en scène de René Richard Cyr déploient cette histoire du cachot de l’Inquisition aux confins du désert de la Mancha. Sans y être vraiment, on s’y croit, comme si les fabulations quichotiennes prenaient vie devant soi.
Malgré les différentes couches de mise en abyme (du théâtre dans le théâtre et des histoires dans les histoires), on arrive à suivre sans problème les différentes intrigues, grâce à une parfaite cohérence dans la répartition des scènes parlées ou chantées, les unes et les autres correspondant à une catégorie distincte de personnages.
En choisissant de reprendre la distribution originale (seule Joëlle Bourdon est nouvelle), la production s’est assurée une solidité indéniable du côté des acteurs et actrices. Jean Maheux est parfait dans la peau de Cervantès, qui se mue en Don Quichotte, alors que Sylvain Scott se démarque dans le rôle du fidèle Sancho Pança, tout comme Éveline Gélinas, qui incarne la sensuelle Aldonza (Dulcinéa).
La faute aux trop nombreux apprentis interprètes des émissions de télécrochets qui massacrent la chanson depuis des décennies, on décroche un peu lorsqu’arrive La Quête, popularisée par Jacques Brel, et censée pourtant résumer tout le questionnement intrinsèque de cet homme à la recherche du monde parfait. « Rêver un impossible rêve / Porter le chagrin des départs / Brûler d’une possible fièvre / Partir où personne ne part ». Jean Maheux l’interprète magnifiquement, mettant les nuances et les subtilités aux bons endroits, mais on a l’impression de l’avoir déjà trop (mal) entendue pour se laisser porter par la poésie du texte. Heureusement, le reste de la pièce nous fait vivre mille et une émotions dans lesquelles on se plaît à se laisser aller.
Livret : Dale Wasserman. Musique : Mitch Leigh. Paroles : Joe Darion. Adaptation française : Jacques Brel. Mise en scène : René Richard Cyr. Directeur musical : Chris Barillaro. Arrangements musicaux : Benoit Sarrasin, Chris Barillaro. Décors : Réal Benoît. Costumes : François Saint-Aubin. Accessoires : Normand Blais. Éclairages : Étienne Boucher. Avec Joëlle Bourdon, Stéphane Brulotte, Stéphan Côté, Éveline Gélinas, Michelle Labonté, Roger La Rue, Jean Maheux, Sylvain Massé, Sylvain Scott. Musiciens : Chris Barillaro, Peter Colantonio, François Mario. Au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 9 novembre 2019.
Plus de 15 ans après en avoir signé la création au Centre culturel de Joliette, en 2002, René Richard Cyr remonte à l’identique L’Homme de la Mancha, selon le livret de l’américain Dale Wasserman, mais dans la version adaptée par Jacques Brel en 1968, d’après l’œuvre originale de Miguel de Cervantès, Don Quichotte de la Manche.
Si le roman de Cervantès est devenu un classique, on peut pratiquement en dire autant de cette pièce musicale, qui ne souffre d’aucune désuétude. Présentée dans une période où la jeunesse revendique son inquiétude face au déclin de l’environnement et sa colère envers l’immobilité des gouvernements quant à ces enjeux, la quête de Don Quichotte pour un monde meilleur, fut-il idéalisé et impossible à obtenir, résonne encore dans notre société.
L’intrigue de la pièce se déroule sous le règne de l’Inquisition espagnole, dans un sombre cachot, où se fait enfermer Cervantès, fonctionnaire zélé qui a décidé, animé d’un désir d’égalité, de collecter l’impôt à un monastère. Avec son serviteur, il va devoir faire face à une horde de prisonniers en tous genres, hostiles à leur présence. Pour plaider sa cause, il va alors leur raconter l’histoire d’Alonzo Quijana, alias Don Quichotte de la Mancha, « le chevalier à la triste figure », qui préfère voir la vie telle qu’elle devrait être, plutôt que de se contenter de la triste réalité.
L’ingéniosité de la scénographie, dont la sobriété apparente révèle au fur et à mesure des scènes de multiples et efficaces découvertes, et l’excellence de la mise en scène de René Richard Cyr déploient cette histoire du cachot de l’Inquisition aux confins du désert de la Mancha. Sans y être vraiment, on s’y croit, comme si les fabulations quichotiennes prenaient vie devant soi.
Malgré les différentes couches de mise en abyme (du théâtre dans le théâtre et des histoires dans les histoires), on arrive à suivre sans problème les différentes intrigues, grâce à une parfaite cohérence dans la répartition des scènes parlées ou chantées, les unes et les autres correspondant à une catégorie distincte de personnages.
En choisissant de reprendre la distribution originale (seule Joëlle Bourdon est nouvelle), la production s’est assurée une solidité indéniable du côté des acteurs et actrices. Jean Maheux est parfait dans la peau de Cervantès, qui se mue en Don Quichotte, alors que Sylvain Scott se démarque dans le rôle du fidèle Sancho Pança, tout comme Éveline Gélinas, qui incarne la sensuelle Aldonza (Dulcinéa).
La faute aux trop nombreux apprentis interprètes des émissions de télécrochets qui massacrent la chanson depuis des décennies, on décroche un peu lorsqu’arrive La Quête, popularisée par Jacques Brel, et censée pourtant résumer tout le questionnement intrinsèque de cet homme à la recherche du monde parfait. « Rêver un impossible rêve / Porter le chagrin des départs / Brûler d’une possible fièvre / Partir où personne ne part ». Jean Maheux l’interprète magnifiquement, mettant les nuances et les subtilités aux bons endroits, mais on a l’impression de l’avoir déjà trop (mal) entendue pour se laisser porter par la poésie du texte. Heureusement, le reste de la pièce nous fait vivre mille et une émotions dans lesquelles on se plaît à se laisser aller.
L’Homme de la Mancha
Livret : Dale Wasserman. Musique : Mitch Leigh. Paroles : Joe Darion. Adaptation française : Jacques Brel. Mise en scène : René Richard Cyr. Directeur musical : Chris Barillaro. Arrangements musicaux : Benoit Sarrasin, Chris Barillaro. Décors : Réal Benoît. Costumes : François Saint-Aubin. Accessoires : Normand Blais. Éclairages : Étienne Boucher. Avec Joëlle Bourdon, Stéphane Brulotte, Stéphan Côté, Éveline Gélinas, Michelle Labonté, Roger La Rue, Jean Maheux, Sylvain Massé, Sylvain Scott. Musiciens : Chris Barillaro, Peter Colantonio, François Mario. Au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 9 novembre 2019.