Dans une école parmi « les plusses pires » du pays, une Semaine du futur est organisée, dans le cadre de laquelle auront lieu les élections des délégué·es des étudiant·es. Le directeur de l’établissement (Gaétan Nadeau) est d’un cynisme réjouissant : « Des élections pour vous faire croire que vous avez du pouvoir et une soirée costumée pour vous montrer que vous n’en avez pas. »
Deux adolescent·es, Jeanne (Élisabeth Smith) et Olivier (Gabriel Szabo), reçoivent en rêve la Terre morte en cadeau, pendant qu’on leur chante bonne chance pour leur souhaiter bonne fête. Jeanne est une rebelle qui rejette la société de consommation et s’en prend aux publicités qu’elle veut supprimer de l’école. Olivier est le gars mal dans sa peau, qui tente de rester optimiste et se réfugie dans les livres (particulièrement dans l’Encyclopédie du savoir inutile), pour oublier qu’il lui faut vivre. « L’humanité est dans la marde », disent-ils. C’est pourquoi il leur faut se mobiliser.
La pléiade de personnages qu’il et elle vont rencontrer – tous plus savoureux les uns que les autres et brillamment interprétés par Nathalie Claude et Gaétan Nadeau –, pour la plupart des adultes désillusionnés, ont baissé les bras, sont entrés dans le moule. Ce que les jeunes refusent de faire. Ils donnent à entendre leur anxiété face à ce monde reçu en héritage, ce monde qui s’écroule sous leurs pieds et que, malgré leurs cris d’alarme, on laisse mourir en déplorant de se trouver trop impuissant·e ou pire, trop négligent·e pour faire quelque chose.
Maniant l’humour noir et la provocation avec une grande élégance, David Paquet livre un texte aux répliques ciselées, percutantes comme des coups de poing. D’une écriture dense et nerveuse, il cerne en quelques lignes ses personnages, colorés et outranciers, grotesques sans jamais être vulgaires. Son regard est férocement critique sur une société qui lègue à la nouvelle génération des enjeux auxquels elle ne peut se soustraire : l’engagement citoyen et écologiste, le devoir de résistance, la responsabilité d’agir.
La mise en scène de Philippe Cyr est un vrai bonheur d’humour et de finesse. Surréaliste, audacieuse, elle est remarquablement bien servie par la scénographie au kitsch assumé d’Odile Gamache, ludique et décalée. Dans cet univers de plastique, la truculence des personnages aux improbables costumes n’en est que plus drôle, mais plus cynique aussi.
« Le fait qu’on soit là change quelque chose », disent les deux ados à la fin de la pièce. On pense (forcément) à Greta Thunberg et son I want you to panic, une de ces ados qui veulent changer le monde, afin de pouvoir croire en l’avenir. Qu’elles et ils soient toujours plus nombreux, c’est ce qu’on souhaite à notre Terre malade.
Avec Le poids des fourmis, David Paquet et Philippe Cyr ont la délicatesse d’aborder un sujet sérieux sans se prendre au sérieux, de parler de choses graves avec légèreté. Un exercice difficile, un pari réussi haut la main.
Texte : David Paquet. Mise en scène : Philippe Cyr. Scénographie : Odile Gamache. Costumes : Étienne-René Contant. Lumières : Cédric Delorme-Bouchard. Conception sonore : Christophe Lamarche-Ledoux. Avec Nathalie Claude, Gaétan Nadeau, Élisabeth Smith et Gabriel Szabo. Une production du Théâtre Bluff, présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 7 décembre 2019.
Dans une école parmi « les plusses pires » du pays, une Semaine du futur est organisée, dans le cadre de laquelle auront lieu les élections des délégué·es des étudiant·es. Le directeur de l’établissement (Gaétan Nadeau) est d’un cynisme réjouissant : « Des élections pour vous faire croire que vous avez du pouvoir et une soirée costumée pour vous montrer que vous n’en avez pas. »
Deux adolescent·es, Jeanne (Élisabeth Smith) et Olivier (Gabriel Szabo), reçoivent en rêve la Terre morte en cadeau, pendant qu’on leur chante bonne chance pour leur souhaiter bonne fête. Jeanne est une rebelle qui rejette la société de consommation et s’en prend aux publicités qu’elle veut supprimer de l’école. Olivier est le gars mal dans sa peau, qui tente de rester optimiste et se réfugie dans les livres (particulièrement dans l’Encyclopédie du savoir inutile), pour oublier qu’il lui faut vivre. « L’humanité est dans la marde », disent-ils. C’est pourquoi il leur faut se mobiliser.
La pléiade de personnages qu’il et elle vont rencontrer – tous plus savoureux les uns que les autres et brillamment interprétés par Nathalie Claude et Gaétan Nadeau –, pour la plupart des adultes désillusionnés, ont baissé les bras, sont entrés dans le moule. Ce que les jeunes refusent de faire. Ils donnent à entendre leur anxiété face à ce monde reçu en héritage, ce monde qui s’écroule sous leurs pieds et que, malgré leurs cris d’alarme, on laisse mourir en déplorant de se trouver trop impuissant·e ou pire, trop négligent·e pour faire quelque chose.
Maniant l’humour noir et la provocation avec une grande élégance, David Paquet livre un texte aux répliques ciselées, percutantes comme des coups de poing. D’une écriture dense et nerveuse, il cerne en quelques lignes ses personnages, colorés et outranciers, grotesques sans jamais être vulgaires. Son regard est férocement critique sur une société qui lègue à la nouvelle génération des enjeux auxquels elle ne peut se soustraire : l’engagement citoyen et écologiste, le devoir de résistance, la responsabilité d’agir.
La mise en scène de Philippe Cyr est un vrai bonheur d’humour et de finesse. Surréaliste, audacieuse, elle est remarquablement bien servie par la scénographie au kitsch assumé d’Odile Gamache, ludique et décalée. Dans cet univers de plastique, la truculence des personnages aux improbables costumes n’en est que plus drôle, mais plus cynique aussi.
« Le fait qu’on soit là change quelque chose », disent les deux ados à la fin de la pièce. On pense (forcément) à Greta Thunberg et son I want you to panic, une de ces ados qui veulent changer le monde, afin de pouvoir croire en l’avenir. Qu’elles et ils soient toujours plus nombreux, c’est ce qu’on souhaite à notre Terre malade.
Avec Le poids des fourmis, David Paquet et Philippe Cyr ont la délicatesse d’aborder un sujet sérieux sans se prendre au sérieux, de parler de choses graves avec légèreté. Un exercice difficile, un pari réussi haut la main.
Le poids des fourmis
Texte : David Paquet. Mise en scène : Philippe Cyr. Scénographie : Odile Gamache. Costumes : Étienne-René Contant. Lumières : Cédric Delorme-Bouchard. Conception sonore : Christophe Lamarche-Ledoux. Avec Nathalie Claude, Gaétan Nadeau, Élisabeth Smith et Gabriel Szabo. Une production du Théâtre Bluff, présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 7 décembre 2019.