Ronnie Burkett, célèbre concepteur, marionnettiste et interprète albertain, revient tout juste de Québec, où il a présenté au Diamant son Daisy Theatre, spectacle qui s’était arrêté à Montréal en 2018. Cette fois, avec Little Dickens, il nous offre une relecture vaudevillesque de l’œuvre de Charles Dickens, A Christmas Carol.
On retrouve deux castelets sur la scène. D’abord un très grand, à l’intérieur duquel on peut voir Ronnie Burkett s’activer au-dessus d’un plus petit, là où ses protagonistes donnent vie à l’histoire. Ce cabaret fantasque débute par le numéro captivant d’une chanteuse-effeuilleuse, qui nous raconte sa mésaventure avec le Père Noël. Dans une danse plus amusante que provocante, la marionnette d’une hauteur de quelque quarante centimètres arrive à se départir avec fluidité de ses vêtements. L’illusion est parfaite de réalisme. Puis, s’impose sur la scène la diva qui ne vit que pour le spectacle : Esmée Massengill. À la veille de Noël, cette éternelle insatisfaite, en parfaite Scrooge, se montre plus dure que jamais.
L’un·e après l’autre, les héroïnes et héros des productions antérieures de Burkett, dont Schnitzel, le gamin qui veut devenir une fée, feront tout pour convaincre Esmée de s’adoucir et de se laisser aller à l’esprit des fêtes. Ils et elles évoluent dans un décor simple, soit devant un rideau et diverses toiles de fond, sur lesquels se découpent les costumes, dont certains scintillants. Mais le côté extravagant du spectacle vient surtout du discours savoureux et des répliques tranchantes d’Esmée, dont les caprices n’ont pas de limites, tout comme l’exceptionnelle valeur artistique qu’elle croit posséder.
Au bout des fils qui contrôlent ces êtres colorés et burlesques, Ronnie Burkett démontre sa virtuosité de marionnettiste. Il a une capacité inouïe à faire se mouvoir ses personnages, à leur prêter des poses et des gestuelles des plus inattendues pour des pantins, et des plus humaines également.
Burkett est omniprésent dans cette production, faisant de son propre rôle un spectacle qui se juxtapose constamment à celui offert par ses marionnettes. Les planches sont foulées par plusieurs d’entre elles à la fois, à qui il donne lui-même voix et qui parlent toutes très vite, dans une langue colorée. On peut certainement qualifier ce créateur d’homme-orchestre du théâtre.
La participation du public est sollicitée à maintes reprises. Au départ surprenant, ce procédé lasse rapidement, d’autant plus qu’il ralentit un rythme fort bien installé en début de représentation. Malgré cela, spectateurs et spectatrices acceptent allégrement la proposition en chantant ou en s’avançant sur la scène pour venir en aide à l’artiste.
À plusieurs moments, des émotions émanent du récit grâce au texte et aux habiles manipulations auxquelles Burkett se livre, tout spécialement lors des passages impliquant le petit Schnitzel. Attendrissant, cet enfant parle des projets qu’il ne pourra jamais réaliser en raison de sa santé précaire. Celui qui envie la capacité des roches à survoler les flots, lorsque son père les fait ricocher sur un lac, détient un fort potentiel dramatique, voire même poétique. Or le choix de surexploiter l’humour, l’élément liant de cette production, nous ramène à une courbe narrative mièvre, digne d’un conte télévisé pour une émission spéciale des fêtes. L’œuvre fascine davantage par son exécution irréprochable et par la performance quasi athlétique de Ronnie Burkett, que par l’originalité du récit. Il serait cependant dommage de bouder son plaisir et, à l’instar d’Esmée envers Noël, de résister à l’esprit joyeux de ce divertissement. Little Dickens, avant d’être un spectacle de marionnettes, est le spectacle d’un marionnettiste, qui manipule aussi bien ses pantins que son public. Un phénomène qu’il faut voir.
Création et interprétation : Ronnie Burkett. Arrangements musicaux : John Alcorn. Direction de la production et direction artistique : Terri Gillis. Régie : Crystal Salverda. Conception des marionnettes, costumes et décors : Ronnie Burkett, Kim Crossley, Camellia Koo et Robin Fisher. Présenté au Théâtre Centaur jusqu’au 21 novembre 2019.
Ronnie Burkett, célèbre concepteur, marionnettiste et interprète albertain, revient tout juste de Québec, où il a présenté au Diamant son Daisy Theatre, spectacle qui s’était arrêté à Montréal en 2018. Cette fois, avec Little Dickens, il nous offre une relecture vaudevillesque de l’œuvre de Charles Dickens, A Christmas Carol.
On retrouve deux castelets sur la scène. D’abord un très grand, à l’intérieur duquel on peut voir Ronnie Burkett s’activer au-dessus d’un plus petit, là où ses protagonistes donnent vie à l’histoire. Ce cabaret fantasque débute par le numéro captivant d’une chanteuse-effeuilleuse, qui nous raconte sa mésaventure avec le Père Noël. Dans une danse plus amusante que provocante, la marionnette d’une hauteur de quelque quarante centimètres arrive à se départir avec fluidité de ses vêtements. L’illusion est parfaite de réalisme. Puis, s’impose sur la scène la diva qui ne vit que pour le spectacle : Esmée Massengill. À la veille de Noël, cette éternelle insatisfaite, en parfaite Scrooge, se montre plus dure que jamais.
L’un·e après l’autre, les héroïnes et héros des productions antérieures de Burkett, dont Schnitzel, le gamin qui veut devenir une fée, feront tout pour convaincre Esmée de s’adoucir et de se laisser aller à l’esprit des fêtes. Ils et elles évoluent dans un décor simple, soit devant un rideau et diverses toiles de fond, sur lesquels se découpent les costumes, dont certains scintillants. Mais le côté extravagant du spectacle vient surtout du discours savoureux et des répliques tranchantes d’Esmée, dont les caprices n’ont pas de limites, tout comme l’exceptionnelle valeur artistique qu’elle croit posséder.
Au bout des fils qui contrôlent ces êtres colorés et burlesques, Ronnie Burkett démontre sa virtuosité de marionnettiste. Il a une capacité inouïe à faire se mouvoir ses personnages, à leur prêter des poses et des gestuelles des plus inattendues pour des pantins, et des plus humaines également.
Burkett est omniprésent dans cette production, faisant de son propre rôle un spectacle qui se juxtapose constamment à celui offert par ses marionnettes. Les planches sont foulées par plusieurs d’entre elles à la fois, à qui il donne lui-même voix et qui parlent toutes très vite, dans une langue colorée. On peut certainement qualifier ce créateur d’homme-orchestre du théâtre.
La participation du public est sollicitée à maintes reprises. Au départ surprenant, ce procédé lasse rapidement, d’autant plus qu’il ralentit un rythme fort bien installé en début de représentation. Malgré cela, spectateurs et spectatrices acceptent allégrement la proposition en chantant ou en s’avançant sur la scène pour venir en aide à l’artiste.
À plusieurs moments, des émotions émanent du récit grâce au texte et aux habiles manipulations auxquelles Burkett se livre, tout spécialement lors des passages impliquant le petit Schnitzel. Attendrissant, cet enfant parle des projets qu’il ne pourra jamais réaliser en raison de sa santé précaire. Celui qui envie la capacité des roches à survoler les flots, lorsque son père les fait ricocher sur un lac, détient un fort potentiel dramatique, voire même poétique. Or le choix de surexploiter l’humour, l’élément liant de cette production, nous ramène à une courbe narrative mièvre, digne d’un conte télévisé pour une émission spéciale des fêtes. L’œuvre fascine davantage par son exécution irréprochable et par la performance quasi athlétique de Ronnie Burkett, que par l’originalité du récit. Il serait cependant dommage de bouder son plaisir et, à l’instar d’Esmée envers Noël, de résister à l’esprit joyeux de ce divertissement. Little Dickens, avant d’être un spectacle de marionnettes, est le spectacle d’un marionnettiste, qui manipule aussi bien ses pantins que son public. Un phénomène qu’il faut voir.
Little Dickens
Création et interprétation : Ronnie Burkett. Arrangements musicaux : John Alcorn. Direction de la production et direction artistique : Terri Gillis. Régie : Crystal Salverda. Conception des marionnettes, costumes et décors : Ronnie Burkett, Kim Crossley, Camellia Koo et Robin Fisher. Présenté au Théâtre Centaur jusqu’au 21 novembre 2019.