Après avoir exploré les arrondissements de Saint-Laurent, du Sud-Ouest, de Montréal-Nord et du Plateau-Mont-Royal, Foirée montréalaise s’intéresse cette année à celui de Côte-des-Neiges–Notre–Dame-de-Grâce. Cet immense territoire multiethnique, sur lequel cohabitent 160 nations et où près de 110 langues sont parlées, est sans doute le plus cosmopolite de tout le Québec. Ici, haut savoir (Université de Montréal, HEC, collèges privés), hôpitaux renommés et sanctuaire catholique par excellence (l’oratoire Saint-Joseph) côtoient des lieux légendaires plus païens et mercantiles, tels la bigarrée Plaza Côte-des-Neiges ainsi que la pittoresque Orange Julep. Contrastes architecturaux certes, mais aussi clivages socio-économiques, alors qu’une partie très importante de la population vit dans des quartiers aux immeubles insalubres, à l’ombre des municipalités voisines et richissimes qui les surplombent (Westmount, Outremont, Ville Mont-Royal).
C’est avec ce panorama en filigrane et l’esprit des Fêtes en tête que nous accueille la troupe éphémère de Foirée montréalaise. Dès l’arrivée en salle, on est happé par l’atmosphère festive qui règne. Acteurs et actrices nous invitent à nous déhancher en leur compagnie tout en savourant amuse-gueules et apéritifs. Le ton est donné : musique entraînante, chansons à répondre, étoiles et guirlandes, le tout sous le regard figé du Frère André, dont la statue trône près de l’entrée. On trinque, on chante, on tape des mains, on se fait la bise et tranquillement, comme si de rien n’était, le spectacle s’installe. Pascal Contamine, l’hôte dynamique de la soirée, prend le pouls de l’assistance et des comédien·nes qui l’entourent, quant aux lieux mythiques de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. On plante le décor…
Intérêt effiloché
D’échanges en commentaires, et à la suite de sympathiques interactions avec le public, les huit interprètes nous livrent moult témoignages relatifs à ce coin de Montréal. Ainsi, aux souvenirs de Louis-Dominique Lavigne, étudiant au Collège Jean-de-Brébeuf à l’époque de la Révolution tranquille, succéderont les mémorables joutes d’écrasage de coquerelles dans le petit appartement où s’entassait la famille du Congolais Joël Nawej. Nous apprendrons aussi, de la bouche d’Andréanne Théberge, que l’arrondissement fut jadis reconnu pour sa production de gigantesques melons, et qu’Ariel Ifergan, d’origine juive marocaine, adorait, jeune homme, déambuler dans les cimetières avoisinants. Les interventions, pour la plupart anecdotiques et parfois même didactiques, ponctuées de chansons hétéroclites et échelonnées sur plus de deux heures, tombent malheureusement trop souvent à plat et finissent par lasser, faute d’un fil conducteur étoffé.
On retiendra l’hommage aux victimes de Polytechnique, soutenu de vibrante façon par la chanson de Julie Renault-Roy, l’expérience touchante de Davyd Tousignant en Père Noël de la Plaza Côte-des-Neiges et l’amusant jeu-questionnaire sur le rapport Parent, animé avec fougue par Pascal Contamine.
Il faut espérer que Foirée Montréalaise nous revienne l’an prochain, un peu plus resserrée cette fois, mais toujours aussi rassembleuse, car cette formule théâtrale nourrit notre volonté de tisser des liens solides entre citoyen·nes.
Textes : Pascal Contamine, Karine Cousineau, Isabel Dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault-Roy, Emmanuel Schwartz, Andréanne Théberge, Davyd Tousignant. Mise en scène : Martin Desgagné. Assistance à la mise en scène et régie : Hélène Rioux. Musique en direct : Claude Fradette et Robin Boulianne. Avec Pascal Contamine, Isabel dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault- Roy, Andréanne Théberge et Davyd Tousignant. Une production du Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture, présentée au théâtre La Licorne jusqu’au 21 décembre 2019.
Après avoir exploré les arrondissements de Saint-Laurent, du Sud-Ouest, de Montréal-Nord et du Plateau-Mont-Royal, Foirée montréalaise s’intéresse cette année à celui de Côte-des-Neiges–Notre–Dame-de-Grâce. Cet immense territoire multiethnique, sur lequel cohabitent 160 nations et où près de 110 langues sont parlées, est sans doute le plus cosmopolite de tout le Québec. Ici, haut savoir (Université de Montréal, HEC, collèges privés), hôpitaux renommés et sanctuaire catholique par excellence (l’oratoire Saint-Joseph) côtoient des lieux légendaires plus païens et mercantiles, tels la bigarrée Plaza Côte-des-Neiges ainsi que la pittoresque Orange Julep. Contrastes architecturaux certes, mais aussi clivages socio-économiques, alors qu’une partie très importante de la population vit dans des quartiers aux immeubles insalubres, à l’ombre des municipalités voisines et richissimes qui les surplombent (Westmount, Outremont, Ville Mont-Royal).
C’est avec ce panorama en filigrane et l’esprit des Fêtes en tête que nous accueille la troupe éphémère de Foirée montréalaise. Dès l’arrivée en salle, on est happé par l’atmosphère festive qui règne. Acteurs et actrices nous invitent à nous déhancher en leur compagnie tout en savourant amuse-gueules et apéritifs. Le ton est donné : musique entraînante, chansons à répondre, étoiles et guirlandes, le tout sous le regard figé du Frère André, dont la statue trône près de l’entrée. On trinque, on chante, on tape des mains, on se fait la bise et tranquillement, comme si de rien n’était, le spectacle s’installe. Pascal Contamine, l’hôte dynamique de la soirée, prend le pouls de l’assistance et des comédien·nes qui l’entourent, quant aux lieux mythiques de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. On plante le décor…
Intérêt effiloché
D’échanges en commentaires, et à la suite de sympathiques interactions avec le public, les huit interprètes nous livrent moult témoignages relatifs à ce coin de Montréal. Ainsi, aux souvenirs de Louis-Dominique Lavigne, étudiant au Collège Jean-de-Brébeuf à l’époque de la Révolution tranquille, succéderont les mémorables joutes d’écrasage de coquerelles dans le petit appartement où s’entassait la famille du Congolais Joël Nawej. Nous apprendrons aussi, de la bouche d’Andréanne Théberge, que l’arrondissement fut jadis reconnu pour sa production de gigantesques melons, et qu’Ariel Ifergan, d’origine juive marocaine, adorait, jeune homme, déambuler dans les cimetières avoisinants. Les interventions, pour la plupart anecdotiques et parfois même didactiques, ponctuées de chansons hétéroclites et échelonnées sur plus de deux heures, tombent malheureusement trop souvent à plat et finissent par lasser, faute d’un fil conducteur étoffé.
On retiendra l’hommage aux victimes de Polytechnique, soutenu de vibrante façon par la chanson de Julie Renault-Roy, l’expérience touchante de Davyd Tousignant en Père Noël de la Plaza Côte-des-Neiges et l’amusant jeu-questionnaire sur le rapport Parent, animé avec fougue par Pascal Contamine.
Il faut espérer que Foirée Montréalaise nous revienne l’an prochain, un peu plus resserrée cette fois, mais toujours aussi rassembleuse, car cette formule théâtrale nourrit notre volonté de tisser des liens solides entre citoyen·nes.
Foirée Montréalaise
Textes : Pascal Contamine, Karine Cousineau, Isabel Dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault-Roy, Emmanuel Schwartz, Andréanne Théberge, Davyd Tousignant. Mise en scène : Martin Desgagné. Assistance à la mise en scène et régie : Hélène Rioux. Musique en direct : Claude Fradette et Robin Boulianne. Avec Pascal Contamine, Isabel dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault- Roy, Andréanne Théberge et Davyd Tousignant. Une production du Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture, présentée au théâtre La Licorne jusqu’au 21 décembre 2019.