À l’occasion de son 25e anniversaire, ce n’est pas à une mais à deux créations, en une soirée, que nous invite la compagnie KoboL marionnettes. L’une, éloge des petits riens, est la reprise d’un spectacle créé en 2015, l’autre, désAmours, est une primeur : toutes deux sont des adaptations scéniques de livres de l’auteure Geneviève Robitaille (1961-2015). Celle-ci, qui souffrait d’une maladie dégénérative, l’arthrite rhumatoïde, depuis l’enfance, était également semi-voyante. Ce qui ne l’a pas empêchée, au contraire, de livrer un message de résilience, de bonheur, de quête de beauté, parfaitement transmis par la proposition artistique de KoboL.
L’œuvre – les deux finissent par n’en faire qu’une – commence par la naissance de l’enfant, dont l’organisme contient dès le départ cette anomalie, et nous mènera jusqu’aux dernières réflexions de la femme à l’approche de sa propre mort. Cela débute donc sur une musique enjouée, l’unique manipulateur, Pier DuFour, s’amenant avec un berceau (qui se transformera tout au long de la représentation pour devenir poussette, fauteuil roulant, lit…) et une bête à plumes, la cigogne (qui reviendra aussi comme un leitmotiv marquant toutes les renaissances).
Des tas d’accessoires disposés tout autour de l’aire de jeu seront mis à contribution pour évoquer des moments de l’existence de l’auteure, épouser ses rêves et ses pensées, tous objets manipulés avec délicatesse, dans une sorte de lent rituel. Procédant par allusions, par clins d’yeux, sans rien appuyer, la poésie surgit au gré d’une bande sonore savamment élaborée (bravo Jean-François Léger) où se mélangent narration, voix d’enfants, chants d’oiseaux, bruitages éloquents et musiques souvent enveloppantes. Pier DuFour, mime et manipulateur expert, donne vie aux objets et s’efface doucement pour faire toute la place à la vérité bien vivante de celle qui a écrit ces mots.
Chérir l’ordinaire
Réduite physiquement par sa maladie, qui n’aura de cesse de s’aggraver, malgré les opérations et de nombreux séjours à l’hôpital, Geneviève Robitaille a pour sa part, sans apitoiement, tourné toute son attention vers le meilleur du monde – « Voler le monde est mon métier », dira-t-elle – et vers la beauté de l’art et des petits riens du quotidien. Après des mois d’immobilité, marcher dans l’automne, cuisiner une soupe, écrire, lire… Apprendre à « chérir l’ordinaire et à désamorcer le grave », une leçon de résilience qui a un écho particulier en notre époque pandémique.
Dans la seconde partie, désAmours, adaptation de son dernier livre, la narration se fait beaucoup plus présente, l’écrivaine évoquant ses amours impossibles, avec humour et franchise, mais aussi les amours des gens qui l’entourent. Elle se livre sur la mort de son père, sa joie de faire du théâtre, et glisse peu à peu vers la fin inexorable. La comédienne Danièle Panneton, qui avait adapté avec Pier DuFour éloge des petits riens, prête cette fois sa voix, chaude et posée, pour rendre avec talent toutes les nuances de cette écriture, où il n’y a pas de mots inutiles.
Somme toute, cet événement soulignant 25 ans de création de KoboL marionnettes permet à Pier DuFour, son directeur artistique et général, d’exposer en toute humilité la grandeur de son art.
Texte : Geneviève Robitaille. Adaptation et dramaturgie : Pier DuFour et Danièle Panneton. Mise en scène, manipulation et interprétation : Pier DuFour. Narration : Danièle Panneton. Musique originale et réalisation de la bande sonore : Jean-François Léger. Lumières et régie : Nancy Longchamp. Marionnettes et objets : Mario Tremblay et Mathieu René.
Texte : Geneviève Robitaille. Adaptation : Pier DuFour et Marcel Pomerlo. Mise en scène : Marcel Pomerlo. Manipulation et interprétation : Pier DuFour. Narration : Danièle Panneton. Musique originale et bande sonore : Jean-François Léger. Lumières et régie : Nancy Longchamp. Marionnettes, masques et objets : Mario Tremblay et Mathieu René. Deux productions de KoboL marionnettes présentées à La Chapelle Scènes Contemporaines jusqu’au 6 septembre 2020.
À l’occasion de son 25e anniversaire, ce n’est pas à une mais à deux créations, en une soirée, que nous invite la compagnie KoboL marionnettes. L’une, éloge des petits riens, est la reprise d’un spectacle créé en 2015, l’autre, désAmours, est une primeur : toutes deux sont des adaptations scéniques de livres de l’auteure Geneviève Robitaille (1961-2015). Celle-ci, qui souffrait d’une maladie dégénérative, l’arthrite rhumatoïde, depuis l’enfance, était également semi-voyante. Ce qui ne l’a pas empêchée, au contraire, de livrer un message de résilience, de bonheur, de quête de beauté, parfaitement transmis par la proposition artistique de KoboL.
L’œuvre – les deux finissent par n’en faire qu’une – commence par la naissance de l’enfant, dont l’organisme contient dès le départ cette anomalie, et nous mènera jusqu’aux dernières réflexions de la femme à l’approche de sa propre mort. Cela débute donc sur une musique enjouée, l’unique manipulateur, Pier DuFour, s’amenant avec un berceau (qui se transformera tout au long de la représentation pour devenir poussette, fauteuil roulant, lit…) et une bête à plumes, la cigogne (qui reviendra aussi comme un leitmotiv marquant toutes les renaissances).
Des tas d’accessoires disposés tout autour de l’aire de jeu seront mis à contribution pour évoquer des moments de l’existence de l’auteure, épouser ses rêves et ses pensées, tous objets manipulés avec délicatesse, dans une sorte de lent rituel. Procédant par allusions, par clins d’yeux, sans rien appuyer, la poésie surgit au gré d’une bande sonore savamment élaborée (bravo Jean-François Léger) où se mélangent narration, voix d’enfants, chants d’oiseaux, bruitages éloquents et musiques souvent enveloppantes. Pier DuFour, mime et manipulateur expert, donne vie aux objets et s’efface doucement pour faire toute la place à la vérité bien vivante de celle qui a écrit ces mots.
Chérir l’ordinaire
Réduite physiquement par sa maladie, qui n’aura de cesse de s’aggraver, malgré les opérations et de nombreux séjours à l’hôpital, Geneviève Robitaille a pour sa part, sans apitoiement, tourné toute son attention vers le meilleur du monde – « Voler le monde est mon métier », dira-t-elle – et vers la beauté de l’art et des petits riens du quotidien. Après des mois d’immobilité, marcher dans l’automne, cuisiner une soupe, écrire, lire… Apprendre à « chérir l’ordinaire et à désamorcer le grave », une leçon de résilience qui a un écho particulier en notre époque pandémique.
Dans la seconde partie, désAmours, adaptation de son dernier livre, la narration se fait beaucoup plus présente, l’écrivaine évoquant ses amours impossibles, avec humour et franchise, mais aussi les amours des gens qui l’entourent. Elle se livre sur la mort de son père, sa joie de faire du théâtre, et glisse peu à peu vers la fin inexorable. La comédienne Danièle Panneton, qui avait adapté avec Pier DuFour éloge des petits riens, prête cette fois sa voix, chaude et posée, pour rendre avec talent toutes les nuances de cette écriture, où il n’y a pas de mots inutiles.
Somme toute, cet événement soulignant 25 ans de création de KoboL marionnettes permet à Pier DuFour, son directeur artistique et général, d’exposer en toute humilité la grandeur de son art.
éloge des petits riens
Texte : Geneviève Robitaille. Adaptation et dramaturgie : Pier DuFour et Danièle Panneton. Mise en scène, manipulation et interprétation : Pier DuFour. Narration : Danièle Panneton. Musique originale et réalisation de la bande sonore : Jean-François Léger. Lumières et régie : Nancy Longchamp. Marionnettes et objets : Mario Tremblay et Mathieu René.
désAmours
Texte : Geneviève Robitaille. Adaptation : Pier DuFour et Marcel Pomerlo. Mise en scène : Marcel Pomerlo. Manipulation et interprétation : Pier DuFour. Narration : Danièle Panneton. Musique originale et bande sonore : Jean-François Léger. Lumières et régie : Nancy Longchamp. Marionnettes, masques et objets : Mario Tremblay et Mathieu René. Deux productions de KoboL marionnettes présentées à La Chapelle Scènes Contemporaines jusqu’au 6 septembre 2020.