Le Pommetier ouvre la saison théâtrale du Périscope avec une douceur exquise. L’idée originale fut imaginée par Agnès Zacharie, réputée pour ses performances pittoresques, ses spectacles de marionnettes et de petites formes dans un autobus scolaire qu’elle a converti en théâtre forain. L’autrice, comédienne, metteuse en scène et marionnettiste a fondé l’Ubus Théâtre en 2004. Depuis, la compagnie connaît du succès au Québec comme à l’international. Cet automne, Ubus Théâtre, en collaboration avec Pupulus Mordicus, nous convie à entrer dans un cocon de réconfort. Il nous propose une brève accalmie en ces temps de grands bouleversements. Le spectacle d’une trentaine de minutes nous entraîne dans un univers fantastique où sont abordés la solitude, l’attente, la mémoire et l’amour. La contrainte pandémique limitant le public à quatre personnes renforce le caractère déjà très intimiste de la création. Comme quoi il y a du positif dans certaines mesures restrictives !
La représentation débute sous forme déambulatoire au coeur du théâtre Périscope. Cette première partie consiste en une immersion silencieuse et contemplative dans le monde singulier du Pommetier. Pierre Robitaille y tient le rôle d’un mari sensible, passionné par la nature. Nous le voyons d’abord mettre une théière en terre, planter tout délicatement ce pommetier qui fait la fierté de Bérangère. L’arbre se dresse devant la maison de cette dernière et rappelle à la femme la tendresse de son amoureux décédé. Les tableaux du parcours dévoilent des souvenirs fragmentés, des scènes charmantes empreintes d’une mélancolie rêveuse et d’un romantisme saisissant. L’un d’eux illustre une soirée au cours de laquelle le couple cuisine un dessert. Nous entendons leur discussion et leurs rires grâce à un casque d’écoute, tandis qu’une gigantesque sculpture de gâteau trône au centre de la pièce.
Principalement composée de chants d’oiseaux, de bruits de pluie et de grondements d’orages lointains, l’ambiance sonore (signée Josué Beaucage) s’avère réellement apaisante. Elle donne envie que se prolonge l’instant. Elle donne envie de se laisser bercer par cet environnement douillet, de profiter plus longuement de ce moment d’arrêt à l’abri de tout dérangement. Malheureusement, on passe plutôt abruptement d’un tableau à un autre, sans doute pour répondre aux exigences sanitaires. Néanmoins, les transitions témoignent d’un effort évident pour rendre le tout fluide et harmonieux par leur ancrage dans les thématiques du spectacle.
Enfin arrive la rencontre ! La chaleureuse Bérangère accueille avec enthousiasme ceux et celles qu’elle se « désespérait tellement à espérer ». Radieuse, elle nous fait part des introspections qui habitent ses silences. Elle nous interpelle et nous interroge sur ce qui nous forge et sur ce qui enjolive notre quotidien. L’interprète nous sonde d’un regard généreux, les prunelles étincelantes. Elle incarne à merveille le rôle d’une dame aimante qui ressasse ses plus précieux souvenirs de jeunesse. Les albums photo de Bérangère contiennent de remarquables sculptures en papier. La comédienne fait danser leurs ombres sur les murs, mais la manipulation s’avère de trop courte durée pour être justement contemplée.
Aménagée dans l’exceptionnel autobus jaune d’Ubus Théâtre, la maison de Bérangère constitue le point culminant de l’expérience sensorielle que procure Le Pommetier. C’est également là où converge toute l’imagerie poétique du spectacle. De multiples éléments de la scénographie prennent vie sous nos yeux, comme la fourmi qui parcourt le plafond et l’oiseau de Bérangère qui n’arrive plus à chanter. Pendant que jouent de vieux airs à la radio, une délicieuse odeur de confiture de framboises emplit la demeure de Bérangère. Chez elle, les marguerites fleurissent des théières et les nuages émergent des tiroirs. Une esthétique ravissante, qui nous transporte loin de nos tumultes intérieurs.
Texte et idée originale : Agnès Zacharie. Mise en scène : Martin Genest. Conception des marionnettes et des objets : Pierre Robitaille. Scénographie : Annabelle Roy et Hugues Bernatchez. Costumes : Annabelle Roy. Musique et environnement sonore : Josué Beaucage. Régie, conception lumière et vidéo : Henri-Louis Chalem. Conseillers dramaturgiques : Josée Campanale et Gérard Bibeau. Avec Agnès Zacharie et Pierre Robitaille. Une production de Ubus Théâtre en collaboration avec Pupulus Mordicus, présentée au théâtre Périscope jusqu’au 10 octobre.
Le Pommetier ouvre la saison théâtrale du Périscope avec une douceur exquise. L’idée originale fut imaginée par Agnès Zacharie, réputée pour ses performances pittoresques, ses spectacles de marionnettes et de petites formes dans un autobus scolaire qu’elle a converti en théâtre forain. L’autrice, comédienne, metteuse en scène et marionnettiste a fondé l’Ubus Théâtre en 2004. Depuis, la compagnie connaît du succès au Québec comme à l’international. Cet automne, Ubus Théâtre, en collaboration avec Pupulus Mordicus, nous convie à entrer dans un cocon de réconfort. Il nous propose une brève accalmie en ces temps de grands bouleversements. Le spectacle d’une trentaine de minutes nous entraîne dans un univers fantastique où sont abordés la solitude, l’attente, la mémoire et l’amour. La contrainte pandémique limitant le public à quatre personnes renforce le caractère déjà très intimiste de la création. Comme quoi il y a du positif dans certaines mesures restrictives !
La représentation débute sous forme déambulatoire au coeur du théâtre Périscope. Cette première partie consiste en une immersion silencieuse et contemplative dans le monde singulier du Pommetier. Pierre Robitaille y tient le rôle d’un mari sensible, passionné par la nature. Nous le voyons d’abord mettre une théière en terre, planter tout délicatement ce pommetier qui fait la fierté de Bérangère. L’arbre se dresse devant la maison de cette dernière et rappelle à la femme la tendresse de son amoureux décédé. Les tableaux du parcours dévoilent des souvenirs fragmentés, des scènes charmantes empreintes d’une mélancolie rêveuse et d’un romantisme saisissant. L’un d’eux illustre une soirée au cours de laquelle le couple cuisine un dessert. Nous entendons leur discussion et leurs rires grâce à un casque d’écoute, tandis qu’une gigantesque sculpture de gâteau trône au centre de la pièce.
Principalement composée de chants d’oiseaux, de bruits de pluie et de grondements d’orages lointains, l’ambiance sonore (signée Josué Beaucage) s’avère réellement apaisante. Elle donne envie que se prolonge l’instant. Elle donne envie de se laisser bercer par cet environnement douillet, de profiter plus longuement de ce moment d’arrêt à l’abri de tout dérangement. Malheureusement, on passe plutôt abruptement d’un tableau à un autre, sans doute pour répondre aux exigences sanitaires. Néanmoins, les transitions témoignent d’un effort évident pour rendre le tout fluide et harmonieux par leur ancrage dans les thématiques du spectacle.
Enfin arrive la rencontre ! La chaleureuse Bérangère accueille avec enthousiasme ceux et celles qu’elle se « désespérait tellement à espérer ». Radieuse, elle nous fait part des introspections qui habitent ses silences. Elle nous interpelle et nous interroge sur ce qui nous forge et sur ce qui enjolive notre quotidien. L’interprète nous sonde d’un regard généreux, les prunelles étincelantes. Elle incarne à merveille le rôle d’une dame aimante qui ressasse ses plus précieux souvenirs de jeunesse. Les albums photo de Bérangère contiennent de remarquables sculptures en papier. La comédienne fait danser leurs ombres sur les murs, mais la manipulation s’avère de trop courte durée pour être justement contemplée.
Aménagée dans l’exceptionnel autobus jaune d’Ubus Théâtre, la maison de Bérangère constitue le point culminant de l’expérience sensorielle que procure Le Pommetier. C’est également là où converge toute l’imagerie poétique du spectacle. De multiples éléments de la scénographie prennent vie sous nos yeux, comme la fourmi qui parcourt le plafond et l’oiseau de Bérangère qui n’arrive plus à chanter. Pendant que jouent de vieux airs à la radio, une délicieuse odeur de confiture de framboises emplit la demeure de Bérangère. Chez elle, les marguerites fleurissent des théières et les nuages émergent des tiroirs. Une esthétique ravissante, qui nous transporte loin de nos tumultes intérieurs.
Le Pommetier
Texte et idée originale : Agnès Zacharie. Mise en scène : Martin Genest. Conception des marionnettes et des objets : Pierre Robitaille. Scénographie : Annabelle Roy et Hugues Bernatchez. Costumes : Annabelle Roy. Musique et environnement sonore : Josué Beaucage. Régie, conception lumière et vidéo : Henri-Louis Chalem. Conseillers dramaturgiques : Josée Campanale et Gérard Bibeau. Avec Agnès Zacharie et Pierre Robitaille. Une production de Ubus Théâtre en collaboration avec Pupulus Mordicus, présentée au théâtre Périscope jusqu’au 10 octobre.