Critiques

Haut du Lac : Une identité à rapailler

Pour la rentrée d’automne, Premier Acte avait déjà mis au programme ce balado en trois épisodes. Diffusé à CKRL-FM, radio communautaire de Québec, ce projet arrive à point nommé au moment où les théâtres, revivant un éternel jour de la marmotte, doivent encore tirer le rideau.

Avant de partir à Québec pour y poursuivre leurs études, les deux amis Jo et David s’offrent un road trip vers Alma. Le premier veut y rencontrer son cousin pour clarifier la révélation qu’a fait sa grand-mère sur son lit de mort à propos de leurs racines autochtones. Mais ce n’est pas tant sa filiation innue qui l’intéresse que les avantages que lui procurerait sa carte de métis. Motivation plutôt superficielle, comme le souligne l’auteur lui-même, Vincent Nolin-Bouchard, surtout dans le contexte de la crise actuelle liée au racisme systémique.

Haut du Lac raconte une histoire toute simple axée sur deux questions essentielles qui viendront hanter Jo lors de ce voyage initiatique : Est-il « un gars du Lac », avec la part de virilité que cela implique, ou le futur amant que David voit en lui ? Et que faire avec ce sang autochtone qu’il découvre maintenant dans ses veines ? La rencontre avec Gamache, venu les dépanner sur une route sauvage, s’avère déterminante. Ce personnage innu surgi de nulle part agit comme un révélateur sur l’inconsistant jeune homme. Ce qui conduira à une salutaire confrontation avec son ami.

Pour son premier texte produit, Vincent Nolin-Bouchard offre ici un radio-théâtre que la trame sonore nous permet de visualiser sans peine. Nous voyons bien la dérive des jeunes hommes sur la route forestière, aussi bien que dans la maison de Gamache avec ses souvenirs ou encore dans leur marche nocturne.

Dans ce court texte (trois fois dix minutes), l’auteur souligne subtilement le contraste entre le regard cynique que David porte sur Jo et la calme sagesse de leur sauveteur. Coincé entre le racisme de l’un et la profondeur rassurante de l’autre, Jo doit partir à la recherche de son identité. Les trois balados nous laissent cependant sur notre faim, comme si tout cela n’était que le prologue d’une pièce à venir. Le quatrième balado mystère disponible aux auditeurs et auditrices qui possèdent une carte privilège du Théâtre Premier Acte offrira sans doute une conclusion plus étoffée. Le décor est planté, reste maintenant à descendre en soi.

Haut du Lac

Texte de Vincent Nolin-Bouchard. Script édition : Élisabeth Baril-Lessard. Mise en scène et réalisation : Lucie M. Constantineau. Interprétation : Samuel Corbeil, Vincent Nolin-Bouchard et Marco Poulin. Composition musicale : Sarah-Anne Arseneault et Dillon Hatcher. Montage sonore : Yves Dubois. Une production du Théâtre pour ne pas être tout seul et du Théâtre Premier Acte diffusée en trois épisodes à CKRL, 89,1, à l’émission Les Enfants du paradis, à 17 h 45, les 5, 12 et 19 octobre, puis disponible sur les grandes plateformes de baladodiffusion au lendemain de la diffusion radio.