Au théâtre, la parole est sacrée, consacrée à dire quelque chose qui ne puisse se dire ailleurs ou autrement. Exilé·es des scènes et des mondes de palabres, nous nous retranchons dans les mots en réseaux sociaux et nous croyons exister pareil, malgré tout. Pour une défense des arts vivants quand la télévision guette.
L’échec de la parole, la communication
Il faut d’abord constater un échec de la parole. Et pour les artistes de théâtre que nous sommes, c’est un comble ; c’est la plus lamentable et la plus honteuse défaite. Nous sommes venu·es au monde pour dire qui nous sommes sur la scène, dans la lumière crue – et la parole (parfois osée en dialogue) est notre ultime légitime défense. Cette parole sacrée est profanée, parce qu’elle est utilisée. Par nous en premier, nous les artistes qui nous trahissons multimedia pour porter une parole qui n’a plus rien à voir avec ce que nous sommes quand nous parlons au théâtre. Désormais, nous communiquons. Comme de bon·nes humain·es de notre temps. Nous communiquons pour dire que nous sommes là. Nous espérons gagner quelque chose en échange ; mais nous ne savons pas encore ce que nous sommes en train de perdre dans la déloyale bataille. Nous essayons d’être drôles, émouvant·es, perspicaces, cyniques, mais nous ne faisons que communiquer une petite lâcheté de plus.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
« Quel est le rapport de l’œuvre d’art avec la communication ? Aucun. Aucun, l’œuvre d’art n’est pas un instrument de communication. L’œuvre d’art n’a rien à faire avec la communication. L’œuvre d’art ne contient strictement pas la moindre information. En revanche, en revanche il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance. Alors là, oui. Elle a quelque chose à faire avec l’information et la communication, oui, à titre d’acte de résistance ; quel est ce rapport mystérieux entre une œuvre d’art et un acte de résistance ? » (Gilles Deleuze, « Qu’est-ce que l’acte de création ? », conférence donnée dans le cadre des mardis de la fondation Femis, le 17 mai 1987.)
Cette communication passe par les canaux les plus dégueulasses qui soient, ceux qui brassent la merde avec la merde et les bons sentiments avec les encore-plus-bons-sentiments. Mais là encore, si c’était tout ce ne serait rien, ou si peu. On peut discuter dans les pissotières et que ce soit beau ce qu’on s’y dit. Le problème est quand on se plaît à rester dans les pissotières. Tout ce qui se trame : des mots traînés et des « ami.es » à se comparer le stylo. Les réseaux sociaux portent doublement mal leur nom : ils n’ont rien de social et rien de réseaux. Ils sont des dédales individuels où chacun·e se perd au milieu de tous ; la plus grande perte étant la parole.
Une catharsis à moindre frais
Il faut résister à un autre détournement, à un autre pillage, celui de la parole performative (je dis et cela est). Un pillage par le saint Livre des Visages, Facebook, cet espace étrange où dire, c’est faire ; et où faire, c’est avoir été. Mais dans un sens pervers. Il y avait un lieu où dire, c’est faire ; et où faire, c’est avoir été. C’est le théâtre. C’est au théâtre. Alors que ces réseaux absorbent avec boulimie les mots et les dispersent à des vitesses vertigineuses dans certaines pissotières, exactement organisées, le public embarque dans la grande crainte boalienne de la catharsis : se purger de ses colères et n’avoir plus rien à dire, à faire, n’avoir nulle part où aller, plus le goût de parler. Le réseau social est passé par là et ça va mieux, allez, ça va mieux aller. Nous, les artistes, devrions savoir cela mieux que personne et, pourtant, nous sommes les premiers et les premières à nous laisser diluer dans le spectacle de nos paroles échangées et évacuées. Une pissotière. On ne parle plus, on s’échange des informations. On deal du contenu qu’on se refile et qu’on voit défiler. Tout ça se dépose dans le nuage cosmique et on ne se souvient plus bien si on a pensé quelque chose ou si c’était juste un bip sonore.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
Prendre les armes
Il faut prendre les armes, c’est-à-dire les mots. Des mots, des armes, c’est pareil. Reprendre les mots et reprendre les âmes. Et reprendre le théâtre. Et reprendre notre place. Notre place qui est la place publique. Que l’art soit politique radicalement, c’est-à-dire originellement et géographiquement. Il faut se battre contre ceux et celles, en face, qui se jouent de nous et qui n’ont aucun problème pour sortir les armes de leur bord.
Notre premier ministre François Legault, en conférence de presse (le mardi 23 février 2021), avance encore les deux mêmes arguments contre la réouverture des théâtres :
- « [Les propriétaires et les directeurs de théâtre] nous ont dit : ʺNous, on aimerait mieux avoir quelques semaines de plus parce que (…) ça nous prend un certain temps pour nous préparerʺ » et
- « C’est pas évident d’être rentables. »
Ce sont les mêmes arguments économiques et absurdement économiques. Une économie de boutiquier. Des arguments de banquier, pas de premier ministre. Il faudra reparler de l’économie, de ce que veut dire l’économie, se souvenir que l’économie n’est jamais qu’un argument partisan et, pour le dire avec Marx et Engels : « Si maintenant nous disons : c’est injuste, cela ne doit pas être, l’économie n’en a absolument rien à faire. » (Frierich Engels, Préface à la première édition allemande de Misère de la philosophie de Karl Marx, Éditions sociales.) Et c’est un peu de notre faute s’il les avance aujourd’hui, ces arguments. Nous avons tendu le bâton pour nous faire battre, comme on dit. Nous avons avancé les premiers et les premières une stratégie qui nous mettait dans la position de l’irréductible perdant·e. Nous avons mal engagé le combat. Il faut avancer à nouveau. Il faut repositionner nos troupes. Nous ne pouvons pas nous retrancher derrière la patience passive de celles et de ceux qui n’ouvrent la bouche que pour dire « merci, monsieur ». L’Union des Artistes, par la bouche de sa présidente, se positionne : « On suit le plan du gouvernement et de la santé publique. » (Ici Première, Pénélope, le 17 février 2021.) Quel est le plan du gouvernement si ce n’est, au bout d’un an, de se trahir en conférence de presse en lançant que « c’est pas évident d’être rentables » ? Les théâtres ne sont pas des PME. De même que les théâtres ne sont pas une négociable distraction pour la semaine de relâche. De même que les arts ne doivent pas souffrir l’approbation d’un gouvernement pour exister.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
Stratégie : politiser le débat
Comment voyons-nous notre action ? Comment nous sortir des pissotières ? Comment retrouver une parole théâtrale, c’est-à-dire une parole révolutionnaire ? Comment placer l’art au centre de la cité ? Comment nous purger de la catharsis elle-même, qui nous rend aussi pâles que les bonshommes jaunâtres que l’on se jette à la gueule ? Comment faire du théâtre – dans cette crise – comme Boal l’appelle, quand il dit que « le théâtre ne remplace pas l’action réelle. Mais il peut aider à la rendre plus efficace. Le théâtre n’est pas supérieur à l’action. C’est une phase préliminaire » ? (Augusto Boal, Théâtre de l’Opprimé, Pais, François Maspero, 1977). Comment faire du théâtre un présent à toute épreuve et non un point à l’horizon, dessiné par un gouvernement qui se fout pas mal de l’atteindre un jour ? Comment faire du théâtre le théâtre, le lieu où se représente un monde, le monde, notre monde ?
Il faut politiser le débat. Faire de la politique dans la mesure où nous pensons la politique comme une « intervention dans des rapports en vue d’établir leur modification ». (Olivier Neveux, « L’hypothèse d’un spectateur (Théâtre et politique) / A hipótese de um espectador (Teatro e Política) », colloque international Cinéma, Estética e Politica (responsable : C. Migliorin), Universidad Federal Fluminense, Niteroi, Brésil, 4 avril 2014.) Il faut prendre parti. Il faut prendre parti et assumer notre rôle. Non, tout n’est pas fait dans l’intérêt de tout le monde. Oui, il y a des idéologies ; il n’y a que ça. Oui, on nous a déclaré une guerre. Oui, il faut répondre, répliquer. Ou démissionner et ne plus jamais parler, alors.
Il faut prendre la rue. Déjà. La moindre des choses. Se faire autorité. Nous pouvons jouer dans la rue et hausser la voix. Que le théâtre assume sa place dans la cité. Qu’il ne soit pas le lieu fermé des frustrations timides. Mais qu’il soit mégaphone ! Qu’il soit quatrième mur : ce mur qui ne sépare pas mais qui rejoint. Que le théâtre soit cette politique appelée par Olivier Neveux : celle qui « s’indexe aux contraintes de la réalité et se cabre à ses impératifs. À ce titre, elle est le nom de la création de rapports qui tentent de s’extraire, partiellement, de ceux qui règnent. Elle parie. Elle divise. Elle relance. » (Olivier Neveux, Contre le théâtre politique, Paris, La Fabrique, 2019.)
Il faut résister.
Il faut parler une langue qui ne demande pas d’autorisation.
Il faut investir les lieux de la politique.
Il faut débattre, il faut se battre.
Il faut reconnaître nos ennemi·es.
Il faut reconnaître la puissance de nos armes.
Il faut prendre la rue et remettre le théâtre au centre de la cité.
Nous, artistes des arts vivants, touché·es complètement et durablement par les mesures sanitaires du gouvernement, lançons un appel à tous ceux et celles qui se sentent concerné·es par cette destruction des lieux de société et par cette négation de toute politique.
Depuis le début de l’épidémie, les arts vivants ont été laissés de côté, et rien n’a été imaginé concrètement pour penser l’art et la culture en temps de crise. Il n’est plus question de la pandémie, il n’est plus seulement question des arts vivants : c’est une manière de vivre et d’exister qui est remise en cause.
Nous appelons à nous rassembler ce vendredi 26 février 2021, à 15 h, devant le bureau du premier ministre, au 770, rue Sherbrooke Ouest, à Montréal. Apportez votre pop-corn !
Au théâtre, la parole est sacrée, consacrée à dire quelque chose qui ne puisse se dire ailleurs ou autrement. Exilé·es des scènes et des mondes de palabres, nous nous retranchons dans les mots en réseaux sociaux et nous croyons exister pareil, malgré tout. Pour une défense des arts vivants quand la télévision guette.
L’échec de la parole, la communication
Il faut d’abord constater un échec de la parole. Et pour les artistes de théâtre que nous sommes, c’est un comble ; c’est la plus lamentable et la plus honteuse défaite. Nous sommes venu·es au monde pour dire qui nous sommes sur la scène, dans la lumière crue – et la parole (parfois osée en dialogue) est notre ultime légitime défense. Cette parole sacrée est profanée, parce qu’elle est utilisée. Par nous en premier, nous les artistes qui nous trahissons multimedia pour porter une parole qui n’a plus rien à voir avec ce que nous sommes quand nous parlons au théâtre. Désormais, nous communiquons. Comme de bon·nes humain·es de notre temps. Nous communiquons pour dire que nous sommes là. Nous espérons gagner quelque chose en échange ; mais nous ne savons pas encore ce que nous sommes en train de perdre dans la déloyale bataille. Nous essayons d’être drôles, émouvant·es, perspicaces, cyniques, mais nous ne faisons que communiquer une petite lâcheté de plus.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
« Quel est le rapport de l’œuvre d’art avec la communication ? Aucun. Aucun, l’œuvre d’art n’est pas un instrument de communication. L’œuvre d’art n’a rien à faire avec la communication. L’œuvre d’art ne contient strictement pas la moindre information. En revanche, en revanche il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance. Alors là, oui. Elle a quelque chose à faire avec l’information et la communication, oui, à titre d’acte de résistance ; quel est ce rapport mystérieux entre une œuvre d’art et un acte de résistance ? » (Gilles Deleuze, « Qu’est-ce que l’acte de création ? », conférence donnée dans le cadre des mardis de la fondation Femis, le 17 mai 1987.)
Cette communication passe par les canaux les plus dégueulasses qui soient, ceux qui brassent la merde avec la merde et les bons sentiments avec les encore-plus-bons-sentiments. Mais là encore, si c’était tout ce ne serait rien, ou si peu. On peut discuter dans les pissotières et que ce soit beau ce qu’on s’y dit. Le problème est quand on se plaît à rester dans les pissotières. Tout ce qui se trame : des mots traînés et des « ami.es » à se comparer le stylo. Les réseaux sociaux portent doublement mal leur nom : ils n’ont rien de social et rien de réseaux. Ils sont des dédales individuels où chacun·e se perd au milieu de tous ; la plus grande perte étant la parole.
Une catharsis à moindre frais
Il faut résister à un autre détournement, à un autre pillage, celui de la parole performative (je dis et cela est). Un pillage par le saint Livre des Visages, Facebook, cet espace étrange où dire, c’est faire ; et où faire, c’est avoir été. Mais dans un sens pervers. Il y avait un lieu où dire, c’est faire ; et où faire, c’est avoir été. C’est le théâtre. C’est au théâtre. Alors que ces réseaux absorbent avec boulimie les mots et les dispersent à des vitesses vertigineuses dans certaines pissotières, exactement organisées, le public embarque dans la grande crainte boalienne de la catharsis : se purger de ses colères et n’avoir plus rien à dire, à faire, n’avoir nulle part où aller, plus le goût de parler. Le réseau social est passé par là et ça va mieux, allez, ça va mieux aller. Nous, les artistes, devrions savoir cela mieux que personne et, pourtant, nous sommes les premiers et les premières à nous laisser diluer dans le spectacle de nos paroles échangées et évacuées. Une pissotière. On ne parle plus, on s’échange des informations. On deal du contenu qu’on se refile et qu’on voit défiler. Tout ça se dépose dans le nuage cosmique et on ne se souvient plus bien si on a pensé quelque chose ou si c’était juste un bip sonore.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
Prendre les armes
Il faut prendre les armes, c’est-à-dire les mots. Des mots, des armes, c’est pareil. Reprendre les mots et reprendre les âmes. Et reprendre le théâtre. Et reprendre notre place. Notre place qui est la place publique. Que l’art soit politique radicalement, c’est-à-dire originellement et géographiquement. Il faut se battre contre ceux et celles, en face, qui se jouent de nous et qui n’ont aucun problème pour sortir les armes de leur bord.
Notre premier ministre François Legault, en conférence de presse (le mardi 23 février 2021), avance encore les deux mêmes arguments contre la réouverture des théâtres :
Ce sont les mêmes arguments économiques et absurdement économiques. Une économie de boutiquier. Des arguments de banquier, pas de premier ministre. Il faudra reparler de l’économie, de ce que veut dire l’économie, se souvenir que l’économie n’est jamais qu’un argument partisan et, pour le dire avec Marx et Engels : « Si maintenant nous disons : c’est injuste, cela ne doit pas être, l’économie n’en a absolument rien à faire. » (Frierich Engels, Préface à la première édition allemande de Misère de la philosophie de Karl Marx, Éditions sociales.) Et c’est un peu de notre faute s’il les avance aujourd’hui, ces arguments. Nous avons tendu le bâton pour nous faire battre, comme on dit. Nous avons avancé les premiers et les premières une stratégie qui nous mettait dans la position de l’irréductible perdant·e. Nous avons mal engagé le combat. Il faut avancer à nouveau. Il faut repositionner nos troupes. Nous ne pouvons pas nous retrancher derrière la patience passive de celles et de ceux qui n’ouvrent la bouche que pour dire « merci, monsieur ». L’Union des Artistes, par la bouche de sa présidente, se positionne : « On suit le plan du gouvernement et de la santé publique. » (Ici Première, Pénélope, le 17 février 2021.) Quel est le plan du gouvernement si ce n’est, au bout d’un an, de se trahir en conférence de presse en lançant que « c’est pas évident d’être rentables » ? Les théâtres ne sont pas des PME. De même que les théâtres ne sont pas une négociable distraction pour la semaine de relâche. De même que les arts ne doivent pas souffrir l’approbation d’un gouvernement pour exister.
Manifestation des artistes devant la Place des Arts, 7 février 2021. © Taher Gargouri
Stratégie : politiser le débat
Comment voyons-nous notre action ? Comment nous sortir des pissotières ? Comment retrouver une parole théâtrale, c’est-à-dire une parole révolutionnaire ? Comment placer l’art au centre de la cité ? Comment nous purger de la catharsis elle-même, qui nous rend aussi pâles que les bonshommes jaunâtres que l’on se jette à la gueule ? Comment faire du théâtre – dans cette crise – comme Boal l’appelle, quand il dit que « le théâtre ne remplace pas l’action réelle. Mais il peut aider à la rendre plus efficace. Le théâtre n’est pas supérieur à l’action. C’est une phase préliminaire » ? (Augusto Boal, Théâtre de l’Opprimé, Pais, François Maspero, 1977). Comment faire du théâtre un présent à toute épreuve et non un point à l’horizon, dessiné par un gouvernement qui se fout pas mal de l’atteindre un jour ? Comment faire du théâtre le théâtre, le lieu où se représente un monde, le monde, notre monde ?
Il faut politiser le débat. Faire de la politique dans la mesure où nous pensons la politique comme une « intervention dans des rapports en vue d’établir leur modification ». (Olivier Neveux, « L’hypothèse d’un spectateur (Théâtre et politique) / A hipótese de um espectador (Teatro e Política) », colloque international Cinéma, Estética e Politica (responsable : C. Migliorin), Universidad Federal Fluminense, Niteroi, Brésil, 4 avril 2014.) Il faut prendre parti. Il faut prendre parti et assumer notre rôle. Non, tout n’est pas fait dans l’intérêt de tout le monde. Oui, il y a des idéologies ; il n’y a que ça. Oui, on nous a déclaré une guerre. Oui, il faut répondre, répliquer. Ou démissionner et ne plus jamais parler, alors.
Il faut prendre la rue. Déjà. La moindre des choses. Se faire autorité. Nous pouvons jouer dans la rue et hausser la voix. Que le théâtre assume sa place dans la cité. Qu’il ne soit pas le lieu fermé des frustrations timides. Mais qu’il soit mégaphone ! Qu’il soit quatrième mur : ce mur qui ne sépare pas mais qui rejoint. Que le théâtre soit cette politique appelée par Olivier Neveux : celle qui « s’indexe aux contraintes de la réalité et se cabre à ses impératifs. À ce titre, elle est le nom de la création de rapports qui tentent de s’extraire, partiellement, de ceux qui règnent. Elle parie. Elle divise. Elle relance. » (Olivier Neveux, Contre le théâtre politique, Paris, La Fabrique, 2019.)
Il faut résister.
Il faut parler une langue qui ne demande pas d’autorisation.
Il faut investir les lieux de la politique.
Il faut débattre, il faut se battre.
Il faut reconnaître nos ennemi·es.
Il faut reconnaître la puissance de nos armes.
Il faut prendre la rue et remettre le théâtre au centre de la cité.
Nous, artistes des arts vivants, touché·es complètement et durablement par les mesures sanitaires du gouvernement, lançons un appel à tous ceux et celles qui se sentent concerné·es par cette destruction des lieux de société et par cette négation de toute politique.
Depuis le début de l’épidémie, les arts vivants ont été laissés de côté, et rien n’a été imaginé concrètement pour penser l’art et la culture en temps de crise. Il n’est plus question de la pandémie, il n’est plus seulement question des arts vivants : c’est une manière de vivre et d’exister qui est remise en cause.
Nous appelons à nous rassembler ce vendredi 26 février 2021, à 15 h, devant le bureau du premier ministre, au 770, rue Sherbrooke Ouest, à Montréal. Apportez votre pop-corn !